Un lecteur nous invite à diffuser ce communiqué de la Fraternité Saint-Pie X à propos la canonisation ce dimanche 14 octobre du Pape Paul VI. Le communiqué résume un certain nombre de réserves que nous ne pouvons ignorer.
La Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X réitère les sérieuses réserves qu’elle avait exprimées lors de la béatification de Paul VI, le 19 octobre 2014 :
– Ces béatifications et canonisations des papes récents, selon une procédure accélérée, s’affranchissent de la sagesse des règles séculaires de l’Eglise. Ne visent-elles pas davantage à canoniser les papes du concile Vatican II, plutôt qu’à constater l’héroïcité de leurs vertus théologales ? Lorsque l’on sait que le premier devoir d’un pape – successeur de Pierre – est de confirmer ses frères dans la foi (Lc 22, 32), il y a de quoi être perplexe.
– Certes Paul VI est le pape de l’Encyclique Humanae vitae (25 juillet 1968) qui apporta lumière et réconfort aux familles catholiques, alors que les principes fondamentaux du mariage étaient fortement attaqués. Il est également l’auteur du Credo du peuple de Dieu (30 juin 1968) par lequel il voulut rappeler les articles de foi catholique contestés par le progressisme ambiant, notamment, dans le scandaleux Catéchisme hollandais (1966).
– Mais Paul VI est aussi le pape qui mena le concile Vatican II à son terme, introduisant dans l’Eglise un libéralisme doctrinal qui s’exprime par des erreurs comme la liberté religieuse, la collégialité et l’œcuménisme. Il s’en est suivi un trouble que lui-même a reconnu, le 7 décembre 1968 : « L’Eglise se trouve dans une heure d’inquiétude, d’autocritique, on dirait même d’autodestruction. Comme si l’Eglise se frappait elle-même. » L’année suivante, il avouait : « Dans de nombreux domaines, le Concile ne nous a pas donné jusqu’à présent la tranquillité, mais il a plutôt suscité des troubles et des problèmes non utiles au renforcement du Royaume de Dieu dans l’Eglise et dans les âmes. » Jusqu’à ce cri d’alarme du 29 juin 1972 : « La fumée de Satan est entrée par quelque fissure dans le temple de Dieu : le doute, l’incertitude, la problématique, l’inquiétude, l’insatisfaction, l’affrontement se font jour… » – Mais il ne fit qu’un constat, sans prendre de mesures propres à arrêter cette autodestruction.
– Paul VI est le pape qui, dans un but œcuméniste, imposa la réforme liturgique de la messe et de tous les rites des sacrements. Les cardinaux Ottaviani et Bacci dénoncèrent cette nouvelle messe comme s’éloignant « de façon impressionnante, dans l’ensemble comme dans le détail, de la théologie catholique de la Sainte Messe, telle qu’elle a été formulée à la XXIIe session du Concile de Trente ». 1 A leur suite, Mgr Lefebvre déclara la nouvelle messe « imprégnée d’esprit protestant », portant en elle « un poison préjudiciable à la foi ». 2
– Sous son pontificat nombreux furent les prêtres et les religieux persécutés et même condamnés pour leur fidélité à la messe tridentine. La Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X se souvient avec douleur de la condamnation de 1976 infligée à Mgr Marcel Lefebvre, déclaré suspens a divinis pour son attachement à cette messe et pour son refus catégorique des réformes. Ce n’est qu’en 2007 que, par le Motu Proprio de Benoît XVI, fut reconnu le fait que la messe tridentine n’avait jamais été abrogée.
Aujourd’hui plus que jamais, la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X renouvelle son attachement à la Tradition bimillénaire de l’Eglise, convaincue que cette fidélité, loin d’être une crispation passéiste, apporte le remède salutaire à l’autodestruction de l’Eglise. Comme l’a déclaré récemment son Supérieur général, l’abbé Davide Pagliarani : « Notre vœu le plus cher est que l’Eglise officielle ne considère plus (le trésor de la Tradition) comme un fardeau ou un ensemble de vieilleries dépassées, mais bien comme l’unique voie possible pour se régénérer elle-même. 3
Menzingen, le 13 octobre 2018
1. in Bref examen critique de la nouvelle messe, lettre préface des cardinaux Ottaviani et Bacci, 3 septembre 1969, §1.
2. Lettre ouverte aux catholiques perplexes, Albin Michel, 1985, p. 43.
3. Entretien de l’abbé Pagliarani dans FSSPX.Actualités du 12 octobre 2018.
La photo est à l’envers.
