A la suite de la publication du communiqué du diocèse de Versailles sur l’église Saint-Louis du Port-Marly, un lecteur nous renvoie la tribune de Jean-Pierre Maugendre sur le site de Renaissance Catholique intitulée “Sommes-nous donc des chiens ?” :
Nous nous en doutions mais nous en avons maintenant la confirmation, la certitude : nos évêques ne nous aiment pas !
Une application large et généreuse ?
Jean-Paul II dans la lettre apostolique Ecclesia Dei afflicta (2 juillet 1988) puis Benoît XVI dans le motu proprioSummorum Pontificum (7 juillet 2007) avaient demandé aux évêques d’accueillir de manière « large et généreuse » les réclamations des fidèles souhaitant bénéficier de la célébration de la messe, et des sacrements, selon la forme extraordinaire du rite romain.
On ne peut pas dire que, sauf exceptions méritoires, cette demande ait reçu, en France, un accueil particulièrement chaleureux et enthousiaste. Ainsi dans le diocèse de Versailles, si de nombreuses régularisations canoniques ont eu lieu (Notre-Dame-des-Armées à Versailles, Saint-Louis à Port-Marly, Saint-Martin de Bréthencourt, etc.), il y a eu peu de créations de lieux de culte affectés au rite traditionnel et permettant une vie paroissiale régulière. Citons cependant deux chapelles, de taille au demeurant fort modeste : l’Immaculée-Conception à Versailles, attribuée à la Fraternité Saint-Pierre, et Saint-Germain du Chesnay, desservie par le diocèse. En trente années, cela n’a rien de particulièrement « large et généreux » !
À l’occasion du retour à l’église Saint-Louis du Port-Marly de la communauté, déplacée pour cause de travaux, et qui avait été accueillie pendant trois années à la chapelle des Franciscaines à Saint-Germain-en-Laye, Mgr Aumônier, évêque de Versailles, a fait lire en chaire ce dimanche 10 novembre un communiqué. Celui-ci prévoit que les messes du dimanche resteront célébrées, à Saint-Louis du Port-Marly, selon la forme extraordinaire mais qu’il existera, désormais, une messe anticipée du dimanche célébrée selon la forme ordinaire le samedi soir. Il est aussi annoncé qu’un protocole sera signé entre le diocèse et l’Institut du Christ-Roi pour le partage des lieux. Le chanoine Roussel doit se retourner dans sa tombe, lui qui avait tout sacrifié pour que sa paroisse reste intégralement fidèle à la messe de la Tradition.
Quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup.
Concernant la réouverture de l’église du Port-Marly, aucune date n’est annoncée, celle-ci devant être fixée par la mairie. On se perd en conjectures sur les raisons de cette indécision alors que les travaux de réfection de l’église sont achevés.
Quant à la communauté d’Ukrainiens catholiques qui devrait succéder aux fidèles traditionalistes à la chapelle des Franciscaines, elle brille par sa discrétion. Aucun prêtre responsable ne semble identifié. Aucune estimation des effectifs, dont l’ampleur rendrait impossible une cohabitation avec les fidèles actuellement présents, n’a été rendue publique.
Comme le disait la grand-mère de Martine Aubry : Quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup.
Enfin, les grands absents de ce communiqué sont les Saint-Germanois, désireux, pour les plus anciens depuis douze ans, de bénéficier des bienfaits de la liturgie traditionnelle dans leur propre ville. On ne sache pas que Mgr Aumônier ait rencontré les anciens fidèles mais aussi les nouveaux convertis, revenus à l’Église grâce à la célébration de la messe traditionnelle dans leur ville. Mgr Aumônier aurait pu rencontrer Kévin, 25 ans, pratiquant sans conviction qui a découvert le chapelet, la prière personnelle et suit maintenant le catéchisme ; Susannah, 21 ans, depuis peu baptisée, avec son fils, et dont la propre mère, récemment convertie, a pu vivre ses derniers moments forts spirituels aux Franciscaines ; Clément, 21 ans, qui pratiquait un fois par an à Noël et qui a été enthousiasmé par la « messe en latin » qu’il a découverte, etc.
Cet ostracisme contraste avec la tonalité générale du bulletin officiel du diocèse : « Église catholique en Yvelines » ! Il y est abondamment question d’« Un diocèse missionnaire plus joyeux », de promouvoir une « Église métisse (…) désireuse de mettre en œuvre “ l’unité dans la diversité ” », de faciliter « l’accueil et l’ouverture aux périphéries », l’Église devant « faire signe » ??? Ainsi, très concrètement, la fête de Pâques 2019 a été l’occasion d’un goûter avec les musulmans de Chanteloup-les-Vignes et les Turcs de Carrières-sous-Poissy, actualisation de « l’accueil des migrants » largement évoqué par ailleurs. Comment « en même temps » appeler à « l’unité dans la diversité » et à « l’accueil des migrants » et refuser de recevoir et d’entendre des catholiques dont le seul tort est de vouloir prier comme leurs pères le firent pendant des siècles ? « Il a pu paraître beau et même sublime de se proclamer “ évêques des autres ”. “ Évêque des siens ”, pour être moins sublime et plus humble, est un éloge qui vaut la peine d’être recherché » (Alain Besançon).
Jules Isaac, en 1962, avait dénoncé ce qu’il appelait l’enseignement du mépris, c’est-à-dire, selon lui, l’attitude de l’Église vis-à-vis des Juifs pendant des siècles. Analogiquement, nous y sommes. Juchée sur un immense désastre spirituel, les vocations taries, les séminaires désertés et intellectuellement à l’abandon, les chrétiens divisés, le peuple déchristianisé, la majeure partie des évêques de France couvre ceux qu’elle appelle « les intégristes » de son mépris. Il n’y a dans le communiqué de Mgr Aumônier pas la moindre once de sympathie, de cordialité, ne parlons pas d’affection ou d’amour, pour les paroissiens du Port-Marly. Il y a la décision administrative d’un fonctionnaire ecclésiastique qui cependant, c’est la loi du genre, se conclut par un appel à l’unité.
