Un lecteur du Forum Catholique signale les deux ordinations à venir vendredi 10 août prochain à l’abbaye Notre-Dame de Fontgombault. Le frère Benoît Margotin sera ordonné diacre et le frère Guillaume d’Argouges sera ordonné prêtre.
L’abbaye compte une soixantaine de moines. Elle est probablement la plus prolifique des filles de Solesmes avec de nombreuses fondations : Notre-Dame de Randol en 1971, Notre-Dame de Triors en 1984, Notre-Dame de Gaussan (devenu Notre-Dame de Donezan) en 1994, Notre-Dame de l’Annonciation de Clear Creek (USA) en 1999 et la reprise de l’abbaye Saint-Paul de Wisques en 2013. Dans notre monde qui a perdu ses repères, des jeunes ont encore soif d’absolu et se donnent dans la vie monacale, radicale, austère mais source de joie, de paix, de liberté intérieure. Deo gratias !
L’entretien publié sur le site du diocèse de Bourges
Deux ordinations à venir !
Vendredi 10 août prochain à 9h30, deux frères de Fontgombault, frère Benoît Margottin et frère Guillaume d’Argouges, seront ordonnés respectivement diacre et prêtre au sein de l’abbaye. Nous avons pu les rencontrer en parler de cet événement avec eux.
François Chasseriau (F.C.) – Comment est survenue votre vocation ? Avez-vous ressenti le besoin d’être religieux puis prêtre ? L’inverse ? Comment cela s’est-il passé ?
Frère Benoît Margottin (fr. B.M.) – Dès le départ, le Seigneur Dieu m’attirait vers l’Autel. Au cours des années, il y a un désir plus profond d’entrer dans la vie bénédictine qui est venu. Il faut savoir qu’on entre au monastère non pas pour être prêtre mais pour être donné totalement à Dieu. Cependant, dans notre vie monastique, le père abbé peut nous appeler au nom de l’Église à devenir diacre ou prêtre. On peut donc vivre le sacerdoce dans le mode propre de notre vie monastique.
Frère Guillaume d’Argouilles (fr. G.d’A.) – Pour ma part, je crois que lorsque j’étais enfant, l’autel m’attirait de la même manière et je le ressentais de manière très naturelle sans vraiment en avoir conscience. Puis les années ont passées. J’ai fait mes études, j’ai travaillé, puis au bout de quelques années de vie professionnelle, la question de la vie religieuse s’est imposée à moi. J’ai vraiment senti que le Seigneur m’appelait à devenir moine ici, à Fontgombault. Il n’était pas vraiment question de devenir prêtre ou pas prêtre, c’était vraiment entrer au monastère. Le discernement m’a fait avancer dans la voie du sacerdoce dans laquelle le père abbé m’a appelé.
F.C. – Y-a-t-il un intérêt à être prêtre en plus d’être religieux ?
Fr. B.M. – Être prêtre c’est avant tout un service qui se manifeste dans la célébration de la messe. C’est une richesse pour l’Église qui est offerte. On rend gloire à Dieu en célébrant la messe et des grâces abondantes se répandent dans toute l’Église à travers la célébration de la messe. Aussi, dans notre vie de moine, on est amenés à demeurer près du Seigneur dans cette intimité. Cette célébration de la messe est très précieuse pour notre vie spirituelle.
Fr. G.d’A. – La vocation monastique et la vocation sacerdotale sont vraiment différentes mais sont complémentaires. Le sacerdoce se marie tellement bien avec la vocation monastique que les deux s’appuient l’une sur l’autre pour donner au moine prêtre de progresser toujours plus dans son union avec le Seigneur. Cela lui permet également d’exercer une forme d’apostolat très discrète pour nous qui sommes contemplatifs. Notre apostolat c’est la liturgie, la célébration de l’eucharistie dont bénéficient les fidèles, qui parfois sont de passage, qui assistent à un office et qui vont se laisser porter par le Seigneur. Il n’y a qu’à voir l’assistance le matin. Les prêtres ont la coutume de dire leur messe de très bonne heure, vers 7h du matin. C’est un moment extraordinaire qui se passe dans le silence de la nuit. Beaucoup de gens sont très fidèles pour l’assistance à ces grâces qui leur sont données à ce moment-là.
F.C. – Est-ce essentiel pour une communauté religieuse d’avoir un ou plusieurs prêtres ?
