La pression monte autour de l’épiscopat français, après les scandales d’abus sexuels dévoilés aux Etats-Unis, en Irlande, en Allemagne… ” Abus sexuels, état d’urgence dans l’Eglise “, titrait le quotidien La Croix, le 13 septembre, avant de publier. KTO a organisé, le 21 septembre, une nouvelle émission sur la pédophilie. Antoine-Marie Izoard, directeur de la rédaction de l’hebdomadaire Famille chrétienne, a lancé :
” Il y a une forme de colère qui monte. Les évêques ont été un peu légers. On attend qu’ils prennent une initiative. Face à l’ampleur des révélations, il faut que tout sorte “. ” Il nous faut maintenant faire le ménage. Je dis aux évêques : prenez vos responsabilités. Celui qui a couvert un jour un cas, c’est fini, il démissionne. “
Les cas d’abus ne seraient pas si rares en France, mais les scandales, parfois anciens, sortent peu à peu. Mgr Eric de Moulins-Beaufort, récemment nommé archevêque de Reims, estime :
” J’aspire à ce qu’un jour nous puissions faire un vrai rapport complet, en se faisant aider pour cela par des personnes extérieures, pour avoir une vision plus scientifique. Il faudrait faire une sorte d’étude épidémiologique. Pour ce qui est de la hiérarchie, cela permettrait de voir ce qui a été fait ou n’a pas été fait. Dans plusieurs cas, on s’est apparemment inquiété, mais sans aller au bout de l’enquête “.
Les archives sont très parcellaires, notamment pour tous les faits antérieurs à 2000 et relatifs à des prêtres aujourd’hui morts.
Pour la première fois, lors de leur réunion à Lourdes, début novembre, les évêques entendront des victimes d’abus. Témoigne chrétien a lancé un appel de chrétiens, d’ex-ministres, d’avocats, de victimes pour qu’une enquête parlementaire indépendante sur les abus sexuels dans l’Église en France voit le jour. Le porte-parole de la Conférence des évêques de France Olivier Ribadeau-Dumas a déclaré aujourd’hui :
“Je suis favorable à tout ce qui peut aider les victimes dans leur écoute, leur accompagnement et dans la restauration de leur vie et tout ce qui peut favoriser la lutte contre la pédophilie”. “Est-ce qu’une commission d’enquête parlementaire peut vraiment faire cela ? Je ne sais pas”. “Il ne faut pas oublier que le but, ce doit être avant tout les victimes et pas autre chose”. “S’il devait y avoir une commission d’enquête parlementaire, il me semble qu’elle devrait porter sur l’ensemble du phénomène de la pédophilie, pas simplement dans l’Église, qui est gangrénée par cela, mais dans l’ensemble de la société qui en est marquée, parce que nous savons bien que dans toutes les institutions où il y a des jeunes, il y a aussi de la pédophilie”.
Dans l’appel lancé par Témoignage chrétien,
“il y a des choses qui ne me semblent pas justes: une espèce d’instrumentalisation, peut-être, des propos du Pape, et une négation ou un silence que je trouve très dommageable sur l’ensemble des mesures qui ont été très prises par l’épiscopat français depuis deux ans et demi pour l’écoute, l’accompagnement des victimes, la collaboration avec la justice et le développement de la prévention contre la pédophilie, comme si nous n’avions rien fait depuis deux ans et demi”.