Ecoutons donc Dom Guéranger nous aider à préparer la Vigile Pascale :
Le soleil descend à l’horizon, et bientôt il aura cédé la place aux ombres de la nuit. La sainte Église a préparé, pour luire avec éclat durant la longue Veille qui déjà commence, un flambeau supérieur en poids et en grosseur à tous ceux que l’on allume dans les autres solennités. Ce flambeau est unique ; il a la forme d’une colonne ; et il est appelé à représenter le Christ. Avant qu’il ait été allumé, son type est dans la colonne de nuée qui couvrit le départ des Hébreux, au sortir de l’Égypte ; sous cette première forme, il figure le Christ dans le tombeau, inanimé, sans vie. Lorsqu’il aura reçu la flamme, nous verrons en lui la colonne de feu qui éclaire les pas du peuple saint ; et aussi la figure du Christ tout radieux des splendeurs de sa résurrection. La majesté de ce symbole est si grande, que la sainte Église emploie toutes les magnificences de son langage inspire, pour exciter à son endroit l’enthousiasme des fidèles. Dès le commencement du V° siècle, on voit le Pape saint Zozime étendre à toutes les églises de la ville de Rome le privilège de bénir aujourd’hui ce Cierge, bien que le baptême ne tût conféré qu’au seul Baptistère du Latran. Le but de cette concession était de mettre tous les fidèles à portée de jouir des saintes impressions que ce grand rite est appelé à produire. C’est dans la même intention que la cérémonie du Cierge pascal peut s’accomplir aujourd’hui dans toutes les églises, même dans celles qui ne possèdent pas de fonts baptismaux.
L’annonce de la Pâque retentit au milieu des éloges que le Diacre prodiguée ce Cierge glorieux; et c’est en célébrant le divin flambeau dont celui-ci est l’emblème, qu’il remplit sa noble fonction de héraut de la Résurrection de l’Homme-Dieu. Seul vêtu de blanc, à cette heure où le Pontife lui-même porte encore les couleurs du deuil quadragésimal, il fait éclater sa voix dans la bénédiction du Cierge, avec une liberté qui d’ordinaire n’est pas accordée au Diacre en présence du Prêtre, et moins encore de l’Évêque. Les interprètes de la sainte Liturgie nous enseignent que le Diacre représente en ce moment Madeleine et les autres saintes femmes qui eurent l’honneur d’être initiées les premières par le Christ lui-même au mystère de sa résurrection, et lurent chargées par lui, malgré l’infériorité de leur sexe, d’annoncer aux Apôtres qu’il était sorti du tombeau, et qu’il les précéderait en Galilée.