Suite à cet article, un lecteur nous fait ce commentaire :
A. Il est aussi urgent que vital de (re)dire que l’Eglise catholique est en crise, ou plutôt, probablement, en mutation (voulue dans une grande partie de ses origines intellectuelles, et subie, de plus en plus, dans ses effets), avant tout à cause d’un démantèlement ou d’une dénaturation de la foi d’un assez grand nombre d’hommes d’Eglise d’hier, et non avant tout du fait de la déstructuration ou de la détérioration des moeurs d’une partie du clergé d’aujourd’hui.
B. En effet, globalement, au moins depuis le début des années 1960, les évêques, notamment en Europe occidentale, ont “demandé” aux fidèles d’avoir confiance en la fécondité “prophétique” de la consensualisation et de la sécularisation du regard et du discours des hommes d’Eglise, en direction de l’environnement extérieur de l’Eglise catholique.
C. En d’autres termes, les évêques ont demandé aux fidèles d’avoir confiance en la transformation du regard et du discours des hommes d’Eglise en un regard et en un discours consensualistes, notamment en direction des confessions chrétiennes non catholiques et des religions non chrétiennes, mais aussi en un regard et en un discours sécularisés, notamment en direction de telle conception, non catholique et dominante, de l’homme contemporain, du monde contemporain, de la justice en matière sociale et de la liberté en matière religieuse.
D. Or, nous en serons bientôt à soixante années de subordination et de surexposition des fidèles à ce mot d’ordre : “Continuez donc à avoir confiance en cette consensualisation et en cette sécularisation de notre regard, de notre discours, de votre regard, de votre discours, car c’est grâce à cette consensualisation et à cette sécularisation du langage et du message que nous parviendrons à “réconcilier” l’Eglise catholique avec les confessions chrétiennes non catholiques, avec les religions non chrétiennes, avec l’évolution des mentalités, avec l’orientation de la moralité, avec la modernité libérale, et à rendre l’Eglise catholique plus attirante, moins contrariante, moins rétrograde, plus séduisante, aux yeux des non catholiques, des non chrétiens, des non croyants, et aux yeux des médias qui ont le plus d’influence sur l’opinion publique.”
E. Il faut vraiment être aveugle pour ne pas voir quelles sont les conséquences de la mise en oeuvre de la mutation du regard et du discours d’un grand nombre de clercs et de fidèles (sinon de l’Eglise dans son ensemble) sur les confessions chrétiennes non catholiques, notamment sur celles qui sont particulièrement porteuses d’hétérodoxie, sur les religions non chrétiennes, notamment sur celles qui sont particulièrement propices à des erreurs, et sur telles conceptions influentes de l’homme et du monde, notamment sur celles qui ont pour objet ou, en tout cas, pour effet de contribuer à la déconstruction, au dépassement, à l’éloignement ou à l’opposition à l’égard du respect du bien commun, de la loi naturelle, de la personne humaine, et de la recherche de la vérité, en vue de l’adhésion à la vérité, notamment en matière religieuse.
F. Il faut vraiment être aveugle ? Ecoutez, cela “tombe” vraiment bien : oui, il faut vraiment être aveugle pour ne pas le voir, et cet aveuglement, plus ou moins volontaire, constitue un mot d’ordre, quasiment officiel, et est jugé, encore aujourd’hui, absolument impératif : il a été jugé absolument impératif, hier, et on en a fait un absolu impératif “conciliaire” ; il est jugé absolument impératif, aujourd’hui, et on en fait un absolu impératif “évangélique” ; il sera jugé absolument impératif, demain, et on fera (ou on en fait déjà, ici ou là) un absolu impératif “synodal”.
G. Or, peut-on donc encore avoir confiance en la consensualisation et en la sécularisation du regard et du discours ad extra des hommes d’Eglise, auxquelles nous avons droit depuis le début des années 1960, et auxquelles nous aurions probablement eu droit, même en l’absence du Concile, même si au moins une partie de Vatican II semble vraiment avoir donné une consécration magistérielle à cette consensualisation et cette sécularisation du regard et du discours ad extra, dans Unitatis redintegratio, Nostra aetate, Dignitatis humanae et Gaudium et spes ?
