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Au contact de ce texte, on est en droit se se poser la question suivante : l’adhésion à “l’E-u-r-o-p-e“, ou plutôt, il faut bien le dire, l’adhésion à la conception actuellement dominante de l’organisation de l’Europe, serait-elle un ”phénomène de nature religieuse”, situé dans le domaine des “croyances politiques” ?
En tous cas, les trois responsables religieux chrétiens, co-auteurs ou co-signataires de ce texte, semblent vraiment oublier les réalités suivantes.
– “Le développement progressif d’institutions européennes, l’extension de leurs prérogatives et de leurs champs d’action ainsi que l’augmentation du nombre de pays membres est un processus qui, depuis environ 70 ans, vise à assurer la paix dans la région”, ainsi que la soumission diplomatico-stratégique de cette région à Washington, avant tout au moyen de l’OTAN, mais aussi au moyen de l’UE.
– “Le mérite des pères fondateurs (Schuman, de Gasperi, Monnet, Adenauer)”, téléguidés, notamment par Dean Acheson, “fut de penser la reconstruction dans un esprit de réconciliation, de coopération et de démocratie”, mais aussi dans un esprit, compréhensible”sensible, jusqu’à la fin de l’année 1989, de subordination aux Etats-Unis, face à l’URSS, dans le contexte de bipolarisation entre l’Est et l’Ouest.
– “Les institutions européennes sont perçues comme une technocratie échappant au contrôle démocratique”, d’autant plus qu’il n’est pas inexact de dire qu’elles ont été conçues, dès leur origine, comme devant et pouvant échapper au contrôle démocratique. En ce sens, il n’y a pas de déficit démocratique européen, mais une construction adémocratique européenne, et pour cause : il n’existe pas de nation européenne, ni de peuple européen, ni de souveraineté européenne.
– “Redoutant une dissolution de l’identité nationale, certains peuples ou partis politiques envisagent même de quitter l’Union européenne”, ou, en tout cas, de contribuer à réorienter l’UE, afin que l’UE soit bien plus respectueuse de l’identité de chaque nation.
– “Les idéaux de justice, de paix et de démocratie sont à construire ensemble. Pour cela, l’Europe se doit de mieux répondre aux interrogations de ses populations, quitte à se réformer, plutôt que de disparaître sous la pression des populismes”, ou sous la pression des lobbies et des oligarchies…
– Contrairement à ce que semblent laisser entendre les trois responsables religieux chrétiens, co-auteurs ou co-signataires du même texte, la construction européenne n’est pas avant tout ou n’est pas seulement d’inspiration chrétienne, ou encore, si l’on préfère, l’espérance chrétienne est une chose, et l’utopie européenne, car il est possible de parler d’utopie européenne, au moins en ce qui concerne le courant européiste fédéraliste, est une tout autre chose.
Il ne s’agit pas ici de diaboliser ou de disqualifier qui ou que soit, par a priori, par principe, ou par esprit de système, mais il s’agit ici de préciser ou de rappeler des composantes de la réalités, souvent éludées ou occultées par les partisans de “l’E-u-r-o-p-e”, alors que ces composantes de la réalité contribuent elles-aussi à la compréhension des origines et des conséquences de la mise en oeuvre de la conception dominante de cette “E-u-r-o-p-e.”