Le College épiscopal Saint-Etienne à Strasbourg est sous la tutelle de l’Archevêque de Strasbourg, Monseigneur Luc Ravel. Il a délégué à Mgr Christian Kratz, évêque auxiliaire, la responsabilité des établissements catholiques d’enseignement du diocèse. Dans sa mission pastorale, le chef d’établissement, Monsieur Heitz, est accompagné par un aumônier, l’Abbé Nicolas Tousch, et d’une adjointe en pastorale scolaire, Delphine Petit, avec lesquels il porte les propositions pastorales.
L’établissement a très sérieusement annoncé avoir mis en place de nouveaux noms de classes après la suppression des séries L, ES et S avec la réforme du baccalauréat. Laurent Maltese conseiller principal d’éducation (CPE) du lycée, indique :
« Nous voulions que les élèves se créent une nouvelle identité. Donc nous leur avons demandé de choisir de nouveaux noms de classe et ils ont choisi Harry Potter ».
Concrètement, ce sont donc les quatre classes Gryffondor, Poufsouffle, Serpentard, Serdaigle, correspondant aux quatre maisons de l’école de sorciers de Poudlard qui font leur rentrée ce lundi. Les écoles de magie Beauxbâtons, Durmstrang et Ilvermorny, correspondant aux trois écoles européennes qui ont participé au Tournoi des Trois Sorciers dans le quatrième roman, ont également été sélectionnées par les élèves.
Cette série a pourtant fait couler beaucoup d’encre dans les milieux catholiques et l’établissement devrait faire preuve d’un peu de prudence, à l’heure où l’occultisme et le satanisme connaissent un véritable succès auprès de la jeunesse. Ainsi, dans une analyse faite par l’hebdomadaire Cristo Hoy en 2007, faisant suite au Congrès national des exorcistes du Mexique, on lit :
Sous couvert de fantaisie, HP présente des pratiques occultes réelles. En voici quelques-unes : magie, sorcellerie et sortilèges y sont fréquents. On y voit des rites (éd. anglaise, p.117-122), des incantations (Hermione sur Neville, p.273), des malédictions, des possessions par des esprits (Valdemont possède Quirrell, p.293-295). L’enfant y apprend aussi à lire les feuilles de thé, l’importance de la pierre magique pour se sauver (pratique très actuelle du Nouvel Age)… Et tout ceci se présente comme des pouvoirs qui peuvent être canalisés « pour faire le bien » (Or l’Eglise affirme depuis toujours que jamais on ne peut utiliser le mal pour faire le bien). HP présente ceux qui manipulent l’occultisme comme ayant de la chance. Dans le livre 4, on décrit la profanation d’un cimetière et un rite avec de la chair et du sang humains…! (est-ce seulement fantaisie ou rite satanique ?).
[…] HP est très différent des romans chrétiens (Tolkien, C.S.Lewis), qui donnent une vision chrétienne de la magie, mettent en garde contre ses dangers et montrent leur influence destructrice sur l’homme. HP a un style agnostique et païen : Rowlings présente la victoire de Harry comme le fruit de connaissances et de pouvoirs ésotériques : cela s’appelle gnosticisme. Au contraire, Tolkien présente la victoire de Frodo comme fruit de son humilité, de son obéissance et de son courage pour souffrir pour le prochain : cela s’appelle christianisme.
Le cardinal Ratzinger écrit à Gabriel Kuby le 7 mars 2003 : « Vous avez raison d’éclairer les gens sur Harry Potter1, parce que ce sont des séductions subtiles qui agissent sans qu’on s’en aperçoive, et pour cela falsifient la vie chrétienne dans l’âme (des enfants) avant qu’elle ait pu croître correctement ».
Beaucoup de chrétiens approuvent ces livres parce qu’ils ne savent pas la vérité sur l’occultisme et le confondent avec de pures fantaisies. Aujourd’hui ce monde de l’occultisme est de plus en plus à portée de tous, il est intégré à notre culture, il se présente souvent aux enfants comme une expérience amusante.
Addendum :
Nous avons reçu le courriel suivant de Delphine Petit, adjointe en pastorale au lycée St-Etienne. Nous le publions bien volontiers. Mais nous sommes contraints de remarquer que Mme Petit ne répond pas à nos interrogations au sujet des pratiques satanistes et occultistes promues ou banalisées par la série Hary Potter. Et nous sommes bien obligés de constater que de telles pratiques sont de plus en plus répandues parmi la jeunesse et que les éducateurs catholiques ont un particulier devoir d’en préserver les jeunes qui leur sont confiés.
Permettez-moi de répondre à l’article que vous avez mis en ligne au sujet du Collège Episcopal Saint-Etienne.
Pour donner un nom à ses classes, le Collège Saint-Etienne s’est inspiré du roman « Harry Potter » et non pas de la sorcellerie. Le titre de votre article est donc bien mal choisi.
Il est vrai que les romans de J.R.R. Tolkien et C.S. Lewis sont d’inspiration plus chrétienne que les romans de J. K. Rowling. Le Seigneur des Anneaux ou Narnia pourraient fort bien inspirer le choix des promotions ultérieures. Mais reconnaissez que les héros de Harry Potter combattent les forces du mal. Le héros principal est d’ailleurs sujet d’un combat spirituel constant et il incarne certaines vertus chrétiennes (courage, esprit de sacrifice, altruisme, etc.). Le Bien l’emporte.
Éduquer c’est aussi laisser une certaine marge de liberté et d’autonomie aux lycéens.
Mais surtout, il est très regrettable que vos propos dénigrent publiquement un établissement catholique qui s’efforce de vivre et d’annoncer le message du Christ au quotidien, sans même avoir cherché à communiquer avec nous sur le sujet. Cela nuit évidemment à l’unité de l’Eglise.
Delphine Petit
Adjointe en Pastorale scolaire au Collège Episcopal Saint-Etienne