Celui que certains voient déjà en successeur du pape François, était à Lourdes, le 11 février, pour la fête du sanctuaire. En la basilique Saint-Pie X, le cardinal Luis Antonio Tagle, archevêque de Manille (Philippines), a présidé la messe internationale pour la 27e Journée mondiale des malades. Plusieurs évêques dont Mgr Nicolas Brouwet, évêque du diocèse de Tarbes et Lourdes, ont concélébré en présence de près de 12 000 pèlerins. Dans son homélie, le cardinal a déclaré :
Nous rendons grâce à Dieu de nous rassembler en cette fête de Notre-Dame de Lourdes et pour la Journée mondiale des malades. Nous remercions Mgr Nicolas Brouwet et les organisateurs des « Journées de Lourdes » qui se focalisent sur la pauvreté et le service de l’Église.
Nous venons tous de différentes parties du monde et expérimentons, d’une certaine manière, « la gloire du Seigneur illuminant » ce lieu sacré. Ici nous marchons « dans la lumière du Seigneur » comme Isaïe l’a prophétisé dans la première lecture. Ici de nombreux pèlerins goûtent « la nouvelle Jérusalem qui vient de Dieu ». Ici nous sommes assurés que « la demeure de Dieu est parmi les hommes » comme l’a vu Jean dans notre deuxième lecture. Cette rencontre avec Dieu est réelle puisque Jésus est avec nous et demeurera avec nous comme il l’a promis (cf. Mt 28, 20). Il a accompli le premier signe de la présence de Dieu à Cana, en Galilée et il continue d’accomplir ce même signe. Aujourd’hui, Cana est Lourdes, et Lourdes est Cana une fois de plus.
Dans l’Évangile de saint Jean, le premier miracle de Jésus se réalise au cours d’un mariage qui tournait mal à cause d’un manque de vin. On ne doit pas manquer de vin pendant un mariage ! Le vin signifie la joie, comme le mariage signifie la joie de l’amour et de la vie. Jésus était présent à ce mariage qui devenait morose, triste et sombre. Mais Jésus a sauvé la fête ! À partir d’une eau toute simple, il leur a donné du vin en abondance. En fait, il leur a donné le meilleur vin. Il a sauvé le banquet et le couple marié. Il a changé la honte et la peur en joie !
Ce fut le premier signe et ensuite il y a eu d’autres signes retenus par saint Jean. Mais chacun de ces signes contient le même dynamisme et la même action de la part de Jésus. Après Cana, Jésus a guéri le fils d’un fonctionnaire du roi à Capharnaüm (Jn 4, 46-54), il a guéri un paralytique à la piscine de Bethzatha (Jn 5, 1-15), il a multiplié le pain pour nourrir cinq mille personnes (Jn 6, 1-15), il a marché sur l’eau en allant vers ses disciples effrayés (Jn 6, 16-21), il a guéri un aveugle-né (Jn 9, 1-12) et il a ressuscité son ami Lazare, mort puis ramené à la vie (Jn 11, 1-44). Pour tous ces signes, Jésus a changé la honte, la maladie, la faim, la peur et la mort en une explosion de lumière, de vie, et de joie. Il est venu pour donner la vie en abondance. En lui, Dieu a fait sa demeure parmi nous et nous avons vu la gloire de Dieu.
Jouant un rôle important mais humble au cours du premier signe à Cana, il y a la Mère de Dieu. Elle observait, vigilante quant aux besoins du couple marié, mais prudente et sage à la fois. Elle a fait délicatement savoir à Jésus la situation potentiellement embarrassante sans le commander ou lui dire quoi faire. Elle a laissé Jésus libre. Elle a mené les servants vers Jésus et leur a dit de faire tout ce qu’il leur dirait. Jésus a dit clairement que sa mission n’était pas assujettie aux besoins humains. Ce n’était pas elle, sa mère bien-aimée qui déterminait son heure. C’était le Père qui l’a envoyé en mission. Le miracle de l’eau changée en vin est le signe que la volonté de Dieu est faite par le Fils qu’il a oint par le Saint-Esprit. Le meilleur vin est la communion de Dieu avec nous en Jésus-Christ. Avec Dieu, il y a l’amour, la vie, le vin et la joie en abondance !
Cana peut être partout. Cana peut être dans nos foyers brisés, dans nos corps malades, dans nos réfugiés blessés, dans nos enfants abandonnés, dans nos personnes droguées et dépendantes, dans nos bidonvilles nauséabonds, dans nos villages ravagés par la guerre, notre terre ruinée. Mais n’ayons pas peur. Ne perdons pas l’espérance. Jésus est là. Sa Mère parle avec lui. Dieu le Père demande à son Fils d’agir. Le Saint-Esprit souffle encore. Mais nous devons être là aussi pour porter les jarres vides, pour puiser l’eau et la donner au maître du banquet, pour s’émerveiller devant le miracle et proclamer : « Nous avons goûté le meilleur vin ». Lourdes est Cana. Votre pays est Cana. Allez, et soyez les témoins des signes que Jésus a accompli parmi nous ! Ce que nous avons vu, entendu et goûté, maintenant nous le proclamons aux autres pour que nous soyons en communion avec le Père et avec Jésus, et notre joie sera complète (1 Jn 1, 1-4). Amen.