Dans sa Lettre au peuple de Dieu du 20 août dernier, suscitée par les horribles révélations des abus sexuels contre des mineurs contenues dans le rapport du grand jury de Pennsylvanie, le pape François voit dans le « cléricalisme » une des principales causes de ces abus : « Dire non aux abus, c’est dire non, de façon catégorique, à toute forme de cléricalisme ». Ce mot est répété trois fois dans le même paragraphe. Le mot homosexuel n’est cité aucune fois dans ce texte qui en contient plus de 2 200. Une douzaine de jours plus tôt, le cardinal Blase Cupich, archevêque de Chicago, estimait, lui aussi, que le « cléricalisme » était le problème à la racine de ces abus. Dans leur récent Message au peuple de Dieu qui est en France, les évêques membres du conseil permanent de la Conférence des évêques de France, dénoncent le « fléau de la pédophilie ». Le mot « pédophilie » y est cité trois fois, le mot « homosexualité » jamais.
Le Dr. Rick Fitzgibbons est un médecin psychiatre catholique de Pennsylvanie, qui pratique sa discipline depuis quarante ans. Ses références professionnelles et universitaires sont impressionnantes, il fut même consultant à la Congrégation pour le clergé de la Curie romaine. Il vient de donner une longue et passionnante contribution à LifeSiteNews sur la grave crise des abus sexuels commis par des prêtres et des évêques, à laquelle la rédaction de LifeSiteNews a donné pour titre « Quiconque impute la crise des abus au “cléricalisme”, participe à la dissimulation de cette crise des abus »… Voici la traduction d’un passage saillant, pour notre propos, de cette contribution.
Le rapport du grand jury de Pennsylvanie a nettement identifié le harcèlement sexuel d’enfants, d’adolescents et d’adultes comme « prédation homosexuelle contre des enfants, des adolescents et des adultes par un adulte mâle ». En particulier, il n’utilise pas les termes de l’étude John Jay [Causes and Context, 2011] : pédophilie pour des abus sur des enfants, éphèbophilie pour des actes d’abus commis sur des adolescents. Au lieu ce cela, le rapport de Pennsylvanie dit clairement que lorsqu’un mâle a des comportements d’abus sexuels envers un autre mâle, il s’agit d’une prédation homosexuelle indépendamment de l’âge de la victime.
Dans sa lettre du 20 août 2018, le pape François a déclaré que le « cléricalisme » était la cause première de la crise des abus sexuels en Pennsylvanie. Il déclare : « Le cléricalisme, favorisé par les prêtres eux-mêmes ou par les laïcs, engendre une scission dans le corps ecclésial qui encourage et aide à perpétuer beaucoup des maux que nous dénonçons aujourd’hui. Dire non aux abus, c’est dire non, de façon catégorique, à toute forme de cléricalisme. »
Le cléricalisme a été défini ailleurs comme une « attitude désordonnée » envers le clergé avec souvent comme conséquence une « déférence excessive et une présomption de sa supériorité morale ». Le pape François a signalé qu’une telle attitude peut être « favorisé[e] par les prêtres eux-mêmes ou par les laïcs ».
Toutefois, le cléricalisme n’a pas pour conséquence le besoin psychologique d’un prêtre d’avoir une relation sexuelle avec un autre mâle et tout particulièrement un adolescent.
Le Saint Père ne reconnaît pas le rôle de la prédation homosexuelle chez le clergé dans la crise de Pennsylvanie.
Le cardinal Cupich a lui aussi identifié le cléricalisme, et non les prêtres homosexuels, comme la cause de la crise des abus sexuels. Récemment, l’arrestation de deux prêtres de l’archidiocèse de Chicago pour comportement obscène en public, érode l’étiquette de cléricalisme.
Mon opinion professionnelle c’est que dans l’effort pour nier le rôle de l’homosexualité dans la crise des abus sexuels, le cléricalisme […] a été de manière incorrecte identifié comme cause majeure. Il n’y a aucune relation psychologique entre le cléricalisme […] et l’abus sexuel sur des jeunes.
[Cela] manifeste une tentative de dissimulation des vraies origines de la crise des abus sexuels […]
Tout à fait d’accord avec cet article.
Accuser le “cléricalisme” d’être à la source de la pédophilie et de l’homosexualité de certains relève, au mieux d’une erreur et au pire d’une ruse pour tromper le public chrétien sur la responsabilité réelle ce ces dérives.
C’est par ailleurs dangereux car l’utilisation de ce concept flou de cléricalisme à propos des faits que l’on sait pourrait vite conduire à mettre en cause le clergé en général.
Or le clergé, composé d’une grande majorité de personnes honnêtes, ne doit pas être déstabilisé par le comportement d’une toute petite minorité.
De la pédophilie et de l’éphébophilie ce n’est pas le cléricalisme qui est la cause première, c’est d’abord et avant tout la faute personnelle de quelques uns.
La source de la faute, comme de tout péché, est toujours personnelle et non collective.
Entièrement d’accord avec l’analyse citée.
Elle mériterait d’être citée dans son intégralité.
Il n’y aura pas de clarification nette et acceptable sans ce lien entre pédophilie et homosexualité.
Les évêques évitent soigneusement de parler l’homosexualité. Par peur des représailles médiatiques.
