L’abbé Hubert Bizard, vice recteur du Séminaire Saint-Pierre de Wigratzbad (Allemagne) et chapelain francophone de la Confraternité Saint-Pierre (oeuvre de prières pour les prêtres, séminaristes et vocations de la Fraternité Saint-Pierre), évoque la prière pour les défunts et les âmes du purgatoire dans sa lettre mensuelle aux membres de la Confraternité Saint-Pierre. Il faut nous rappeler que le mois de novembre est le mois où nous devons particulièrement prier pour les défunts et parmi eux les âmes du purgatoire.
Chers amis membres de la Confraternité Saint-Pierre,
Il est un usage ancestral dans nos villes et nos villages d’honorer ceux qui sont morts. Nous voyons ainsi par exemple dans nos pays des cérémonies organisées chaque année aux jours anniversaires de la fin de différents conflits en hommage aux soldats ayant combattu pour la sauvegarde de la patrie. Nous bâtissons encore des statues sur les places aux “grands hommes” qui ont façonnés l’histoire de nos pays. Ces différentes actions naissent du sentiment naturel de gratitude envers ceux auxquels nous devons ce que nous sommes aujourd’hui.
D’une manière similaire, l’Eglise nous fait honorer chaque jour des saints par les fêtes de son calendrier; et chaque année également, elle nous invite durant le mois de novembre à nous souvenir et à prier pour les âmes du purgatoire. Envers elles nous possédons en effet un devoir de gratitude et nous sommes de plus liés par le lien de la communion des saints. Ces âmes sont nos soeurs.
Si les cérémonies civiles se bornent à un simple hommage (aussi solennel puisse-t-il être), la prière pour les âmes du purgatoire à laquelle nous invite l’Eglise possède elle une vertu efficace pour faire du bien à ceux que nous aimons
En effet, au terme de notre vie finira pour nous le temps du mérite et du démérite. Nous serons jugés par Dieu qui, selon le degré de charité qui sera alors le nôtre, nous ouvrira immédiatement les portes du ciel ou nous fera expier les fautes que nous n’avons pas expiées sur terre, afin de nous faire paraître devant lui avec cette robe blanche dont parle l’Evangile.
Ce “temps” de purification du purgatoire que les âmes des fidèles défunts ont à accomplir peut être abrégé par les bonnes actions, les prières, les messes que nous offrirons à leurs intentions, selon le principe une nouvelle fois de la communion des saints ou communion des biens: nous pouvons faire profiter une âme des biens qui sont les nôtres, en particulier de nos bonnes actions.
Nous serons jugés au ciel sur notre degré de charité, et c’est pourquoi nous devons tant que nous sommes ici-bas nous exercer à pratiquer et développer cette vertu. Tout d’abord envers Dieu, par le culte que nous lui rendons et par l’hommage de nos vies que nous essayons de lui consacrer; et également envers notre prochain (l’un n’ira pas sans l’autre), nous souvenant que ce que nous aurons fait au plus petit d’entre les siens, c’est au Christ que nous l’aurons fait.
L’Eglise a toujours affirmé, à la suite de l’Evangile, que le temps de purification au purgatoire est un temps douloureux. D’autant plus douloureux que les âmes du purgatoire aiment Dieu intensément et souffrent avec la même intensité de la séparation qui est la leur. Parmi elles se trouvent certains de nos proches; des membres de nos familles ou des amis. Se trouvent également des âmes auxquelles nous sommes liés par ce qu’elles ont fait pour notre pays, c’est à dire pour nous. Se trouvent enfin beaucoup d’âmes oubliées, pour nous peut-être inconnues mais qui ont partagés les mêmes soucis que nous à leur époque; et ces âmes sont depuis longtemps oubliées de tous, car qui pense encore concrètement à tel habitant, tombé dans l’oubli, de telle ville d’une époque lointaine, aujourd’hui peut-être au purgatoire?
Dans un autre domaine, lequel d’entre nous ici-bas supporterait sans souffrir de savoir un membre de sa famille en prison pour de longues années? Quel est celui qui ne chercherait pas à réunir une petite ou grande somme d’argent pour un proche si cette rançon lui permettait de sortir de sa prison et de retrouver les siens. Quel est celui qui négligerait d’aller visiter un parent proche emprisonné sachant que cette visite, quant à lui, sera sans doute l’unique réconfort de sa journée? Personne sans doute. Nous aurions du mal à nous endormir en paix en songeant que l’un des nôtres passe une nouvelle nuit derrière les barreaux, privé de sa liberté, de son confort et de ceux qu’il aime.
Et pourtant, la prison du purgatoire, plus amère que celles d’ici-bas, existe et nous laisse, avouons-le, trop indifférent. C’est pourquoi nous sommes invités activement à prier ce mois-ci pour toutes ces âmes dans l’attente; un jour, nous serons probablement nous-mêmes au purgatoire et si peut-être beaucoup prieront pour nous à l’annonce de notre mort, nous savons que nous disparaîtrons très vite de la pensée de ceux qui nous ont connus et que la prière à nos intentions se fera de plus en plus rare avec le temps.
Que ce mois de novembre nous invite donc à nous souvenir avec charité de ceux qui sont dans l’oubli. Ces âmes pour lesquelles nous prierons et qui peut-être seront délivrées par nos prières ou sacrifices deviendront alors pour nous des bienfaiteurs au ciel qui intercéderons auprès de Dieu, soyons en sûrs, pour nous rendre le bien que nous leur auront apporté.
Nous n’avons pas à faire un long voyage pour aller les visiter, ni à bousculer notre emploi du temps. Quelques belles prières, aumônes, actes de charité ou encore de patience suffisent. Au purgatoire, des années peut-être après notre mort, ne serions-nous pas heureux de savoir qu’une âme s’est rendu à la Messe pour nous, véritable goutte d’eau offerte à celui qui a soif.
Nous serons servis avec la même mesure avec laquelle nous aurons servi les autres. Soyons généreux.
La messe à vos intentions sera célébrée le 11 novembre prochain.
Tous les prêtres de la Fraternité offriront également le 5 novembre (ou un jour proche) une messe de Requiem pour les défunts de la Fraternité et de la Confraternité Saint-Pierre.