Suite à cet article, un lecteur réagit :
A. L’herméneutique du déni, qui a, entre autres “mérites”, pour tous ses maîtres d’oeuvre, celui de maintenir l’Eglise catholique en phase avec la position de principe, iréniste et utopiste, d’après laquelle l’Eglise elle-même, en tant que telle, n’a plus d’ennemis, porte aussi sur une certaine forme de “cathophobie de l’intérieur”, qui existe au sein même de l’Eglise.
B. Cette “cathophobie”, intra-ecclésiale et post-conciliaire, est à l’origine de l’élimination ou de l’éradication de bien des références, des repères, des symboles, des thématiques, inhérents au catholicisme, et les fidèles subissent cette “cathophobie de l’intérieur”, officiellement “libératrice”, au moins depuis le milieu des années 1960, sous couvert de mise en oeuvre du Concile Vatican II ou de prise en compte de “l’esprit du Concile”, notamment en matière de catéchèse et en matière liturgique.
C. Cette “cathophobie de l’intérieur” se traduit par la détestation ou par la réprobation de la conservation, de la réception, de la restauration, de la transmission, délibérées et déterminées,
– de ressources doctrinales, liturgiques, spirituelles, morales, issues des composantes de la Tradition catholique (la composante patristique, la composante monastique, la composante scolastique, la composante tridentine),
et
– des fondamentaux du catholicisme (le Catéchisme de l’Eglise catholique, le Magistère pontifical), en ce que ces fondamentaux sont propices au respect et au souci de la foi théologale et de la vie surnaturelle, mais aussi à la lucidité et à la ténacité, face aux erreurs sur Dieu et face à l’esprit du monde.
D. Or, les dénégateurs et les propagateurs de cette “cathophobie de l’intérieur”, intra-ecclésiale et post-conciliaire, NE VEULENT PAS que les fidèles aient conscience du caractère fallacieux et de l’existence effective de cette “cathophobie de l’intérieur”, et VEULENT que les fidèles qui en ont bien conscience culpabilisent leur regard et leur discours sur cette “cathophobie de l’intérieur”, ainsi que leur volonté de se mobiliser et de s’organiser face à elle, ou VEULENT qu’ils s’imaginent qu’ils ont un point de vue pathologiquement non “adapté”, non “évolué”, ni “charitable”, qui les empêche d’adhérer à la fécondité de cette “cathophobie de l’intérieur”.
E. Ce qui suit relève sans doute de la provocation, mais enfin il serait peut-être temps que les fidèles catholiques obtiennent des évêques une analyse, un bilan, en ce qui concerne cette cathophobie intra-ecclésiale et post-conciliaire, alors que nous en sommes à présent à bientôt soixante années de mise en oeuvre de cette “cathophobie de l’intérieur”, notamment en Europe occidentale. La mystique de l’adaptation, de l’évolution, de l’innovation, de l’ouverture, qui est, encore aujourd’hui, ici ou là, à l’ordre du jour, ne s’est-elle pas traduite, en définitive, dès 1965, pour ne pas dire dès le début de la préparation de la troisième session du Concile Vatican II, par une auto-dénaturation délibérée, ou par une auto-fragilisation volontaire, de pans entiers du catholicisme ?
F. Or, si cette “cathophobie de l’intérieur” est aussi féconde que ce que certains clercs ont cru pouvoir dire, hier, ou que ce que d’autres clercs croient devoir dire, aujourd’hui, pourquoi ne pas rendre public un “bilan globalement positif” de sa mise en oeuvre, notamment compte tenu du fait que les séminaires et les presbytères, comme chacun le sait, sont pleins “à ras bords” ? Et si la même “cathophobie de l’intérieur” est aussi nocive que ce que certains fidèles ont été amenés à constater, hier, et que ce que d’autres fidèles sont obligés de constater, aujourd’hui, pourquoi ne pas rendre public un bilan globalement négatif, qui aura le double mérite de libérer les esprits, vis-à-vis de cette “cathophobie de l’intérieur”, et de les responsabiliser, en vue du passage de la “décomposition du catholicisme” à la consolidation du catholicisme, sur des bases à la fois orthodoxes ad intra et réalistes ad extra ?
A qui donc fera-t-on croire que la sécularisation est la seule responsable de la déchristianisation du monde occidental, depuis 1945, et à qui donc fera-t-on croire qu’il n’y a aucune relation de cause à effet entre la mise en oeuvre de la “cathophobie de l’intérieur”, intra-ecclésiale et post-conciliaire, dont il est question ici, et la dégradation de la fidélité des catholiques à l’égard des fondements et du contenu du catholicisme que nous subissons depuis 1965 ?