Le site du diocèse de Saint-Etienne a fait peau neuve. En même temps, Mgr Bataille, dans le cadre d’une démarche synodale du 1er mars 2020 et jusqu’à la Pentecôte 2021, fête du Jubilé, publie une lettre pastorale intitulée : Ensemble dans l’Esprit-Saint.
LA SYNODALITÉ ?
Il est beaucoup question de synodalité dans l’Église aujourd’hui, dans la dynamique du Concile Vatican II, même si le mot n’y figure pas. Le pape François n’hésite pas à dire que « le chemin de la synodalité est le chemin que Dieu attend de l’Eglise du III° millénaire »[1]. Cette synodalité est « la participation responsable et ordonnée de tous les membres du Peuple de Dieu au discernement et à la mise en œuvre des chemins de la mission »[2]. Il s’agit donc simplement de poursuivre le mouvement initié par l’Esprit-Saint au jour de la Pentecôte. « Etre vraiment synodal signifie avancer dans l’harmonie sous l’impulsion du Saint-Esprit »[3] dit le Cardinal Ratzinger. Vous l’aurez compris, le mot « synodalité » signifie « cheminer ensemble » !
La synodalité n’est pas une approche démocratique au sens politique du terme car, dans l’Eglise, le pouvoir n’appartient ni au peuple, ni même à la hiérarchie ; il est à Dieu et réside dans notre fidélité commune à son Esprit, dans la grâce de la diversité des missions et des charismes. L’Eglise est un peuple de prêtres, de prophètes et de rois ; personne n’a le monopole de l’Esprit-Saint. A Josué qui demandait à son maître d’arrêter ceux qui prophétisaient hors du camp, Moïse répond : « Serais-tu jaloux pour moi ? Ah ! Si le Seigneur pouvait faire de tout son peuple un peuple de prophètes ! Si le Seigneur pouvait mettre son Esprit sur eux ! » (Nbr 11, 29).
DES CHEMINS NOUVEAUX POUR NOTRE EGLISE
Nous savons que l’Eglise a sans cesse besoin de se renouveler, et nous en sommes peut-être plus particulièrement conscients aujourd’hui. Ce renouveau est à attendre d’une fidélité renouvelée à l’Esprit-Saint qui anime l’Eglise et donne vie à chacun de ses membres. Au moment où nous célébrons le Jubilé pour les 50 ans de la fondation de notre diocèse, il ne s’agit ni de se demander comment maintenir, coûte que coûte, ce qui fait la vie de notre Eglise aujourd’hui, ni de vouloir « tout changer », mais d’accueillir ensemble ce que l’Esprit veut nous donner. Nous avons à déployer nos voiles pour que le souffle de l’Esprit puisse nous pousser là où le monde nous attend. Au seuil du III° millénaire, le pape saint Jean-Paul II aimait reprendre l’injonction du Christ aux Apôtres : « Avance au large ».
UNE DÉMARCHE SYNODALE
Plus qu’un synode, nous allons vivre une démarche synodale. D’une part parce que cela s’inscrit dans la continuité des différentes démarches synodales qui ont marqué la vie de notre diocèse depuis sa création. D’autre part parce qu’il s’agit d’un processus. Dans la durée, nous voulons édifier une Eglise toujours plus unie et vivante, où tous les baptisés, dans la disponibilité à l’Esprit-Saint et la diversité de leurs dons, sont responsables et acteurs de la mission d’évangélisation que nous a confié le Christ ressuscité.
Cette démarche a pour fondement notre acte de foi en la présence et la puissance de l’Esprit dans son Eglise aujourd’hui et notre disponibilité à nous engager dans le renouveau que Dieu veut, chacun selon ses appels et ses possibilités. L’Esprit-Saint ne cessera jamais de nous surprendre, si nous dépassons nos peurs et nos limites pour suivre ses inspirations, comme les Apôtres au jour de la Pentecôte et tous les saints, à commencer par saint Etienne !
LES ÉQUIPES SYNODALES
Notre démarche synodale, qui démarrera au 1er mars et doit être la priorité de cette année. Elle veut partir d’une écoute commune de la Parole de Dieu, pour nous ouvrir à ce que Dieu dit dans nos cœurs mais aussi aux cris du monde en attente de salut, de paix et d’espérance. Aussi, j’en appelle à tous les catholiques de notre diocèse (baptisés ou catéchumèn)es) qui souhaitent une Eglise toujours plus animée par l’Esprit-Saint, toujours plus ardente, fraternelle et missionnaire. Je demande à chacun de s’engager dans une équipe synodale, ou même d’en constituer une, pour vivre une expérience de fraternité, d’écoute de la Parole de Dieu et de discernement communautaire. Au cours de quatre rencontres, grâce à une pédagogie qui favorisera cette écoute commune de l’Esprit-Saint, ces petites équipes synodales vont permettre l’expression de perspectives et de besoins pour vivre davantage en « disciples-missionnaires ».
TROIS ASSEMBLÉES SYNODALES
Les fruits de ces échanges seront ensuite repris dans nos assemblées synodales. Elles réuniront des membres de toutes les composantes de notre Eglise diocésaine (paroisses, services, enseignement catholique, mouvements…) pour poursuivre le discernement engagé en vue de la promulgation d’orientations à la Pentecôte 2021, alors que nous célèbrerons, dans l’action de grâce et l’espérance, les 50 ans de notre diocèse. Ces délégués devront remplir trois conditions : être baptisé, confirmé et avoir participé à une équipe synodale.
Ensemble, nous vivrons une expérience de communion, dans une écoute mutuelle de l’Esprit, pour le service de la mission. Il s’agit d’accueillir humblement ce que Dieu veut nous donner pour entrer toujours davantage dans son œuvre de salut, avec cette certitude de foi qu’il peut nous rendre capables de réaliser ce qu’il nous demande. Ce n’est donc pas une simple consultation, aussi large et riche qu’elle puisse être, en vue de la promulgation d’orientations, c’est un processus missionnaire dont nous voulons vivre ensemble toutes les étapes.
AVEC MARIE, ACCUEILLIR L’ESPRIT
Pour se préparer au « baptême dans l’Esprit » promis par Jésus (Ac 1, 5), les Apôtres étaient en prière avec Marie. J’en appelle à la prière de tous les baptisés de notre diocèse, de tous les adorateurs, de tous les malades… Demandons la disponibilité du cœur qui fut celle de la Vierge Marie. Elle répond à l’appel de Dieu par ces mots : « Qu’il me soit fait selon ta Parole ! ». Ensuite, nous dit l’Evangile, elle « se mit en route et se rendit avec empressement » auprès de sa cousine Elisabeth, enceinte de Jean-Baptiste. Elle leur porte le Sauveur et l’on sait la joie qui jaillit de cette rencontre ! N’est-ce pas la joie du salut, celle que nous avons aujourd’hui à accueillir ensemble et à partager largement ?
+ Sylvain Bataille, évêque de Saint-Étienne
Saint-Etienne, le 5 janvier 2020, en la fête de l’Épiphanie
(1) Pape François, Discours pour le 50ème anniversaire de l’institution du synode des évêques, le 17 octobre 2017.
(2) Commission Théologique Internationale, Document de 2018 sur La synodalité dans la vie et dans la mission de l’Église, N° 43.
(3) Joseph Ratzinger, Osservatore Romano, le 24 janvier 1996, 4.