Elle ne fait que 2 pages, alors la voici en intégralité :
De toutes les nations, faites des disciples
« Allez, de toutes les nations, faites des disciples, baptisez- les au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, apprenez- leur à observer tout ce que je vous ai commandé. » Mt 28, 19 -20. Comment les Apôtres ont-ils réagi en entendant cette injonction missionnaire de Jésus ? Certes, ils l’avaient vu enthousiasmer les foules mais ils ont vu aussi les nombreuses défections. Ils ont entendu Jésus leur demander : « Voulez-vous partir vous aussi ? » (Jn 6, 67). Une fois seuls, sans Jésus, les Apôtres pouvaient-ils envisager de faire mieux que lui ? Le désarroi qu’ils ont vécu à certains mo- ments n’est-il pas un peu le nôtre, à l’heure où les foules nesont plus vraiment là ?
Jésus est l’unique Sauveur
Par cet envoi missionnaire, Jésus veut d’abord nous rappe- ler qu’il est l’unique Sauveur de tous les hommes. Il est la lumière des peuples. En lui, L’Eglise est à la fois le signe et le moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain (cf Concile Vatican II, LG1). L’Évangile est une bonne nouvelle pour tous. S’il nous fait vivre, nous ne pouvons pas le garder pour nous, nous devons le partager lar-gement. N’est-ce pas la première raison d’être de l’Eglise ?
Et moi, je suis avec vous tous les jours
L’injonction missionnaire de Jésus se conclut par un engagement extrêmement fort de sa part : « Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28, 20). Jésus est encore plus précis : « Vous allez recevoir une force quand le Saint-Esprit viendra sur vous ; vous serez alorsmes témoins (…) jusqu’aux extrémités de la terre » (Ac 1, 08).Comme les Apôtres, devant l’immensité de la tâche, con-frontés à nos limites et à notre impuissance, nous pouvonsêtre tentés de baisser les bras. Oui c’est humainement im-possible, mais ce qui est impossible aux hommes est pos-sible à Dieu. Toute l’histoire de l’Eglise est là pour le prouver.
Recevez l’Esprit-Saint
Jésus ne se contente donc pas de nous envoyer en mission,il nous donne les moyens d’accomplir sa volonté par l’envoide son Esprit. Les Actes des Apôtres nous montrent com- ment cet Esprit est capable de transformer des Apôtres apeurés en missionnaires courageux. Il est vraiment le prin- cipal artisan de la mission. Jésus, en les quittant, leur avait donné une seule consigne : « Demeurez dans la ville jusqu’à ce que vous soyez revêtus d’une puissance venue d’enhaut » (Lc 24, 49). Il leur demande, il nous demande, de nousmettre, avec Marie, dans une attitude d’ouverture intérieure, de disponibilité et d’accueil pour vraiment participer à l’œuvre de Dieu. Il ne s’agit pas d’être des héros mais ses disciples, ses amis et d’aimer comme il aime. C’est tout. Et c’est à la portée de chacun d’entre nous si nous vivons dans la prière et l’humilité, dans la communion avec lui et entre nous. Il s’agit simplement, pour chacun, de se laisser pro- gressivement transformer par l’Esprit Saint ; cela prend toute une vie.
Ne nous trompons pas de combat
Parler de mission, ce n’est pas parler de prosélytisme au sens d’une démarche conquérante pour reprendre une posi-tion dominante que nous aurions perdue. Cette tentation dela puissance et de la gloire n’a pas grand-chose à voir avecl’Evangile. Renonçons aussi à la tentation de revenir à unpassé idéalisé (proche ou lointain) : il est révolu. Ne nous culpabilisons pas non plus de la déchristianisation en cours, ne cherchons même pas des responsables. Ce phénomène est bien complexe et il s’étale sur trois siècles, même s’il y a eu aussi des périodes de renouveau. Enfin, ne pensons pas non plus que l’essentiel est une réforme des structures de l’Eglise, en nous focalisant sur des questions d’organisation ou de statuts. Certes, l’Eglise a toujours besoin de se réfor- mer et de se purifier mais le renouveau passe d’abord parnotre propre conversion personnelle, et alors tout le reste suivra.
L’Eglise n’a pas besoin de réformateurs mais de saints
Ce dont l’Eglise a besoin, ce dont le monde a besoin, ce n’estpas de réformateurs géniaux et séduisants mais de saints,d’hommes et de femmes habités, guidés et animés par l’Es-prit de Dieu, qui se donnent simplement, là où ils sont. La première question est donc celle de notre attachement auChrist. Chacun d’entre nous doit se demander commentgrandir dans cette communion avec lui, qui fait de nous des témoins. Si nous sommes plutôt actifs et engagés, donnonsdavantage de place à la prière, à l’Eucharistie, à la Parole deDieu, à la supplication. Si nous sommes plutôt intérieurs, osons sortir, prendre des risques, partager ce qui nous fait vivre. Saint Paul résumait ainsi sa mission : « Il s’agit pour moi de connaître le Christ, d’éprouver la puissance de sarésurrection et la communion aux souffrances de sa Pas- sion, en devenant semblable à lui » (Phi 3, 10). Il prêchait « un Messie crucifié, scandale pour les juifs, folie pour lespaïens, mais pour ceux qui sont sauvés (…), il est puissancede Dieu et sagesse de Dieu. » (1 Co, 1, 22-23). La question est donc d’abord spirituelle : sommes-nous prêts à consentir à notre pauvreté, à nos limites, sans nous accabler, maisen découvrant qu’elles sont notre richesse car elles nous invitent à nous mettre davantage dans la main de Dieu, à nous laisser conduire par l’Esprit ?
