Dans la lettre aux amis et bienfaiteurs de la Fraternité Saint-Pie X (n°89), l’abbé Pagliarani évoque deux anniversaires : celui des 50 ans de la fondation de la Fraternité Saint-Pie X par Mgr Lefebvre et celui de la nouvelle messe promulguée en 1969 :
Mais alors, que devons-nous faire en 2020 pour garder l’esprit de la Croix et un amour inconditionnel envers l’Eucharistie ? Car, tôt ou tard, la même tentation qui poussa les Juifs à s’éloigner de Notre-Seigneur, va nous atteindre par d’autres biais et Notre-Seigneur nous interrogera comme il a interrogé les Apôtres : « Et vous, est-ce que vous voulez aussi vous en aller ? » (Jn 6, 68) Comment pouvons-nous être toujours prêts à répondre comme saint Pierre : « Seigneur, à qui irions-nous ? Vous avez les paroles de la vie éternelle. Et nous, nous avons cru et nous avons connu que Vous êtes le Christ, le Fils de Dieu. » (Jn 6, 69-70) ?
La réponse à cette question primordiale se trouve dans la vraie participation au sacrifice de la Messe et dans une vie vraiment eucharistique. La sainte Messe renouvelle nos âmes dans la mesure où nous entrons dans le mystère de la Croix, où nous le faisons nôtre, non seulement en assistant à un rite exprimant notre foi dans le Sacrifice, mais en entrant nous-mêmes dans ce Sacrifice, de telle manière qu’il devienne parfaitement nôtre, tout en restant parfaitement celui de Notre-Seigneur. Pour y parvenir, pour s’offrir soi-même avec Notre-Seigneur, il est d’abord nécessaire d’accepter sincèrement la Croix, avec toutes ses conséquences. Il s’agit de nous détacher de tout pour être vraiment en mesure de tout offrir avec et par Notre-Seigneur : notre ego, notre volonté, notre cœur, nos aspirations, nos ambitions, nos affections, en un mot ce que nous sommes et ce que nous avons, et même nos frustrations.
Avec ces prédispositions, lorsque le Fils s’offre au Père, nous sommes aussi dans le Fils, car la Croix nous unit à lui et fusionne notre volonté avec la sienne. De cette façon, nous sommes prêts pour être offerts au Père avec lui. Nous ne pouvons pas nous offrir véritablement au Père si nous ne sommes pas un seul être avec le Christ. C’est seulement grâce à cette union à la divine Victime que l’offrande de nous-mêmes acquiert une grande valeur. Or cela peut se réaliser uniquement pendant et par la sainte Messe.
Et c’est après ce don total de nous-mêmes, renouvelé à chaque Messe, que nous sommes capables de recevoir le Tout en échange : c’est la sainte Eucharistie, fruit du Sacrifice, dans lequel le Fils s’offre et dans lequel nous nous offrons avec lui. L’Eucharistie nous purifie, augmente en nous le dégoût du monde et nous sanctifie ; cela pourvu qu’il n’y ait pas, de notre part, une résistance au dépouillement radical, qui est la condition préalable pour cette transformation. Voilà ce qu’est la sainte Messe et voilà pourquoi il faut redécouvrir chaque jour sa valeur. Après cinquante ans, il nous faut toujours plus redécouvrir la grandeur de la grâce que nous avons reçue et que nous continuons de recevoir par la sainte Messe de toujours.
Cela peut paraître paradoxal : d’un côté, la sainte Messe reste toujours pour nous l’objet d’un combat dans lequel nous ne pouvons pas épargner nos efforts ; de l’autre, la transformation qu’elle opère dans l’âme produit la paix ineffable dont seul Notre-Seigneur peut être l’auteur. En effet, celui qui reçoit Notre-Seigneur et qui vit en lui, perd peu à peu tout autre désir. Surtout, il n’a plus la crainte de perdre quoi que ce soit, y compris sa propre vie. Par conséquent, il n’y a plus rien, dans son âme, qui ne corresponde à la volonté de Dieu. Ainsi le malaise habituel, provenant de la lutte entre le vieil homme et l’homme nouveau, ne touche plus l’âme transformée par la Messe et l’Eucharistie. Cette âme vit en paix, pacifiée qu’elle est par la sainte Communion : « Je vous laisse ma paix, je vous donne ma paix, non comme le monde la donne » (Jn 14, 27).
