Le mensuel L’Incorrect a interrogé Mgr Bernard Ginoux, évêque de Montauban, notamment sur l’affaire du MRJC. Extrait :
En 2018, vous avez retiré votre soutien au Mouvement rural de la jeunesse chrétienne (MRJC) qui considérait l’avortement comme un droit fondamental, mais vous avez été assez seul au sein de l’épiscopat. Pourquoi ?
En tant qu’évêque, je ne pouvais pas laisser dire que l’avortement est un droit fondamental. Pour les chrétiens, le respect de la vie s’impose dès la conception. Il en va de ma mission d’évêque de le rappeler. Beaucoup d’évêques m’ont soutenu à cette occasion mais ne l’ont pas fait en public, peut-être par volonté de ne pas se couper des jeunes de ce mouvement. Pour ma part, je considère qu’un mouvement catholique qui affirme publiquement des opinions contraires à l’enseignement de l’Église sur un sujet aussi grave que l’avortement ne peut plus se rattacher à l’Église catholique et recevoir à ce titre des financements de la part des diocèses.
À l’époque, le scandale venait en effet aussi du fait que le MRJC recevait plus de 500 000 € de la part des diocèses – un montant colossal. Qu’en est-il aujourd’hui ?
Si ces chiffres sont justes, ils proviennent de la somme accumulée par les subventions diocésaines puisqu’un certain nombre de diocèses subventionnent le mouvement. Il faut savoir, par ailleurs, que le MRJC organise, à partir de subventions publiques, des sessions de formation en partenariat avec les associations LGBT, ce qui est objectivement scandaleux. Il faut ajouter à cela que le mouvement, qui est l’héritier de la Jeunesse agricole catholique ( JAC), est en perte de vitesse dans de nombreux diocèses, où sa présence est marginale voire inexistante. À Montauban, il n’existe plus depuis plusieurs années.
Ce mutisme de certains de vos confrères révèle-t-il un manque de liberté au sein de l’Église ?
C’est difficile à dire. Certains croient que la meilleure position se situe toujours dans un entre-deux qui renvoie dos-à-dos deux positions jugées extrêmes. Ce serait ce juste milieu qu’il faudrait promouvoir. D’autres préfèrent des approches verbales ou écrites alambiquées, d’où il ne ressort rien de très concret. Ce n’est pas le langage du Christ !