De l’archevêque de Toulouse :
« À nous la honte au visage, comme on le voit aujourd’hui ; à nos rois, à nos princes, à nos pères, pour ceux qui sont près et pour ceux qui sont loin, parce que nous avons péché contre toi. » Nous reconnaissons la prière du prophète Daniel, déporté à Babylone, que nous avons entendue au lendemain du deuxième dimanche de Carême (Dn 9, 7-8).
Tous et chacun, nous sommes accablés par ces révélations successives de manquements scandaleux de certains cardinaux, évêques, prêtres ou religieux à leurs engagements. Nous avons le sentiment d’être submergés par une marée nauséabonde qui semble se répandre partout. Elle nous atteint tous, « de près ou de loin », comme l’exprime Daniel, à tous les niveaux de l’Église.
Le Carême où nous sommes entrés nous invite tous à une vraie conversion, comme celle que vivent actuellement les quelque 110 catéchumènes que j’ai appelés à recevoir le baptême à la Pâque qui vient : des adultes qui avaient parfois une image négative de notre Église et qui remercient nos prêtres et nos communautés pour l’accueil qui leur a été réservé. Dieu lui-même, par divers relais, les conduit à nous et nous les confie.
« Qu’ils soient un, pour que le monde croie ! » (Jn 17, 22). Vous connaissez cette prière de Jésus à son Père avant sa Passion, qui inspire la pastorale de notre diocèse. L’unité diversifiée de nos communautés est la condition sans laquelle notre annonce de l’Évangile ne peut être crédible.
Que chacun de nous travaille aussi à sa propre unification personnelle, pour mettre en harmonie sa foi, ses convictions et ses engagements. Le scandale étalé à nos yeux de doubles vies est insupportable. Même si nous savons bien qu’il est difficile d’être parfaitement honnête avec soi-même, il est nécessaire que nous tendions à la cohérence entre nos paroles et nos actes. Le moine (monos en grec) n’est pas d’abord celui qui vit dans la solitude, mais celui qui fait profession d’unifier sa vie dans la recherche de Dieu en communauté. Nous avons tous à développer les énergies divines de notre baptême, pour devenir plus pleinement fils de la lumière : « Autrefois, vous étiez ténèbres, écrit saint Paul aux Éphésiens ; maintenant, dans le Seigneur, vous êtes lumière ; conduisez-vous comme des enfants de lumière » (5, 8).
« Voici le temps favorable ! » nous redit saint Paul. D’un même élan généreux, travaillons chacun à notre unité personnelle, pour mieux assurer l’unité de nos communautés. En ce temps de Carême, convertissons-nous, reconnaissons nos péchés, et ne soyons pas complices de nos faiblesses ni de celles des autres ; refusons toute hypocrisie, toute vie double et mensongère ! « À nous la honte au visage, au Seigneur notre Dieu la miséricorde et le pardon » (Dn 9, 8-9).
Merci à vous tous, prêtres, diacres, laïcs et religieux, qui, par la grâce de Dieu, honorez le beau nom de « fidèles ».