La sainte Communion nous transforme aussi et surtout par l’union qu’elle établit avec Notre-Seigneur : de fait, toute sainteté et toute vie spirituelle se résument dans cette union intime avec lui, et tout ce qui ne vise pas cette union n’est que du verbiage. En définitive, c’est la seule chose qui lui importe et c’est la raison pour laquelle il a fondé son Eglise. Il n’attend qu’une chose : que cette union soit parfaite et impérissable dans l’éternité : « Père, je veux que, là où je suis, ceux que vous m’avez donnés y soient aussi avec moi, afin qu’ils voient ma gloire que vous m’avez donnée, parce que vous m’avez aimé avant la création du monde » (Jn 17, 24).
Par la sainte Eucharistie, il commence cette union et il prépare déjà l’éternité : en effet, l’Eucharistie est le gage de la vie éternelle et le moyen par lequel cette vie commence déjà ici-bas. Celui qui la reçoit avec les dispositions requises est bien conscient que dans la Communion se cache le germe de la vie éternelle. C’est la sainte Communion qui fait croître en nous la vertu d’espérance, car chaque Communion augmente en nous le désir de la vie éternelle et elle nous enracine chaque fois davantage dans le paradis. L’éternité est en effet une communion avec Notre-Seigneur qui ne prendra jamais fin, car il remplira nos âmes totalement et parfaitement, étant pour toujours tout en tous. L’éternité est une longue Pâque sans fin dans laquelle Notre-Seigneur manifestera de nouveau sa gloire, comme au jour de sa Résurrection, et il nous associera à sa joie et à sa gloire ; néanmoins cette association de nos âmes à sa joie et à sa gloire, actuellement cachées, commence déjà à travers notre union avec le Christ caché dans l’Eucharistie.
Il nous faut vivre de tout cela, il nous faut être imprégnés de cet amour pour la sainte Messe et pour la sainte Eucharistie, et il faut le transmettre aux autres, surtout aux plus jeunes, car ils se trouvent souvent devant le terrible choix entre Notre-Seigneur et le monde. On les prépare à choisir Notre-Seigneur dans la mesure où ils peuvent déceler chez leurs aînés cet amour inconditionnel de l’Eucharistie, qu’on ne peut transmettre avec une leçon de doctrine théorique, mais avec une vie vraiment chrétienne et complètement absorbée dans un tel idéal. La sainte Messe est beaucoup plus qu’un simple rite auquel nous sommes attachés, comme beaucoup de mécréants nous le reprochent. La sainte Messe est notre vie, car le Christ est notre vie. Nous attendons tout de lui et nous n’attendons rien en dehors de lui. Et tout ce que nous attendons de lui, nous sommes sûrs de le trouver chaque jour dans la sainte Eucharistie : « Je suis le Pain de vie ; celui qui vient à moi n’aura pas faim, et celui qui croit en moi n’aura jamais soif » (Jn 6, 35).
Voilà comment il faut sans cesse se ressourcer pour garder l’esprit de la Croix, qui est à la fois l’esprit de la pénitence et de la joie, de la mortification et de la vie, du mépris du monde et de l’amour de la sainte Eucharistie. Voilà comment nous devons préparer notre Pâque : celle que nous allons célébrer dans quelques semaines, mais aussi et surtout celle que nous célébrerons dans l’éternité.
L’Église, épouse immaculée de Jésus Christ, continue et renouvelle chaque jour, depuis le Jeudi Saint, le Sacrifice Unique, qui nous rouvre les portes du Ciel.
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Avec l’assistance du Saint Esprit, depuis deux millénaires, elle a gardé fermement tous les enseignements du Maître, oralement, et par écrit , ainsi que la sainte Liturgie, avec les paroles prononcées en secret et sur le mode impératif par Jésus agissant dans le prêtre, autre Christ..
Le saint Sacrifice de la Messe, et la défense du règne du Christ dans nos nations, nos sociétés, nos familles, sont les deux piliers de la résistance au Monde et à son orgueilleux Prince actuellement déchaîné.
La Fraternité Saint Pie X, et son vénérable fondateur, sont parmi ceux qui ont consolé, par anticipation, Notre Seigneur dans sa terrible Agonie au Jardin des Oliviers.