Fr. G.d’A. – Historiquement, le monachisme a commencé avec très peu de prêtres. Des communautés extrêmement nombreuses n’avaient qu’une poignée de prêtres. A Fontgombault, aujourd’hui, la moitié des moines sont prêtres environ. Il y a vraiment une grande complémentarité qui se retrouve le matin. Chaque moine prêtre dit la messe avec l’assistance d’un servant qui est moine lui aussi et qui va, dans ce “binôme”, se soutenir. Il y a cet aspect fraternel qui se renforce encore à ce moment-là.
Fr. B.M. – En effet, il y avait très peu de prêtre au début dans la communauté bénédictine. Saint Benoît évoque dans sa règle : “Le père abbé pourra élever un moine au sacerdoce en vue de donner les sacrements pour les frères”. Il semble qu’ils étaient peu nombreux. Notre bienheureux père souligne que ce service du sacerdoce donné à tel frère sera une occasion de grandir de plus en plus dans le Seigneur. Il ne devra pas s’en enorgueillir mais il demande d’avantage d’humilité.
F.C. – Comment se passe votre formation en vue de l’ordination sacerdotale ? Sortez-vous de l’abbaye pour suivre des cours ou les professeurs viennent-ils à vous ?
Fr. B.M. – Nous avons cette très grande grâce de suivre notre formation monastique et sacerdotale au monastère. Pour cela, tous nos lecteurs (= nos enseignants) sont des pères de la communauté qui, pour la plupart, ont poursuivi des études à l’ISTA à Toulouse. Nous avons une formation qui se suit sur sept ans, trois années de philosophie suivies de quatre années de théologie. Cette formation est vraiment très unie à notre vie contemplative. Ce qu’on nous enseigne au monastère, on essaye de le vivre au quotidien de notre vie monastique.
Fr. G.d’A. – Je n’ai pas grand-chose à ajouter si ce n’est que notre formation est adaptée à notre vie monastique. Contrairement à une formation dans un séminaire diocésain, nous n’avons pas de stage d’apostolat. Tout l’aspect apostolique de la formation qu’un futur prêtre diocésain reçoit au séminaire est adapté pour notre vie monastique. Il y a donc certains aspects que nous développons un peu moins.
F.C. – Avez-vous prévu quelque-chose de particulier avec votre famille pour le jour de votre ordination ?
Fr. B.M. – Dès que j’ai pu j’ai annoncé la bonne nouvelle à la famille pour qu’elle vienne se réunir ce jour de grâce. Je leur aussi demandé des prières pour que je me prépare à bien recevoir cette grâce du diaconat. Je sais qu’ils répondront présents à cet appel.
Fr. G.d’A. – Nous avons cette chance dans la communauté monastique, comme tout le monde d’ailleurs, de nous préparer aux ordinations par un temps de retraite spirituelle. En fait, pour nous, moines, la préparation à l’ordination se concrétise par un effort de fidélité dans notre observance. On se prépare graduellement. C’est par la prière qui s’intensifie que les liens avec la famille et les proches se nouent fortement dans le silence. Quand les proches arrivent à l’hôtellerie avant l’ordination, ils ne voient pas le futur ordinant qui, lui, est en retraite. La joie éclate après l’ordination quand on se retrouve tous ensemble. On se rend compte à ce moment-là que la séparation a permis aux liens de se renforcer car on est on est obligés de s’élever pour passer au-dessus du mur de clôture.
François Chasseriau, le 20 juillet 2018
Et le fondateur de la communauté Saint-Martin, le Père Guérin, était oblat de Notre-Dame de Fontgombault.
Deo gratias !
Ah oui, j’ai bien connu Fontgombault du temps de Dom Roy Abbé de l’abbaye dans les années 1967-1968. Je me suis même interrogé sur une vocation bénédictine chez eux à l’époque. Je suis devenu oblat de Kergonan en Bretagne depuis et j’ai eu le plaisir d’y voir Dom Forgeot, abbé émérite de Fontgombault qui était de passage l’année dernière, me semble t-il… Fontgombault dans les années 60 comptait au minimum 90 moines mais il est certain que procéder à 5 fondations a un peu éclairci l’abbaye qui reste malgré tout une des abbayes de France qui compte le plus de moines dans ses murs… comme quoi, on reconnaît bien l’arbre à ses fruits !
Les jeunes préfèrent les monastères et séminaires traditionnels donc classiques .
Ce n’est pas en faisant de la démagogie que l’on remplira les séminaires diocésains ..