En bon français on appelle cela un viol, non ? Oui mais il s’agit du cinéaste italien Bernardo Bertolucci, mort à Rome à l’âge de 77 ans en début de semaine. Et donc La Croix, qui retrace de façon louangeuse la carrière de ce cinéaste, utilise une périphrase pour évoquer ce viol en plein tournage…
Revenant sur cette affaire en 2013, le cinéaste explique :
“La séquence du beurre est une idée que j’ai eue avec Marlon le matin même où elle devait être tournée. Je reconnais que ce fut horrible pour Maria parce que je ne lui en ai pas parlé. Parce que je voulais sa réaction de fille, pas celle d’une actrice. Je voulais capter sa réaction de fille humiliée, par exemple lorsqu’elle hurlait ‘non, non !’. Et je pense qu’elle nous a haï moi et Marlon Brando parce que nous ne lui avons rien dit de cette séquence, de ce détail, l’utilisation du beurre comme lubrifiant. Je me sens très coupable de ça.”
“Vous en avez des regrets ?”
“Non, mais je me sens coupable. Pour faire des films, quelquefois, pour obtenir quelque chose, je pense que vous devez être totalement libre. Je ne voulais pas que Maria ‘joue’ l’humiliation, la rage ; je voulais qu’elle ressente l’humiliation et la rage. Et elle m’a haï toute sa vie pour cela.”
L’actrice violée, Maria Schneider, mourut prématurément à l’âge de 58 ans, en 2011, emportée par un cancer, au terme d’une existence marquée par l’usage de drogues dures, et une courte carrière brutalement interrompue après… le Dernier tango à Paris. De ce film, elle avait dit :
« Je me suis sentie violentée. Oui, mes larmes étaient vraies ». « J’étais jeune, innocente, je ne comprenais pas ce que je faisais. Aujourd’hui, je refuserais. Tout ce tapage autour de moi m’a déboussolée ».
Elle avouait alors avoir perdu sept ans de sa vie » entre cocaïne, héroïne et dégoût de soi.
Quand on lit l’article de La Croix, on a juste l’impression d’un incident de carrière du cinéaste.