Paul Lignières, ancien avocat, vice-recteur de la Catho à Paris, a écrit quelques tweets pour justifier l’inaction judiciaire des évêques devant le Conseil d’Etat. Tweets partagés, encensés par des éminentes personnalités comme Isabelle de Gaulmyn, directeur de la publication de La Croix, ou encore Mgr Malle, évêque de Gap. Il écrit notamment cette phrase sublime :
Personnellement, je pense qu’il aurait été risqué d’exposer la représentation “officielle” de l’Église en première ligne dans un tel combat et qu’il a donc été sage de ne s’exposer de cette façon-là.
Il a été aussitôt repris par un prêtre, qui a rétorqué :
Personnellement, je pense qu’il aurait été risqué que le Christ s’expose en première ligne devant les grands prêtres et Pilate et qu’Il a donc été sage de sa part de ne pas affronter un tel combat et une possible condamnation à mort.
Quelques instants plus tard, le dénommé Lignières a bloqué la visibilité de ses tweets pour ce prêtre… Cela résumé assez parfaitement la situation de l’Eglise qui est en France : un dialogue mondain, c’est-à-dire réservé à qui a un certain pouvoir, un mépris pour les autres, une pusillanimité dans l’action et un manque de foi terrible.
Dans une tribune publiée dans Valeurs Actuelles, un prêtre estime que l’épiscopat est devenu un syndic de faillite :
Car c’est bien de cela qu’il s’agit : en ne voulant pas envisager que les fidèles ont des droits qu’il appartient aux pasteurs de défendre, ne voulant pas plus envisager que Dieu a le droit d’être publiquement honoré et adoré, et que, là-aussi, c’est normalement entre les mains des évêques qu’a été remise la responsabilité ordinaire de le défendre, ces derniers, après la décision du Conseil d’Etat, apparaissent tels qu’ils sont : inexistants, inconsistants, pusillanimes. Le 27 mars 1908, Maurras achevait sa chronique politique dans le journal L’Action française par ces mots : « La devise de notre Action française est d’agir, d’avancer, de manifester par tous les moyens, même légaux. » Point besoin d’être maurrassien pour s’approprier cette idée : tous les moyens licites doivent être mis en œuvre pour obtenir la victoire. Comment prétendre l’obtenir si l’on n’essaie même pas !?
Et savez-vous ce qu’ont reproché (encore sur twitter) les clercs qui ont lu cette tribune ? Que son auteur soit anonyme. Evidemment, c’est plus difficile pour déclencher les foudres épiscopales contre lui. Car des foudres épiscopales, il y a en a. Des évêques qui aboient, nous en connaissons. Mais ils n’aboient pas contre le gouvernement ni les grands de ce monde. Non : ils aboient contre leurs prêtres, à qui ils interdisent formellement d’aller célébrer des messes à domicile, en comité restreint, ou de distribuer la Sainte Eucharistie. C’est certainement cela le plus terrible dans cette affaire.