Ils sont donc dans le mensonge.
Un “petit mensonge” qui remplace un “gros mensonge” sur les actes pédophiles ?
L’Eglise n’ira pas loin avec ce chemin de “vérité” mensongé à la base.
Les chrétiens sérieux vont décrocher et reconnaître que l’institution ecclesiastique n’est pas pas meilleure qu’une autre. Et, peut-être, même pire.
Comment prêcher la morale, l’éthique après les révélations qui ne semblent pas en finir ? Hier l’Allemagne, etc.
Le crédit de l’Eglise catholique s’effondre. Et, malheureusement, définitivement, au moins en Occident, en Europe. Alors qu’Elle est déjà dans un état où les soins palliatifs sont l’unique solution.
Merci pour cette analyse pertinente.
Honte, trois fois honte, mille fois honte au mensonge, à la perversité et à la folie qui sévissent au sommet de l’Eglise. Honte, trois fois honte, mille fois honte à nos évêques et à nos prêtres qui, d’une manière tragiquement majoritaire, contribuent à faire perdurer pareille aberration, par action, en lui apportant un soutien explicite, ou par omission, en conservant le silence.
C’est d’ailleurs dans ce soutien par action ou par omission que réside le cléricalisme, non pas dans les actions monstrueuses directement commises par certains. A noter que l’on voit là l’habilleté diabolique de la manœuvre de diversion consistant dans la fausse invocation du cléricalisme pour expliquer les crimes odieux directement commis (je dis directement, car d’une certaine manière le soutien apporté, par action ou par omission, à la couverture de ces crimes odieux est un peu lui-même criminel, en tout cas il est gravissime, tout en étant tragiquement répandu). L’habileté est diabolique, car c’est une manœuvre de diversion mensongère d’expliquer par là les crimes odieux eux-mêmes, mais la diversion est puissante, car il y a réellement, même si elle porte sur un objet différent, un cléricalisme, ce qui confère à l’invocation de ce dernier de la crédibilité.
Le côté diabolique de cette invocation apparait d’une autre manière. Comme les actes de pédophilie, ou de perversion de séminaristes, sont proprement criminels, les expliquer par un cléricalisme est scandaleux. En effet, que veut-on dire par là? Sans doute veut-on dire que par cléricalisme, on peut être poussé à se croire tout permis. Mais est- il acceptable de penser que l’on puisse par là se croire tout permis jusqu’à se croire autorisé à commettre un crime abominable? Si le crime consistait dans un assassinat, oserait-on dire que cela s’explique par le cléricalisme qui conduit à se croire tout permis? Evidemment pas, on oserait pas le dire. Si on ose le dire pour la pédophilie, ou le fait d’appeler un séminariste dans son lit, c’est en réalité parce que l’on trouve que cet acte là n’est pas si grave, que cela ne fait pas partie des actes abominables.
Autrement dit, l’invocation du cléricalisme n’est pas seulement un moyen habile d’éviter d’avoir à parler de pédophilie. Se permettre de jouer sur cette invocation laisse paraitre cette conception odieuse que la pédophilie ne constitue pas un acte à classer vraiment odieusement criminel.
Oui c’est particulièrement odieux et cela transfère la faute de ces prêtres sur les parents benêts de leur avoir fait confiance en laissant leurs enfants dans les filets de ces prédateurs.
Si cela était la faute du cléricalisme et bien il n’y aurait pas d’autres prédateurs que des prêtres ce qui est faux.
Est ce une manière à terme d’attaquer le célibat sacerdotal pour convenir qu’il n’a plus de raison d’être dans le monde actuel ? L’église s’est laissé infiltrée par des homosexuels elle n’a qu’à le reconnaître mais comme ce n’est pas politiquement correct , le reconnaîtra t elle ? A une autre époque les communistes étaient montés à l’assaut avec les prêtres ouvriers, à chaque période ses affres, là c’est particulièrement odieux de toucher à l’innocence de jeunes, quelle abjection, que l’on vire de l’église tous ceux qui sont pour bénir les couples homosexuels déjà un bon ménage sera fait et que l’on rappelle un peu la théologie morale au lieu de nous servir des platitudes des qui suis je pour juger , que” votre oui soit oui et votre non soit non”, les préceptes moraux sont très clairs dans l’église et l’Enfer n’est pas vide ! Savoir que l’on peut y tomber peut permettre de se redresser moralement.
Voilà un commentaire qui me va ! vous avez parfaitement raison en plus ! Donc point n’est besoin d’en rajouter. MERCI.
Merci au docteur Fitzgibbons et merci à tous les commentateurs ci-dessus.
Il faut en effet pilonner à fond sur ce thème du caractère mensonger de l’invocation du cléricalisme, car c’est un moyen puissant de révéler le mensonge du pape. C’est un moyen puissant – avec beaucoup d’autres bien sûr – de révéler ce mensonge, car il ne peut être contesté que le pape a invoqué le cléricalisme, et il ne peut non plus être contesté que ce faisant on est dans le mensonge, comme le montrent bien l’analyse du docteur Fitzgibbons et les commentaires ci-dessus.
https://docs.google.com/document/d/1JATi5ckA5qdwDkSsJY4Y8NlpIj3EqWl9taL2Y8Im1AU/edit?usp=drivesdk