Nous publions bien volontiers cette lettre ouverte de Marion Duvauchel, Professeur de lettres et de philosophie :
Messieurs les Evêques de France, debout.
Il y a quelques semaines M. Raphaël Delpard, incroyant et auteur du film « La persécution des chrétiens aujourd’hui dans le monde » a fait paraître un article remarquable intitulé « la Disparition programmée de la chrétienté catholique française ». Nous l’en remercions avec chaleur. Oui la Révolution a opéré une partition entre deux France : celle dont la culture fut gréco-latine, coulée dans bronze de l’Ancien Testament, et la France jacobine, qui met ses pas dans la philosophie du Grand Orient, décide que l’Etat est tout et que les religions doivent être invisibles, surtout la religion chrétienne. Car l’islam, lui, est bien visible, et compte bien l’être plus encore.
Pour la première de ces deux France, l’homme est un ami pour l’homme et même potentiellement un frère. Pour la seconde, il est un loup pour l’homme, et il faut évidemment un Etat, pour empêcher les loups de se dévorer entre eux, mais surtout pour mieux tondre les brebis.
Emmanuel Macron a décidé de modifier une poignée d’articles de la loi de 1905. Il s’agit de rendre l’islam crédible et de l’inscrire dans le paysage national. Avez-vous senti le moindre frémissement de la part de nos Evêques de France ? Avez-vous entendu le moindre cri d’alarme retentir dans une langue frémissante et inspirée? Avez-vous senti le moindre souffle d’indignation ? Cette indignation dont nous sommes actuellement de si grands consommateurs.
Que disent nos Evêques de France à l’annonce de ce changement lourd de conséquences?
Rien, nos évêques de France ne disent rien, n’élèvent pas la voix, n’invitent pas les chrétiens à se lever d’un même cœur et d’un même courage pour défendre la chrétienté catholique française, son avenir, donc ses enfants.
Et la médiocre technocratie de nos paroisses, les éminences de nos « Cathos » et Instituts divers, tous ceux qui sont installés dans l’Eglise comme des rats dans un fromage ? Rien, tout ce petit monde ne dit rien.
Mais pour le pacte de Marrakech, là nos Evêques se sont prononcé. Mais bien sûr… signons, signons, il en restera bien quelque chose.
M. Delpart pense que les catholiques sont dans le désarroi. Il les décrit fort bien. Ceux qui sont dans la Béatitude et l’émerveillement des Evangiles. Tous marcionistes sans le savoir, ils n’ont jamais ouvert une Bible et ignore tout de leur histoire culturelle. Ils sont surtout dans l’ignorance crasse et le refus d’ouvrir les yeux. Ils sont soutenus par tout un pan du clergé qui nourrit ce rêve éveillé de la bouillie homilétique dominicale qui laisse dans un état de sidération ceux qui n’ont pas du blanc-manger en guise de raison.
Il y a ceux qui sont démunis et désorientés, mais on leur a tellement raconté que le christianisme c’est la paix, oui la paix, c’est le nom de Jésus, et autres balivernes qu’on fait chanter à satiété avec d’autres carabistouilles sirupeuses qu’il n’y a pas grand chose à attendre d’eux. Ils resteront démunis et désorientés, ça occupe l’esprit.
Enfin, Il y a ceux qui voient qu’on gomme la chrétienté catholique par touches successives du paysage national, mais ils craignent la hiérarchie.
Qu’avons-nous à redouter de cette hiérarchie ? Nous sommes des laïcs, nous ne sommes pas tenus à l’obéissance, nous n’avons pas prononcé ces vœux qui nous ligotent dans tous nos mouvements. Laïcs, nous avons la liberté et l’immense responsabilité des laïcs. Nous n’avons à redouter que Celui qui nous demandera des comptes quand il nous faudra nous présenter devant Lui et qu’il nous dira : « Qu’as-tu fait des dons de l’Esprit saint ?
Messieurs es Evêques de France, vous aussi n’avez de compte à rendre qu’à Dieu : vous êtes les successeurs des Apôtres, et non des employés du Pape ou de la Conférence Episcopale nationale.
