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Le replay de la messe est ici.
Voici l’homélie de Mgr Pierre-Marie Carré :
Nous venons d’entendre un dialogue entre Jésus et Pierre. Ce texte a marqué votre nouvel évêque et fut à l’origine de sa vocation. La question de Jésus continue à résonner au long des siècles : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? » Chacun d’entre nous peut l’entendre pour lui-même
Bien entendu, Jésus connaît la réponse qui sera faite à cette question. Pierre ne peut que balbutier la réponse : « tu sais tout, tu sais bien que je t’aime ». Mais si Jésus répète cette question, c’est parce qu’elle est essentielle et réclame un choix déterminé. Il est bon de la réentendre au moment d’une ordination épiscopale. Notre force ne vient pas de nous, mais de la fidélité du Seigneur qui dépasse tout ce que nous pouvons imaginer.
Benoît, Jésus te demande si tu l’aimes, parce qu’il n’est pas possible de porter la mission que Dieu te confie sans vouloir être avec lui et donner ta vie comme il l’a fait. Être évêque aujourd’hui, c’est une passion au double sens du terme, un amour passionné mais aussi une charge, parfois lourde, peut-être même très lourdes. Notre Eglise souffre, nous le savons bien. Mais elle est appelée à devenir plus vraie et plus fidèle à l’Evangile. Si l’évêque ne vit pas lui-même cette fidélité par amour du Christ, qui la vivra ?
Jésus te demande si tu l’aimes parce qu’il veut, à travers ton ministère, continuer à aimer ses frères. Il a dit « qu’il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux que l’on aime ». S’il te pose cette question, c’est qu’il veut te faire partager la tendresse qu’il éprouve pour les foules devant lesquelles il a été saisi tant elles ressemblaient à des brebis qui n’ont pas de berger. Nous sommes nombreux, rassemblés pour cette ordination, mais ils sont bien plus nombreux encore ceux qui y sont indifférents.
Jésus te demande si tu l’aimes, parce que la mission épiscopale ne peut pas être portée de manière extérieure. Elle nous traverse tout entier. Elle nous rend heureux quand nous sommes témoins de ce que peut réaliser la foi et l’amour des croyants, elle nous fait souffrir quand des divisions s’opèrent et font de l’ombre à la lumière de l’Evangile.
Jésus demande si tu l’aimes parce qu’il désire que l’Eglise qui est en Lozère – dont tu deviens le pasteur – soit un signe vivant de son amour et de sa présence au milieu des hommes, des femmes et des enfants qui y vivent.
Frères et sœurs, vous avez entendu tout à l’heure les questions posées à votre nouvel évêque. Comment vivre tout cela sans être soutenu par le peuple de Dieu ? Il vous est donné pour être votre évêque. Aidez-le à être un évêque heureux de servir chez vous. Le diocèse et l’évêque sont à l’image l’un de l’autre. Il vous annoncera l’Evangile avec humilité et patience, avec discernement et courage. C’est en ce sens qu’il sera vraiment le successeur des Apôtres et que vous lui permettrez de rendre grâce au Seigneur pour vous.
Le passage des Actes des Apôtres qui a été lu tout à l’heure a également été choisi par votre nouvel évêque. Il nous présente une communauté chrétienne idéale, qui n’a qu’un seul cœur et une seule âme. Cette image parfaite de la première communauté chrétienne à ses débuts n’est pas là pour nous décourager, mais au contraire pour nous engager à chercher la communion entre nous. La communion est le fruit de la grâce de Dieu, c’est certain, et aussi celui de l’effort de chacun pour apprendre à se connaître, à s’estimer, mais également à savoir se pardonner. Que le Seigneur vous soutienne sur cette route !
Un tel amour, vécu en acte, sera un signe vivant. Vous le savez bien, ce qui peut aujourd’hui toucher les cœurs, c’est la manière de vivre bien plus que les paroles. Votre évêque, j’en suis convaincu, saura vous encourager et vous stimuler. Aimez-le car il vous aime déjà de toutes ses forces !
Une brève citation de Jean-Paul II peut nous éclairer. « L’évêque qui sait être un prophète vigilant de l’espérance, une sentinelle de Dieu dans la nuit, peut insuffler confiance à son troupeau, en traçant dans le monde des sentiers de nouveauté ».
Ta famille, tes amis, de nombreux chrétiens de Nantes et d’ailleurs, tes frères évêques, prêtres et diacres, de nombreux chrétiens de Lozère t’entourent. Ils sont heureux de ton ordination. Ils rendent grâces à Dieu qui t’a choisi pour un service aussi important. Benoît, tu perçois que commence pour toi aujourd’hui une existence nouvelle. Tu vas être sollicité et happé par les autres, sans retour.
Être évêque, c’est se tenir au milieu de sollicitations diverses. Chacun voudrait être compris et que ses idées soient retenues. Mais l’évêque doit veiller à l’unité de l’ensemble. Où se trouve donc l’unité profonde ? En Jésus seul. Sans lui, l’autorité pourrait devenir abusive, sans Jésus, l’évêque perdrait sa liberté, sa joie et même son humanité. Voilà pourquoi l’ordination d’un évêque a lieu pendant la célébration de l’eucharistie, au moment où l’on célèbre le don que Jésus fait de tout son être à son Père et à ses frères. C’est dans l’eucharistie que l’évêque continue à se laisser transformer en disciple du Christ. Tout à l’heure, vous verrez le geste de l’ouverture du livre des Evangiles au-dessus de la tête de l’ordinand : ce geste nous fait comprendre que toute sa vie sera sous l’action de la Parole de Dieu.
Que le Seigneur bénisse votre nouvel évêque et vous donne d’avancer tous ensemble avec confiance sur les chemins de l’Evangile. Amen !