Pendant ce temps, canonisé dans leurs cœurs par les catholiques, Sa Sainteté Pie XII attend toujours la reconnaissance officielle de sa sainteté.
Vous avez entièrement raison… et cette photo circule abondamment sur le net d’ailleurs.
SP
Au Communiqué de la FSSPX, très mesuré dans le ton et l’expression, il faut malheureusement ajouter d’autres éléments qui ne militent pas vraiment pour la canonisation de Paul VI.
La désignation comme secrétaire et pièce maîtresse de la réforme de la Messe d’un homme qui s’est révélé être un ennemi intime de la foi catholique, Hannibal Bugnini, et que Paul VI lui-même a dû littéralement chasser de son poste en 1975 quand il a été découvert (un peu tard) qui il était.
Le côté fort peu marial de Paul VI, qui a écarté le schéma consacré à Notre-Dame préparé pour le Concile, bornant l’exposé de la place de la Vierge Marie dans l’Eglise au dernier et pauvre 8ème chapitre de la troisième constitution conciliaire Lumen Gentium (pour faire plaisir aux protestants ?).
Son comportement désinvolte lors des cérémonies anniversaires des apparitions à Fatima en 1967 est venu illustrer encore ce “dédain marial” du pape Montini.
Enfin, selon les règles (sérieuses) en vigueur avant 1983 pour les canonisations, il aurait fallu quatre miracles pour Jean XXIII, or il n’y en a eu qu’un seul, en raison des nouvelles normes, toutes de facilité bien entendu, et d’une “dispense” supplémentaire accordée par François.
Et, toujours selon les mêmes règles, quatre également pour Paul VI, et il n’y en a eu que trois, et encore plutôt deux compte-tenu du caractère très “tiré par les cheveux” du dernier, obtenu au forceps pour permettre quand même la fameuse canonisation.
Dans ces conditions, que valent ces deux canonisations, celle de Jean XXIII et celle de Paul VI ?
Hélas, probablement pas grand-chose.
Ce qui, soit dit en passant, n’enlève rien à la valeur de ces deux personnages, diplomate fort honnête pour Jean XXIII et prélat fort humain pour Paul VI, mais sans l’héroîcité des vertus qui caractérisent les saints.
Alors autant canoniser tout de suite et directement le concile de Vatican 2, puisque c’est bien cela qu’ils veulent, coûte que coûte, nos amis…..
L’article cite Paul VI pape
“« Dans de nombreux domaines, le Concile ne nous a pas donné jusqu’à présent la tranquillité, mais il a plutôt suscité des troubles et des problèmes non utiles au renforcement du Royaume de Dieu dans l’Eglise et dans les âmes. » “.
A-t-il pu faire entendre sa voix lors du concile ?
Je réagis aux commentaires qui laissent entendre que Paul VI n’aurait pas été canonisé si on avait suivi les normes canoniques antérieures à la réforme des procès de canonisation. Il faut tout de même un miracle pour la béatification et un autre pour la canonisation. Ces miracles sont étudiés selon une procédure rigoureuse et rien ne permet de douter de leur authenticité.
Mais je voudrais surtout faire remarquer que la canonisation est un acte par lequel le pape entend engager la foi catholique de manière définitive. Le pape a l’autorité pour agir ainsi, selon la tradition catholique. La valeur d’une canonisation ne dépend pas des procédures qui ont amené le pape à poser un tel acte.
La sainteté de Paul VI est donc une vérité de foi définitive, du moins si l’on en croit lune note de la Congrégation pour la doctrine de la foi du 29 juin 1998 signée du cardinal Ratzinger qui affirme que les canonisations engagent le magistère de façon définitive, au même niveau que d’autres vérités comme l’ordination sacerdotale réservée aux hommes : http://www.vatican.va/roman_curia/congregations/cfaith/documents/rc_con_cfaith_doc_1998_professio-fidei_fr.html
Je voudrais simplement signaler que Paul VI a été canonisé par le pape. Certes, les procédures pour y aboutir ont changé, mais cela ne change pas le fait que le pape, en le canonisant, a posé un acte qui engage l’Eglise de façon définitive. La sainteté de Paul VI est une vérité “de fide tenenda”, au même titre, par exemple, que le fait que l’ordination sacerdotale soit réservée aux hommes.
Je crois que vous vous trompez.
La décision d’un pape de canoniser n’est pas couverte par l’infaillibilité pontificale.
J’aimerais que vous développiez quelle est (et où se trouve) selon l’Eglise l’héroïcité des vertus, qui pourrait justifier la canonisation du pape Montini.
La question est simple et devrait pouvoir trouver une réponse sans échappatoire.