Les conditions de l’unité
Louable exhortation que nous éclairerons par un texte de Jean Madiran paru en 1960 avec Imprimatur du vicaire général de … Versailles, sous le titre L’unité.
L’Esprit Saint qui fait l’unité ne vient pas en dehors de l’obéissance ; il n’y a pas d’unité hors de l’esprit filial. C’est en bonne part par esprit filial que beaucoup de laïcs sont attachés à la messe traditionnelle parce que « ce qui était sacré pour les générations précédentes reste grand et sacré pour nous » (lettre du pape Benoît XVI aux évêques accompagnant le motu proprio Summorum Pontificum).
Il n’y a pas d’unité en dehors de la vérité. Depuis 60 années, la réforme liturgique souffre d’une part d’avoir été imposée avec une rare brutalité et d’autre part d’avoir été accusée dès sa conception par d’éminents cardinaux (Bref examen critique du Nouvel Ordo Missæ des cardinaux Ottaviani et Bacci) de « s’éloigner de façon impressionnante dans l’ensemble comme dans le détail de la théologie catholique de la sainte Messe telle qu’elle a été formulée à la XXIIe session du concile de Trente ». Cet Examen critique reste toujours en attente de réponse et le peuple chrétien n’a pas encore pansé toutes ses blessures.
Il n’y a pas d’unité dans le cours de l’histoire qui ne soit une unité crucifiée. Elle consiste à porter dans son cœur la croix de l’unité, les imperfections temporelles de l’unité, les blessures de l’unité, les déchirements et les désaccords. L’unité n’est pas un défilé dans une cour de caserne, elle est, aussi, la patience de souffrir avec le Christ ayant présent à l’esprit que « Le signe certain que nous gardons la plénitude de l’esprit, est de ne jamais admettre que nous puissions souffrir par l’Eglise autrement que nous pouvons souffrir par Dieu. »(H.Clérissac,op, Le mystère de l’Église).
Conclusion
L’Église vit aujourd’hui une crise sans précédent, de cultes idolâtriques à la déesse Terre-Mère Pachamama dans les églises de Rome aux abus sexuels commis par des prêtres et couverts par la hiérarchie, sans oublier la remise en cause du célibat sacerdotal, l’effondrement de la pratique religieuse et de la morale chrétienne, etc. Dans ce contexte difficile, peut-être y a‑t-il des dossiers plus urgents à traiter et plus dignes de l’attention de Mgr Aumônier, que d’empêcher une communauté paisible de vivre sa foi catholique, avec les pasteurs qui ont su gagner sa confiance, au rythme de la liturgie immémoriale de l’Église ?
Jean-Pierre Maugendre
Comme nous l’écrit un autre lecteur, si la demande des fidèles de la paroisse de Port-Marly d’avoir une messe dans la forme ordinaire peut être entendue… celle des fidèles de Saint Germain en Laye (et de tous les autres groupes stables du diocèse de Versailles) d’avoir une messe dans la forme extraordinaire dans leur ville… doit l’être aussi !!
Les choses ne peuvent pas être à sens unique en demandant systématiquement des concessions aux mêmes !! Les fidèles de Port-Marly se sentent peut-être privés de leur paroisse depuis 50 ans… mais tous les fidèles attachés à la forme extraordinaire de France et de Navarre se sentent aussi exclus de leur paroisse depuis 50 ans !
Oh comme cet article sonne bien ! hélas, nous rencontrons dans différentes provinces ce genre de “mise à l’index” ! Les bras s’ouvrent aux mosquées, aux différentes fêtes de celles-ci, mais lorsqu’il s’agit d’ouvrir les bras à des catholiques qui suivent comme vous le dites, la Messe antiquor, alors là se dressent des termes injurieux : intégristes par exemple, j’en passe et des meilleurs. Tout est fait pour “dégouter” et “écoeurer” les fidèles et …. les prêtres car leur vie devient un parcours du combattant. Certes la vie du chrétien n’est pas facile et ne l’a jamais été, mais en ces temps où le Grand Menteur et Fossoyeur des Âmes se déchaîne, il serait judicieux voir plus, que les prêtres et évêques fassent en sorte de ne pas être sous Sa coupe ; il s’agit avant tout d’Âmes à sauver et non pas FAIRE DE LA CLIENTELE avec celles-ci.
Il y a des prêtres qui vont jusqu’à célébrer des Messes en latin pour contrecarrer les Messes tridentines des prêtres qui leur sont fidèles depuis toujours. Donc, les fidèles ne savent plus très bien où ils en sont ! de plus l’IGNORANCE de la Messe Antiquor ne leur permet pas de faire la différence. Le but de ces prêtres qui mettent des bâtons dans les roues -si je puis m’exprimer ainsi- aux autres prêtres, le font pour avoir plus de clientèle à leur Messe. Mais ont-ils pensé, que DIEU voit tout ? leurs manigances et leurs buts?
Jean-Pierre Maugendre a tout dit. On a exigé – à raison – l’obéissance au pape pour rappeler les tradis au bercail. Il est normal de rappeler maintenant l’obéissance au pape pour faire appliquer le droit de l’Eglise. On en vient à se demander de quel ordre dont les blocages épiscopaux, et si la théologie et le droit canon sont les seules disciplines concernées. Pas sûr…