Homélie du dimanche 4 novembre de Monseigneur Georges Pontier, président de la Conférence des évêques de France (CEF). A Lourdes :
Voilà qui est clair ! On n’est pas loin du Royaume de Dieu quand on aime Dieu de tout son cœur, de toute son âme, de tout son esprit et de toute sa force, et qu’on aime son prochain comme soi-même. « Il n’y a pas de commandement plus grand que ceux-là. » Saint Augustin a eu cette formule éclairante : « l’amour de Dieu est premier dans l’ordre des préceptes et l’amour du prochain est premier dans l’ordre de la pratique. » Saint Jean de la Croix ajoutait : « à la fin de notre vie, nous serons jugés non pas sur ce qu’on a fait, mais sur la quantité d’amour que l’on a mis pour faire ce qu’on a à faire. » L’apôtre Jean avait, pour sa part, posé la question : « Si tu n’aimes pas ton frère que tu vois, comment pourrais-tu aimer Dieu que tu ne vois pas ? »
Nous voilà renvoyés au commandement de l’amour qui est au cœur de notre foi chrétienne, au cœur de notre suite du Christ, au cœur de nos engagements dans le monde. Nous n’avons que l’amour comme arme ou si vous préférez : rien de ce qui ne relève pas de l’amour pour les autres ne peut plaire à Dieu qui est Amour. On comprend bien qu’il s’agit de cette qualité de l’amour qui fait passer le bien de l’autre avant le sien propre, qui trouve son bonheur dans la recherche de celui de l’autre. Nous le tenons du Christ donnant sa vie par amour pour le salut de ses frères. Nous le comprenons en voyant les drames que causent les manques d’amour, de compassion, de justice dans le monde. Quand on vit pour soi-même, on perd toute conscience humaine, toute conscience fraternelle. On vit pour soi. On fait mal, on écrase, on peut même tuer. Et cela se vérifie dans les vies personnelles comme dans la vie internationale.
Chers frères et Sœurs, ce qui manque dans le monde, c’est la compassion, la tendresse, la fraternité, la justice. Cela manque aussi dans la vie de notre Église. Oh, c’est vrai, il y a de grands acteurs de l’amour en son sein. Ce sont ceux-là que l’Église nous présente comme modèles. Elle vient de le rappeler à Toussaint. Elle nous invite à faire partie de ceux-là. Mais nous savons bien que nous sommes loin du compte. Quand notre Église n’a pas entendu ou n’entend pas le cri de ceux qui souffrent, elle augmente le péché du monde. Quand elle n’a pas été la première à défendre les enfants, les jeunes abusés, quand elle a peur des étrangers et n’est pas la première à vivre l’accueil, quand elle ne défend pas le droit des plus fragiles, celui de naître comme celui de mourir en paix, quand elle est trop préoccupée d’elle-même, alors elle faillit à sa mission. Nous sommes rassemblés cette semaine, les Évêques de France. Nous sommes attentifs à la vie de nos Églises diocésaines. Bien des choses nous réjouissent. Nous voyons des chrétiens engagés, des prêtres généreux et courageux. Mais nous voyons aussi nos fautes, nos surdités, nos manques de courage.
Nous autres chrétiens, baptisés, nous avons une belle et grande mission dans ce monde. Nous devons rappeler la grande dignité de tout être humain aimé de Dieu. Nous devons témoigner de notre foi en Dieu, maître de la vie et de notre confiance en l’homme poursuivi par l’Esprit de Dieu, éclairé, encouragé, relevé par Lui. Nous devons redire qu’il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. Nous proclamons que nous sommes faits pour Dieu et que notre cœur est sans repos tant qu’il ne demeure pas en Lui.
Qu’il soit béni ce Dieu vainqueur du mal et source de tout amour. Qu’Il soutienne notre désir de Lui plaire !