Ancien président du groupe de travail sur les « prêtres venus d’ailleurs » de la Conférence des Évêques de France, Mgr Dominique Lebrun, archevêque de Rouen, déclare dans La Croix :
Oui, il y a des prêtres qui ne rentrent pas dans leur pays malgré l’appel de leur évêque. Pourquoi ? Dans ces cas marginaux, il n’y a pas d’explication générale. À chaque fois, il y a la complexité d’une situation singulière et un passé de souffrance. J’ai entendu des raisons très différentes et je ne suis pas certain d’avoir tout compris. Ce peut être des raisons personnelles comme la santé, la situation familiale ou politique. Ce peut être des raisons ecclésiales liées aux personnalités, à l’histoire locale, à la question financière, mais aussi au diocèse qui les a accueillis.
En tout état de cause, le non-retour d’un prêtre fidei donum blesse la relation fondamentale du prêtre avec son diocèse et son pasteur, l’évêque. Je comprends le cri de Mgr Bessi Dogbo. Dès lors qu’un prêtre n’est plus « envoyé », il est considéré comme « vagus » c’est-à-dire errant. C’est une situation anormale. Mais qui serais-je pour lui jeter la pierre ? Ma mission est de le rechercher, de lui tendre la main, de l’accompagner. Il existe aussi des prêtres « errants » parmi les prêtres de France. Ne l’oublions pas ! […]
Mgr Bessi Dogbo parle aussi du « prolongement du phénomène migratoire au niveau ecclésial ». La réflexion menée par les évêques de France sur la situation des prêtres venus d’autres pays conduit également à considérer les prêtres venant d’autres pays comme un cas particulier d’une migration. Dans le flux migratoire sud-nord – qui n’est pas le seul – il y a des causes et des enjeux multiples et enchevêtrés.
Les diocèses de France, en général, sont très preneurs. Les communautés réclament des prêtres. Les diocèses qui envoient sont aussi demandeurs de formation ou d’expérience pastorale. J’admire ces hommes qui viennent servir loin de leur patrie. Ils apportent un très beau témoignage de foi. Mais il y a un fort risque à vivre déraciné. Les communautés comme les prêtres affrontent, non sans une certaine surprise, des décalages culturels. Nous essayons de préparer les uns et les autres. La réussite n’est pas assurée. Nous avons encore à développer l’accompagnement non seulement des prêtres qui viennent mais des communautés qui les accueillent. Les presbyterium le réalisent petit à petit.