Nous avons quittons le temps de Noël pour commencer à nous préparer au temps du Carême. Ce temps liturgique, d’une durée totale de trois semaines, est ouvert par le dimanche de la Septuagésime, neuvième dimanche avant Pâques, suivi des dimanches de la Sexagésime et de la Quinquagésime (encore nommé dimanche gras). L’entrée dans le Carême, avec la Quadragésime, premier dimanche de Carême, ferme cette période. “Symboliquement, ces 70 jours correspondent aux 70 ans de la captivité de Babylone. En effet, dans le symbolisme biblique et liturgique, Babylone représente la cité terrestre corrompue, qui s’oppose à Jérusalem, la cité de Dieu. La captivité de Babylone symbolise donc le temps des épreuves, des difficultés, de la lutte contre la tentation et le péché.
Le temps de la Septuagésime, introduction au Carême, fait donc méditer les chrétiens sur la lutte du Christ contre Satan pendant sa vie publique, sur la mission de l’Église dans le monde, et sur leur propre condition de pécheurs.
DIMANCHE DE LA SEPTUAGÉSIME
Dieu nous invite dans la vigne du royaume des cieux.Le martyrologe annonce aujourd’hui avec une insistance caractéristique : “ Le dimanche de la Septuagésime à partir duquel cesse la louange de Dieu par l’Alleluia. “Septuagésime (Soixante-dix). — Quelle que soit l’explication historique de cette relation, le nom rattache ce dimanche au point central de l’année liturgique, à Pâques. C’est donc le premier pas dans la préparation de Pâques. Au Moyen Age, on aimait les allégories et on songeait volontiers aux soixante-dix ans de la captivité de Babylone, dans laquelle on voyait un symbole de ce temps. Comme les Juifs, nous suspendons aux saules notre harpe de l’Alleluia, en songeant à Sion, c’est-à-dire à Pâques.Le cycle pascal pénètre plus profondément dans notre vie que le cycle de Noël. Il faut que nous. devenions des hommes nouveaux ; il faut qu’à Pâques nous soyons de nouveaux baptisés, que nous soyons une nouvelle créature. La journée d’aujourd’hui est l’aurore de ce grand jour de conversion. Nous pouvons pressentir, par conséquent, que l’Église nous donnera aujourd’hui un programme pour le temps qui vient. Elle nous propose cinq choses.a) Nous devons de nouveau reconnaître que nous sommes des pécheurs,. le premier point est donc d’avoir une conscience profonde de notre état de pécheurs. C’est pourquoi, dès que nous franchissons le seuil de la maison de Dieu, l’Église nous fait entonner ce chant saisissant : “ Je suis envahi par les gémissements de la mort, les douleurs de l’enfer m’ont envahi “ (Intr.). Quand nous ouvrons le bréviaire, il nous montre des images de la chute originelle. Cependant, il ne faut pas que l’espérance fasse défaut à notre conscience de pécheurs. “ Dans ma tribulation, j’ai crié vers le Seigneur et il m’a exaucé de son saint temple. “ Déjà, dans le lointain, nous voyons briller la lumière de Pâques.b) Le second point est l’invitation. Nous recevons l’invitation de Dieu. Dieu, le Père de famille et le Maître de la vigne, appelle les ouvriers et il les appelle à toute heure. Comme cela est consolant ! Il n’est jamais trop tard ; Dieu nous appelle à tout âge ; que nous soyons enfant, jeune homme ou jeune fille, homme ou femme, vieux ou vieille, nous sommes invités ; répondons donc à l’appel. Le dimanche que nous célébrons aujourd’hui est le grand jour d’enrôlement du Seigneur. Dieu, dans son amour, recherche l’âme humaine.c) Une tâche nous est prescrite. La vie chrétienne n’est pas une vie idyllique, une vie oisive ; c’est un rude labeur à la chaleur du jour, un dur combat dans l’arène. Pour nous montrer d’une manière vivante ce qui nous attend, l’Église nous conduit au tombeau du vaillant lutteur qu’est saint Laurent. Son combat pour le Christ, sur le gril du martyre, doit être notre idéal.d) Au combat est réservée la couronne de la victoire et le travail mérite un salaire. C’est le denier de la vie éternelle, la couronne impérissable du ciel. Si les enfants du siècle dépensent tant de fatigue pour obtenir une couronne périssable, que ne devons-nous pas faire pour mériter la couronne éternelle !e) Enfin, l’Église affiche un autre avis à l’entrée du temps pascal. Nous entrons maintenant dans la vie sacramentelle de l’Église. Le Baptême et l’Eucharistie sont au point central du cycle pascal. Malheur à nous si notre vie ne correspond pas à la volonté de Dieu ! Alors nous aurons le sort des Israélites dans le désert. Eux aussi reçurent un baptême et furent nourris d’une nourriture céleste, et cependant ils moururent et furent ensevelis dans le désert sans voir la terre promise. Telles sont les pensées principales du dimanche.