H. Non, on ne peut plus avoir confiance en cette consensualisation et en cette sécularisation, parce que ce positionnement néo-catholique et post-orthodoxe, consensualisateur et sécularisateur du regard et du discours ad extra des catholiques, est contre-productif ou dysfonctionnel, en ce qu’il fonctionne davantage à la conformation ad intra de l’Eglise catholique aux valeurs contemporaines qu’à la “christianisation” ad extra, par l’Eglise catholique, des valeurs contemporaines, si tant est que cette “christianisation” des valeurs contemporaines soit vraiment possible.
I. Ainsi, il apparaît assez clairement, au contact de l’actualité, que bien des perspectives ou tentatives
- de “christianisation” du confusionnisme, du consensualisme, de l’égalitarisme ou du fraternitarisme, dans le cadre du dialogue interreligieux,
- de “christianisation” de l’écolo-gauchisme, de l’homosexualisme ou de l’immigrationnisme, dans celui du dialogue interconvictionnel,
débouchent assez souvent sur une “praxis” artificielle, compassionnelle, imprécise, imprudente, incantatoire, aussi bien intentionnée soit-elle.
J. Le problème posé dans le paragraphe qui précède est d’ailleurs souvent posé depuis l’intérieur de tout horizontalisme, ou de tout humanitarisme, que cet humanitarisme soit mis en oeuvre par des chrétiens catholiques ou qu’il soit mis en oeuvre par des non catholiques ou par des non chrétiens.
K. Mais même quand cette “praxis” n’est pas artificielle, compassionnelle, etc., en quoi donc est-elle encore explicitement, intrinsèquement, objectivement, surnaturellement, théologalement spécifique au christianisme catholique, ou en quoi donc est-elle encore DISTINCTIVEMENT spécifique au christianisme catholique, en ce que celui-ci ne peut ni ne doit se réduire à de l’adogmatisme immanentiste, à de l’akérygmatisme anthropocentrique, à de l’horizontalisme humanitariste, ni à de l’oecuménisme unanimiste, sauf, bien sûr, s’il est CANDIDAT AU SUICIDE, ou à une mutation dénaturatrice d’une grande partie de sa raison d’être et de ses moyens d’agir, dans ses activités et attitudes tournées vers Dieu ?
L. C’est ici qu’il est possible de renvoyer les lecteurs vers le texte suivant, qui est un texte découvert récemment, au sein de la “cathosphère”.
“L’identité est la condition de l’ouverture” : certes, mais il n’est pas sûr du tout que tous les promoteurs de cette ligne de conduite soient clairement et fermement partisans de la mise en oeuvre de la totalité de ce qu’implique la même ligne de conduite, alors que ce positionnement est aux antipodes de la tout autre ligne de conduite, “conciliaire”, au sens de : consensualisatrice et sécularisatrice du regard et du discours ad extra, à laquelle les fidèles catholiques ont droit, de la part d’une grande partie de la hiérarchie ecclésiale, depuis bientôt six décennies…
Peut-on encore avoir confiance en des docteurs et en des pasteurs qui ne souhaitent pas particulièrement que les fidèles catholiques connaissent, comprennent, aiment, communiquent, consolident, pensent, vivent, reçoivent, respectent, transmettent les fondements et le contenu du catholicisme, et soient fidèles aux fondements et au contenu du catholicisme, ou aux fondamentaux et aux composantes du catholicisme, précisément en ce que cette fidélité, ces fondamentaux, ces composantes sont inspirateurs de la vigilance et de la résistance des catholiques, face au maintien en vigueur de telles tendances “dialogales” ou “pastorales” pérennisatrices de la consensualisation et de la sécularisation du regard et du discours vers l’extérieur de l’Eglise ?