Une Eglise qui sort, proche des pauvres
Dans cette perspective, cette année missionnaire sera pour notre Eglise, une année en « sortie » où nous vivrons mais surtout annoncerons l’Evangile. Plus qu’une pastorale de l’auto-conservation, nous sommes invités à une pastorale de l’annonce, de l’ouverture au monde et aux autres, de l’attention à chacun et d’abord aux plus fragiles. Annoncer l’Evangile aux pauvres et le vivre avec eux dans la fraternité, c’est reconnaître leur dignité et leur donner les moyens spi- rituels pour faire face aux difficultés qu’ils rencontrent. Tout en découvrant que bien souvent, ce sont eux nos maîtres.
Fraternellement
L’Eglise est riche des charismes, des dons que l’Esprit fait àchacun pour la croissance du Corps du Christ. Il nous faut les découvrir, les discerner, les accueillir et les encourager. Personne n’a tous les charismes, mais le Seigneur en donne à chacun. Si nous les mettons en commun, tout est possible et nous n’en finirons pas de rendre grâce, de chanter le Ma-gnificat avec Marie !
C’est donc ensemble que nous devons entrer dans la mission, parce que nous sommes faibles, parce que nous avons besoin les uns des autres, parce que nous avons besoin dechacun. C’est la dynamique de nos fraternités locales missionnaires qui offrent un soutien de proximité pour vivre et annoncer l’Evangile. Les diaconies paroissiales veillent à ce que tous soient accueillis, accompagnés et soutenus au sein de nos communautés et au-delà.
Une année missionnaire
Ce 8 juin 2019, en la vigile de Pentecôte, nous avons ouvert la deuxième année de notre démarche jubilaire : l’année mis- sionnaire. C’est une année d’expérimentation, un peu comme l’envoi en mission des 72 disciples par Jésus (Lc 10, 1). Certes, nous n’en sommes pas à notre coup d’essai en la matière mais, pour cette année, j’invite chaque personne, chaque paroisse, et s’il le souhaite chaque mouvement, àvivre une expérience de « sortie » vers ceux qui semblent loin de l’Eglise, du Christ, pour leur permettre de découvrir da- vantage l’Evangile. Dans la foi, nous savons que le Seigneur travaille tous les cœurs. Ce que je souhaite, c’est un enga- gement concret, simple, audacieux, tourné vers ceux qui sont loin, pour leur annoncer l’Evangile de Jésus-Christ, mort et ressuscité. Cette expérience doit mobiliser toute la communauté, dans la diversité des charismes. Les proposi- tions peuvent être très variées et le livret « Entrons dans la mission » donne de nombreuses pistes. C’est ensuite àchaque communauté de discerner, dans la prière, les appels du Seigneur et la manière de les mettre en œuvre.
Vers une démarche synodale
Ces expériences seront très précieuses pour notre démarchesynodale qui s’ouvrira dans quelques mois. Ce pourrait être comme le retour de mission lorsque les disciples mettaient en commun leurs expériences, leurs émerveillements et leurs difficultés. Ensemble, nous prendrons le temps de nous mettre à l’écoute de l’Esprit Saint pour discerner, à par- tir de ces expériences et des appels que nous percevons, quelles sont les orientations, les priorités missionnaires pour notre diocèse dans les 10 ans à venir. C’est ainsi que la célébration du Jubilé pour les 50 ans du diocèse, à la Pente- côte 2021, sera un envoi en mission, un appel à poursuivre le renouveau qui est sans cesse à accueillir et à mettre en œuvre, avec un nouvel élan d’enthousiasme et d’audace afin que notre Eglise soit toujours plus ardente, fraternelle et missionnaire.
Dans les pas de saint Etienne
Ne cherchons pas tant des succès et du chiffre qu’une fidé-lité au Seigneur. Saint Etienne, au jour de son martyre,n’avait pas terminé l’œuvre missionnaire, elle n’en était même qu’à ses prémices. Cependant, ce qu’il avait semé et sa vie donnée allaient porter des fruits en abondance. Il avait accompli sa mission bien limitée et pourtant si grande. Fragiles comme les Apôtres au lendemain de la résurrection, choisissons de faire confiance à Dieu et à nos frères, choi-sissons la prière, l’humilité et l’audace de la charité pour al-ler au-devant des autres. Choisissons de nous laisser guiderpar l’Esprit de Pentecôte pour vivre et annoncer l’Evangile.
Sainte Vierge Marie, toujours présente auprès des Apôtres etdes disciples réunis pour invoquer l’Esprit Saint, prie avec nous et pour nous ! Saint Etienne, prie pour nous !
Le 8 juin 2019, en la vigile de Pentecôte + Sylvain Bataille, évêque de Saint-Etienne