Avez-vous combattu la théorie du genre ? Nous autres laïcs nous l’avons dénoncée, nous avons protesté, nous nous sommes levés. Quand on a commencé à massacrer les chrétiens d’Orient, vous avez enfin découvert le christianisme de là-bas. Vous avez mollement mis en garde contre l’islam en ressassant les balivernes des dialogueux qui tiennent les structures diocésaines. Ce que vous faites encore de mieux, c’est de nous demander de l’argent, pour payer les coteries de laïcs incompétents qui sont la gangrène des diocèses.
Il y a peu, des hommes et des femmes se sont levés. Ils ont enfilé un gilet jaune et ils sont allés défier le pouvoir en place. La colère est une requête de justice. Ils ne veulent pas de la soupe populaire, ils veulent bénéficier des richesses d’un pays qui en regorge encore. Et ils ont mis le pays sens dessus dessous, ainsi que le gouvernement.
Avons-nous entendu un seul Evêque interpeller le président, interpeller les hommes politiques, leur rappeler leur devoir de justice, que ce devoir de justice touche d’abord le prochain et que le prochain d’un homme d’Etat, ce sont ses administrés ?
Messieurs les Evêques de France, vous aurez à rendre compte devant Celui qui a fondé cette Eglise qui est son corps et son sang : « qu’as-tu fait pour Moi et pour mon Eglise répandue à travers le monde? Qu’as-tu fait pour la défendre ? ».
Vous avez déjà livré sans même combattre les enfants petits aux idoles sanglantes de cette République insatiable, et qui n’aura de cesse qu’elle n’ait fait disparaître l’Eglise de ce sol français que l’islam profane. Devant la pornographie programmée dans les écoles, quelle réponse ? Le même silence d’une discrétion absolue, sans doute imposé par la raison prudentielle.
Allez-vous encore une fois vous taire alors que se préparent les conditions pour que s’efface de la terre de France cette chrétienté historique qui a donné des fruits uniques, comme se sont effacées de la face de la terre tant d’autres chrétientés, le plus souvent dans le sang, ces chrétientés apostoliques qui n’ont pu survivre qu’en se soumettant au dur joug de l’islam : l’Eglise copte – celle de saint Marc -, l’Eglise de Perse et d’Inde, fondées par Thomas ; l’Eglise du Soudan, fondée par Mathias ; la chrétienté disparue du Caucase, les Albaniens, effacés au VIIIème siècle.
Tous ceux qui ont connu cette oppression prient pour que cette croix nous soit épargnée, et tous aspirent à la liberté dont nous avons joui pendant des siècles, grâce au rempart des pays des Balkans, qui n’ont pas oublié, eux, le prix qu’ils ont payé et dont nous avons ramassé les fruits de développement.
Ces peuples des Balkans, si proches géographiquement et culturellement de la Grèce antique savent que la roue de l’Histoire leur fit perdre ce sans quoi il ne peut y avoir ni arts, ni lettres, ni philosophie : la liberté. « Ce fut une nuit qui dura des siècles et pendant laquelle des générations entières naissaient et mouraient aveugle. (…) Toute la lumière antique fut offusquée par les ténèbres des envahisseurs, dont l’ignorance et l’arriération ne connaissaient pas d’exemple». Ces lignes sont du grand écrivain albanais, Ismaïl Kadaré.
Non, M. Delpard, nous ne craignons pas la hiérarchie catholique, ce que nous craignons, c’est de voir un jour nos enfants sous le joug de l’islam, qu’ils connaissent cette nuit qui pourra durer des siècles et pendant la quelle des générations entières pourraient naître et mourir aveugles.
Il ne faut pas signer le pacte de Marrakech. Il faut rejeter l’amendement programmé à la loi de 1905. Qu’attendez-vous pour le dire publiquement.
On ne sert pas son Dieu prosterné devant les idoles de la République.
Le pouvoir tient de Lui son autorité ? Qu’à cela ne tienne : nous, nous tenons de Lui le courage de le combattre, ce pouvoir inique, qui prétend asservir l’homme à la fiscalité, au droit déraciné de la justice, aux lois iniques de Mammon.
Debout, Messieurs les Evêques de France. Le Peuple de Dieu veut pouvoir être fier de son Episcopat.