Mgr Grua, évêque de Saint-Flour, répond à La Montagne :
Chaque déplacement du Pape à l’étranger s’accompagne d’une demande de « pardon » aux victimes, face aux « crimes ignobles » couverts par le clergé, comme dernièrement en Irlande. Pourquoi est-ce si compliqué de briser le silence ?
« Je suis sensible à ce que dit le pape. L’une des raisons selon moi qui font qu’il y a toutes ces difficultés, vient d’une forme de cléricalisme. Dans l’esprit de beaucoup de gens, le prêtre est intouchable. On en a tellement une image fanstasmée, c’est le Bon Dieu en personne ou presque, qu’on laisse des situations s’aggraver, perdurer sans rien dire. C’est une difficulté que je rencontre ici. Les gens peuvent dire des choses à tel ou tel, mais à moi, ils ne me diront jamais rien. Ça n’aide pas à régler les problèmes ».
[…]
Êtes-vous, dans votre diocèse, interpellé sur des cas de violences sexuelles ?
« J’ai reçu des lettres et des personnes. Mais cela se compte sur les doigts d’une main, où d’une demi-main. Et pour des faits très anciens. Il n’y a pas à l’heure actuelle d’action en justice ou d’enquête menée à l’encontre d’un prêtre sur le diocèse. Et je rappelle que ma porte est ouverte à tous les paroissiens qui souhaitent me parler ».
Est-ce qu’un jour, les révélations sur les violences sexuelles au sein de l’Église catholique cesseront ?
« Je serais tenté de dire que ça va durer jusqu’à la fin des temps. On ne pourra jamais affirmer que c’est éradiqué à 100 %. On peut faire des efforts pour la formation des clercs, leur donner un style de vie qui les laisse moins seuls, mais la nature humaine reste la nature humaine. Je ne suis pas un spécialiste dans ce domaine, mais il y a des failles psychologiques profondes qui font que, peut-être, ensuite, tel ou tel va choisir les lieux où ils peuvent être en contacte avec des jeunes. Qu’il y est en tout cas, dans la formation des religieux et des religieuses, à intégrer ces questions-là, sûrement. Mais il y aura toujours des problèmes et pas que dans l’Église ».