Mgr Denis Jachiet, évêque auxiliaire de Paris, estime que la France peut faire mieux en matière d’accueil des migrants.
“Il y a de nouveau un caractère scandaleux à constater que les pays européens suffisants nantis ne peuvent pas secourir 141 migrants à bord d’un bateau proche de leurs côtes. Il y a une urgence humanitaire, et cela ne devrait pas se négocier. En fait le problème est plutôt celui de savoir qui va accueillir ses personnes et leur donner la possibilité de déposer une demande d’asile. Là il devrait y avoir effectivement une entente entre les pays européens et c’est là que l’on voit que la politique européenne est en défaut sur ce sujet, à savoir sur la capacité à se répartir les personnes en demande d’asile qui arrivent dans l’espace européen”.
“On utilise ces situations à des fins politiques. Et un certain nombre de déclarations ne sont pas justifiées. Lorsqu’on entend dire que la France n’est pas en capacité d’accueillir 141 migrants, ce n’est pas exact. C’est même plutôt assez effrayant de pouvoir dire des choses pareilles. On utilise cette situation pour rejeter la possibilité de mettre en place un véritable accueil des personnes en migration”.
“Il revient à chaque Etat de décider de la quantité de personnes immigrés qu’il peut accueillir, mais les évêques de France ont plusieurs fois pris position : la France peut faire plus et mieux. La France n’est pas en état de saturation d’accueil de personnes immigrées, et même par rapport à d’autres pays européens, elle est plutôt à la traîne”.
“Il faut se mobiliser. On trouve finalement beaucoup de solutions pour faire en sorte que ce ne soit pas l’affaire de quelques uns mais qu’il y ait une mobilisation plus large. Lorsqu’un diocèse se mobilise pour accueillir des personnes en migration, on voit des situations très réussies qui se produisent et qui ne produisent pas du tout les effets négatifs dont on nous menace très souvent”.
“Il ne faut pas tomber dans la peur. Lorsque l’on craint un appel d’air à partir de 141 migrants, c’est faux. L’appel d’air ne se fait pas par ces voies-là. Nous ne sommes pas débordés par l’afflux des migrants en France. Il y a de vrais problèmes, et des politiques à mettre en place pour l’avenir, mais nous ne sommes pas débordés”.