De Mgr Christophe Dufour, archevêque d’Aix-en-Provence et Arles :
Le mardi 24 septembre, les parlementaires ont ouvert le débat qui doit réviser la loi relative à la bioéthique. Chaque parlementaire a pu entendre la grande consultation populaire et tous les points de vue qui se sont exprimés sur ce sujet. Le respect des personnes est le premier de nos points d’appui : respect des couples qui vivent l’épreuve de ne pas pouvoir enfanter, respect des personnes homosexuelles, respect des femmes seules qui désirent être mères. Par-dessus tout, nous respectons la dignité de chaque enfant, y compris celui qui naîtra de couples de femmes et de femmes seules si la loi venait à autoriser pour elles l’assistance médicale à la procréation. L’Eglise catholique accueillera tout enfant que les parents lui présenteront pour qu’il devienne enfant de Dieu par le baptême.
Je m’adresse ici aux fidèles catholiques en préconisant deux attitudes : discerner et se manifester.
Discerner
Le catholique est invité à discerner en quoi le projet de loi est conforme ou non à sa conception chrétienne de la dignité humaine. Nous pouvons encourager tout ce qui permettra de prendre soin des humains : le don d’organes et les greffes, à condition de ne pas faire du corps une marchandise ; la recherche sur les cellules souches adultes, très prometteuse ; et même l’intelligence artificielle pour les progrès de la médecine.
L’inquiétude est grande pourtant devant la fuite en avant et l’incapacité à poser des limites, ce qui devrait être principalement l’objet de la loi. Les portes des droits individuels s’ouvrent progressivement, du PACS à la PMA, et bientôt sans doute à la GPA au nom de l’égalité entre hommes et femmes. Est-ce un progrès comme le prétendent ceux qui se disent « progressistes » ? Les embryons, les gamètes et les mères porteuses feront bientôt l’objet d’un marché. L’eugénisme sera pratiqué sur les embryons. Est-ce un progrès ?
Se manifester
Je vois trois manières de se manifester pour dire nos désaccords et témoigner de notre inquiétude :
- Prier. Chrétiens nous croyons que l’Esprit Saint est le véritable maître de l’histoire. L’enjeu est spirituel, il est celui de la victoire de l’Esprit. J’invite les catholiques à prier et à jeûner à cette intention, dans la confiance et l’espérance que nous donne notre foi en Jésus-Christ Sauveur ( Propositions à Aix : église Notre Dame de l’Arc le samedi 5 octobre de 20h à 21h ; sanctuaire Notre Dame de la Seds le dimanche 6 entre 14h et 17h).
- Dialoguer. Tout véritable progrès se fait dans le dialogue. J’invite les catholiques à engager autour d’eux le dialogue sur ces sujets éthiques et leurs enjeux.
- Manifester le 6 octobre. C’est un droit, une liberté offerte à chaque citoyen pour exprimer au législateur son point de vue critique sur un projet de loi. J’encourage les catholiques à se manifester comme citoyens à cette occasion.
Quel monde voulons-nous ? Quelle humanité voulons-nous ? Dans « Laudato si », le pape François s’interroge sur nos égarements et il appelle à la sauvegarde de notre maison commune. « Le moment est venu, dit-il, de prêter attention à la réalité avec les limites qu’elle impose, et qui offrent à leur tour la possibilité d’un développement humain et social plus sain et plus fécond » (§ 116). Le rôle de la loi est bien de poser ces limites, selon une éthique pour la vie et pour le bien de tous.