Dans le bulletin 127 de A Crucetta de Mars-Avril 2020, l’abbé Hervé Mercury nous invite à faire une sainte quarantaine :
Citant saint Paul (2 Cor. 6, 2), la liturgie présente le Carême comme un temps favorable, comme le jour du salut. Il s’agit pourtant d’une période de pénitence.
L’Eglise y prévoit d’ailleurs quelques restrictions corporelles. Il ne conviendrait pas de les négliger. Le corps intervient souvent dans nos actes peccamineux. Il est donc raisonnable qu’il participe à toute démarche de repentir. Nier l’utilité du jeûne ou des privations corporelles, c’est oublier que nous ne sommes pas seulement esprit. La preuve de notre humble condition est qu’il faudra un jour retourner à la poussière, d’où nous avons été tirés.
La pénitence consiste à se réconcilier avec Dieu, dans notre corps pour qu’il soit purifié et dans notre esprit pour qu’il soit renouvelé. Juste avant le passage déjà cité, l’Apôtre des Gentils déclarait : « Nous vous en supplions au nom du Christ : laissez-vous réconcilier avec Dieu » (2 Cor. 5, 20).
Cette réconciliation souhaitée suppose un certain temps, non pas seulement l’instant d’une confession, mais le délai nécessaire au repentir et à la contrition. Ici, la notion de temps est importante. Nous nous sommes éloignés pendant toute une période, nous avons perdu notre temps, nous l’avons gaspillé loin de Dieu ; maintenant, il nous faut le racheter.
C’est une manière de reprendre la main sur le passé. Certes, nous ne pouvons pas le réécrire. Cependant, nous pouvons faire en sorte, par l’intervention miséricordieuse du Dieu éternel, qu’il ne produise pas à l’avenir les fruits mortifères de nos mauvaises habitudes, mais qu’il nous obtienne, par un renouvellement salutaire, les bénéfices de la pénitence. Celle-ci est vraiment le moyen de gommer les conséquences désastreuses de nos péchés, en évitant qu’ils ne s’enracinent un peu plus dans de mauvaises inclinations.
Nous ne connaissons que trop leur poids. Les criminels les accusent quand ils disent avoir cédé à leurs pulsions. Combien de fois nous laissons-nous nous mêmes emporter par le flot de nos instincts et de nos passions désordonnés, dissipant sans compter le temps qui nous est imparti ? Dans la perspective qui introduit un peu d’éternité dans ce temps de notre histoire, il est donc vrai que chaque jour de Carême est une occasion de salut.