L’évêque de Rodez et de Vabres, Mgr François Fonlupt a été interrogé dans La Dépêche à propos des abus sexuels. Extraits :
[…] Quelles leçons tirez-vous des récentes condamnations de vos homologues, évêques, pour avoir gardé le silence sur certaines affaires…
Il y a sûrement beaucoup de leçons à en tirer. Cela nous redit notre véritable responsabilité par rapport à la société civile et à la loi. L’institution Église avait sans doute trop tendance à résoudre ces questions en interne. Cela nous oblige à prendre au sérieux la gravité des faits et notre position par rapport à la société. Après, on n’a pas à juger une sentence de justice…
Comment l’Église peut-elle, encore, conserver en son sein des personnes condamnées par la justice pour des actes de pédophilie, comme cela a été le cas en Aveyron avec l’abbé Maurel à la suite de sa libération en 2005 ?
Avec l’abbé Maurel, on est sur des choses claires : il a été jugé, condamné et a effectué sa peine. La question de son maintien dans l’état clérical, sous mon prédécesseur (Mgr Bellino Ghirard), s’est posée à l’époque. Et je n’ai pas d’éléments depuis pour faire rouvrir ce dossier et le faire évoluer…
Comprenez-vous que cela puisse difficilement être audible de l’extérieur ?
Oui, je pense qu’on peut avoir du mal à le comprendre. Quand il y a une faute et une légitime sanction, se pose la question du devenir de la personne. Et comme évêque, je suis responsable de la personne jusqu’à sa mort. Je ne suis pas certain que pour accompagner ces personnes-là, le meilleur moyen est de les mettre en dehors de l’Église. Mais, je peux comprendre que pour certaines personnes extérieures, cela ne soit pas supportable…
La question du mariage des prêtres revient également inlassablement dans les discussions. Cela peut-il aider à en finir avec ces problèmes de pédophilie dans l’Église ?
C’est une question qui revient fréquemment car, naturellement, on a l’impression qu’en se mariant et en exerçant une sexualité, cela peut équilibrer des choses. Mais la pédophilie est avant tout un problème pathologique. D’ailleurs, la grande majorité des cas se trouvent au sein même de familles où les couples sont mariés. Donc, je ne pense pas que le fait de vivre une sexualité en étant marié soit la solution. Même si je peux comprendre que pour de nombreuses personnes, le fait qu’un prêtre puisse vivre véritablement son célibat reste très mystérieux. Surtout dans notre société où la sexualité est très présente… […]