Hallucinante lettre des vicaires généraux du diocèse du Mans, les abbés Paul-Antoine Drouin et Grégoire Cador, adressée aux prêtres du diocèse. Tels des préfets, les autorités diocésaines se font les petits fonctionnaires des décisions de la République en ce qui concerne la vie liturgique, et non plus des ministres au service des fidèles ! Il y a là une grave confusion entre les rôles du temporel et du spirituel, d’autant plus grave qu’elle risque de faire jurisprudence à l’avenir. Dans un texte récent, le cardinal Müller a dénoncé
La suspension des messes avec le peuple est une abdication de son devoir propre, c’est la réduction de l’Église à la dépendance de l’État. C’est inacceptable
Mais dans le diocèse du Mans, les fidèles sont durablement privés du sacrement de l’eucharistie :
Pour éviter les risques de privatisation de l’Eucharistie, ou de favoritisme face à un trop grand nombre de demandes impossibles à honorer par les prêtres, la messe ne sera pas célébrée à domicile, où la conservation du Saint-Sacrement demeure par ailleurs interdite sans accord exprès de l’évêque, conformément aux normes ordinaires en vigueur.
Il va se reproduire la même chose que lors de l’abandon de la soutane ou de l’institution de la messe anticipée du dimanche, dans les années 60-70 : si on peut se passer de tout cela (si le prêtre n’est plus une personne sacrée de par son ordination, si on peut aller à la messe le samedi soir sans nécessité, afin d’être tranquille le dimanche, ce qui avait vidé les églises), alors c’est que ce n’est pas si important.
Il n’est pas certain que les fidèles privés de la communion durant maintenant plusieurs mois, ainsi que de l’assistance à la messe, y retournent à l’issue du confinement, lequel est prévu pour le 2 juin, peut-être quelques jours avant, ou peut-être plus tard, selon la volonté des autorités politiques, qui pourraient aussi y mettre des considérations drastiques, empêchant une reprise normal des célébrations avant plusieurs mois. Pour ne pas dire jamais. En effet, au nom de cet état d’urgence désormais perpétuel, il sera loisible à l’autorité, que les vicaires qualifient de “légitime” (pour l’exercice du culte !), de conditionner les célébrations publiques. Bref, il n’est pas certain qu’une certaine majorité de fidèles catholiques retournent demain à la messe… (si on peut continuer à la suivre sur les réseaux sociaux, que la liturgie domestique est quelque chose d’aussi formidable que le déclarent les clercs,…, alors pourquoi se déplacer le dimanche matin ?).
Bien heureusement, un nombre certain de prêtres, y compris dans ce diocèse, sont outrés par ce type de décision. Ce cléricalisme insupportable de clercs devenus fonctionnaires du culte est une douloureuse privation de la vie de la foi pour les fidèles catholiques.
Voici l’intégralité de cette lettre :