Les profanations se succèdent dans les églises du diocèse de Beauvais. L’église Saint-Éloi (paroisse des Bienheureuses-Carmélites-de-Compiègne), a été volée, vandalisée et profanée entre le 3 et le 9 août. Moins de 15 jours après, Saint-Samson de Clermont a été « visitée » : le tabernacle a été forcé et le ciboire contenant les hosties consacrées a été dérobé.
Mgr Jacques Benoit-Gonnin, évêque de Beauvais, Noyon et Senlis, a publié un communiqué suite à la première profanation :
On est entré par effraction dans l’église Saint-Éloi de Compiègne ; on y a fait des dégradations ; on y a fracturé la porte du tabernacle et profané la Sainte Réserve.
Beaucoup sont surpris et peinés.
Les chrétiens catholiques sont, plus encore, blessés et meurtris. On a violé un lieu qui est un lieu de rassemblement paisible et de culte. Ils s’y rassemblent pour y rencontrer Dieu ensemble, et pour y célébrer de nombreux actes heureux ou douloureux de leur existence. Plus encore, on a violé un lieu (le tabernacle) où Il est adoré, dans sa « présence réelle », Lui qui demeure proche et veut se donner en nourriture à ses disciples, pour leur communiquer sa force de vie, d’amour, et d’espérance.
Dans la tristesse et la souffrance que j’éprouve avec les chrétiens catholiques, je les invite à faire de cet événement, (pour lequel j’espère que les autorités de police feront diligence pour en clarifier l’origine, et en éviter la reproduction), une opportunité pour réagir à « hauteur chrétienne. »
Celui en qui nous croyons est Dieu de paix. Nous ne voulons pas laisser la suspicion, la colère et la violence prendre le dessus, par rapport aux sentiments et attitudes d’amour, de pardon et de paix qu’Il veut nous inspirer. La violence contre « la réserve eucharistique » actualise, d’une certaine manière, celle dont Jésus a été l’objet en sa Passion. Ses sentiments doivent inspirer les nôtres. « Père, pardonne leur, ils ne savent pas ce qu’ils font » (Luc 23, 34).
Dans ce sens, nous voulons nous faire encore plus proches de Jésus, par la prière, puisque nous savons qui Il est, et ce qu’est Sa « présence réelle » conservée au tabernacle, pour les malades et l’adoration. Une messe de réparation aura lieu le mardi 13 août à 18h30 dans l’église Saint-Eloi. Elle sera précédée de la récitation du chapelet. Ne pouvant la présider moi-même, j’ai demandé au Père Emmanuel Gosset, Vicaire général de le faire. Je m’y unirai d’intention.
Et après la seconde profanation :
Pour la seconde fois en quelques jours, la Sainte Réserve a été profanée, dans notre diocèse. C’était en l’église Saint-Samson de Clermont. Le contexte était différent, mais le résultat fut le même.
Les catholiques dans l’Oise sont une nouvelle fois meurtris. Ils se rassemblent dans les églises pour y rencontrer Dieu ensemble ou seuls, pour y vivre des actes heureux ou douloureux de leur existence, pour y puiser des forces nécessaires à leur vie dans la société dont ils sont membres. À Clermont, comme à Compiègne, on a violé le tabernacle, cette petite armoire où sont conservées les hosties, signes de la présence réelle de Jésus ressuscité qui se fait proche, et se donne en nourriture à ses disciples, pour leur communiquer sa force de vie, d’amour, et d’espérance.
Comme chrétiens catholiques, ce nouvel évènement nous attriste davantage, dans la mesure où il laisse supposer que des personnes font des églises une cible pour satisfaire leur addiction ou assouvir leur cupidité. Ma confiance demeure ferme dans les forces de sécurité de notre département qui feront leur travail pour clarifier ces affaires et leur donner les suites qui conviennent.
Au stade actuel, je renouvelle ma demande pressante aux Curés et à tous les fidèles pour qu’ils soient vigilants, particulièrement sur la sécurité des tabernacles contenant la Réserve eucharistique, et qu’ils prennent les mesures qui peuvent s’avérer nécessaires, dans le contexte actuel. Quant aux ciboires contenant la Sainte Réserve et déposés au tabernacle, ne pourrions-nous pas envisager de ne plus utiliser les objets anciens, plus convoités, et de n’utiliser que des objets dignes, mais de moindre valeur ? Plus encore que le ciboire, c’est son « contenu » qui est confié à l’attention, à l’adoration, à la responsabilité de tous les fidèles.
Aujourd’hui encore, le Seigneur attend que nous réagissions « à hauteur d’Évangile » ! Non, aux accusations prématurées ; non à des récupérations suspectes. L’Évangile est un message d’Amour et de fraternité ; il appelle les chrétiens à agir à partir du témoignage de Jésus, et non à partir des passions qui nous habitent, lesquelles doivent être évaluées, maitrisées et (possiblement) purifiées. Ne nous laissons pas dominer par l’amertume, la colère, voire la violence.
Dans le même temps, j’invite tous les fidèles à développer courageusement les actions qui permettront aux églises de rester ouvertes. Elles répondront ainsi à leur destination : accueillir celles et ceux qui veulent en franchir le seuil pour y prier seuls ou avec d’autres, pour y trouver le calme, le silence, le soutien des Saints et la présence mystérieuse du Dieu de Miséricorde.
La fermeture d’une église accroit (d’une manière relative) sa sécurité, mais elle modifie et appauvrit son sens : une église est « Maison de Dieu », d’un Dieu qui s’est fait proche en Jésus-Christ, et veut être accessible. L’ouverture d’une église rend visible et concrète la proximité et l’accessibilité de Dieu. Sa fermeture dit une plus grande distance entre Dieu et les hommes, ou qu’elle n’est qu’une maison d’hommes qu’ils administrent, à leur convenance. Chrétiens, voulons-nous être au service de la proximité de Dieu Un, Grand et Proche ? Sommes-nous disposés à en tirer des conséquences, en essayant de rendre nos églises plus accessibles, en les fréquentant nous-mêmes davantage pour y rencontrer notre Bien-aimé Seigneur (même si, bien sûr, nous pouvons d’abord le rencontrer en nous, et partout où nous vivons !) ?
Ainsi la question de la sécurité des églises doit nous préoccuper, (comme elle préoccupe légitimement les élus municipaux), mais cela ne doit pas être au détriment du sens de ces monuments construits par la foi de nos aïeux, et confiés à la nôtre.
Je célèbrerai une messe de réparation, samedi prochain, 24 août, à 9h, en l’église Saint-Samson de Clermont. J’espère y retrouver de nombreux fidèles.