Mgr Batut, évêque de Blois, est interrogé dans Famille chrétienne sur la liturgie :
La liturgie vécue dans les monastères n’est-elle pas aux antipodes du quotidien vécu dans certaines paroisses ?
J’espère que non ! Il faut éviter qu’un abîme se creuse entre ce qui est célébré par les spécialistes de la liturgie – les moines – et l’ensemble du peuple chrétien. Les monastères ne sont pas des conservatoires. Les monastères réussissent leur travail quand les simples fidèles se sentent inclus dans la prière monastique.
Par où commencer pour initier les jeunes au mystère de la liturgie chrétienne ?
Il faut les sortir de leurs tablettes et de leurs smartphones, les sortir de leur incapacité à vivre le silence… Le silence, c’est la chose la plus dure pour eux, mais aussi la plus fructueuse. Les jeunes sont capables de comprendre que l’important n’est pas de s’ennuyer ou pas à la messe mais d’y aller. Il faut leur faire dépasser le côté affectif qui les mobilise souvent à 99 %. Le plus important, ce n’est pas de donner des explications sur la liturgie, mais de la faire vivre ! Combien de fois ai-je vu des jeunes en larmes lors de belles liturgies ? Ils pleuraient car ils découvraient une nouveauté transformante, ils faisaient l’expérience de Dieu.
On a l’impression que les querelles liturgiques des années soixante-dix intéressent moins les nouvelles générations… Pourquoi ?
Les acteurs des controverses des années soixante-dix avaient une certaine culture religieuse… Elle a disparu. Ils avaient étudié le latin, ils connaissaient le patrimoine musical européen et savaient à quoi ressemblait une messe de Mozart ! Le grand tourbillon des années soixante-dix a passé par-dessus bord le patrimoine. On n’a rien transmis.
Résultat ? Les jeunes sont aujourd’hui des déshérités à la recherche de leur héritage. Les mêmes iront à une session charismatique à Paray-le-Monial, puis à une messe tridentine et ensuite à un rassemblement de Taizé… Ils butinent. Mais où sont leurs racines ? Elles ne sont nulle part !
L’urgence, à mes yeux, est d’expliquer aux jeunes qu’ils ont besoin de faire un travail pour apprendre le sens profond de la liturgie. Savoir relier les gestes, les rites et les chants avec toute l’Histoire de l’Église. Toutes les initiatives – comme celles de l’abbaye de Randol – sont utiles pour aider nos jeunes. Car, je le répète, la plupart sont comme des plantes sans racines. Faute de formation, certains pourraient même passer de l’Église à autre chose qui les satisferait mieux au niveau affectif…
En quoi la culture est vitale pour la liturgie ?
Les gens qui n’ont pas de culture risquent vite d’être attirés par le clinquant, le show, les paillettes, un discours envoûtant à la manière de certains évangéliques américains. Mais la liturgie n’est pas un show pour entrer en transe ! Ça, c’est le degré zéro de la liturgie. C’est pourquoi l’Église catholique, dans sa grande tradition, a toujours veillé à une symbiose entre la culture et la liturgie. Ces dernières décennies, nous avons eu des compositeurs comme Jacques Berthier qui ont fait du bon travail. L’effort doit être poursuivi pour sortir de l’indigence qui a marqué le chant liturgique.
On a quand même du mal à sortir de l’opposition entre l’ancien et le nouveau ?
Le nouveau est fécondé par l’ancien. C’est le principe même de la réforme liturgique de Vatican II. Certains ont voulu faire table rase du passé. Au contraire, le pape Benoît a souligné la continuité, en faisant remarquer, par exemple, que la liturgie tridentine avait encore des choses à dire à la liturgie rénovée.
Pourquoi la liturgie a-t-elle été l’objet de tant de controverses en France ?
Tout le monde a pris en otage la liturgie parce qu’elle était le signe le plus visible des réformes voulues par le Concile. La liturgie a été choisie par Mgr Lefebvre comme un lieu de combat : il estimait que la messe de Paul VI n’était pas vraiment catholique.
À l’opposé, la liturgie a été instrumentalisée par des gens qui avaient une perspective complètement horizontale : ils pensaient qu’il fallait inventer de nouveaux rites, faire bavarder les gens, les mettre en carrefours au nom de la convivialité chrétienne !
La liturgie est un lieu symbolique. Le langage rationnel n’est pas premier car la liturgie est un langage amoureux, mais il y a aussi une dimension rationnelle (rationalis, dit la liturgie à propos de l’offrande eucharistique) : autrement, l’affectivité prévaudrait et tout deviendrait passionnel.
Inversement, une approche purement rationnelle (qui voudrait, par exemple, en finir avec les répétitions des mêmes gestes) serait un contresens sur la nature de la liturgie : encore une fois, la liturgie n’est pas une réunion de conseil d’administration, c’est un dialogue amoureux ! […]”
“La liturgie a été choisie par Mgr Lefebvre comme un lieu de combat : il estimait que la messe de Paul VI n’était pas vraiment catholique.”…
Il ne faut pas affirmer de telles choses, Mgr Lefebvre a voulu sauver le sacerdoce pour sauver la MESSE, il n’a pas voulu prendre la liturgie comme un lieu de combat. Il faut lire vraiment ses textes pour bien le comprendre ce qu’il a voulu défendre et ne pas continuer à diffuser des préjugés malfaisants et calomnieux !
Sans cet évêque, que serait devenu la messe de toujours ?
La messe de Paul VI est devenu le rassemblement pour un repas, mise en place sur le modèle de la Cène protestante, celle de Pie V (défendue par Mgr L.) est un SACRIFICE offert à Dieu pour la rémission des péchés.
CE N’EST QUAND MEME PAS LA MEME CHOSE !
Merci pour le témoignage de Mgr Batut. Que le Dieu de nos Pères Abraham, Isaac et Jacob et Père de Notre Seigneur Jésus Christ le garde dans sa paix et bénisse son ministère… Je témoigne avoir retrouvé l’histoire de mon Eglise grâce… à Dieu… grâce à la forme extraordinaire du rite romain. Oui, j’ai eu le bonheur de retrouver mes racines catholiques, une histoire riche de saints et de saintes qui ont façonné notre pays, notre Europe, notre monde, des trésors de spiritualité catholique à travers des les écrits de ces saints et de ces saintes, toujours actuels, toujours vivants. Je peux aussi assister à des messes “ordinaires” sans pour autant aller butiner d’une célébration à l’autre, mais il est vrai que je n’ai plus 20 ans. Je garde une grande espérance – c’est aussi une vertu théologale, dans le renouvellement à venir de notre Eglise et des communautés traditionnelles et traditionalistes sont déjà à l’œuvre dans ce sens (La communauté Saint-Martin, FSSP, ICRSP, la communauté Saint-Jean, etc…) Je regrette d’avoir un peu brocardé des personnes d’une autre sensibilité dans un autre commentaire, c’est promis je ne le ferai plus – avec l’aide de la grâce de Dieu…
et bien ce n’est pas avec ce que j’ai subi ce dimanche dans une cathédrale à l’occasion des “communions solennelles” en mode dit ordinaire: un vrai cirque, des gens qui se promènent partout et des jeunes qui s’amusent avec leur téléphone, le pauvre prêtre un noir a très bien prêché sauf que ces “communiants” pour 99% n’allaient pas à la messe et n’y reviendront pas de sitôt. Heureusement il y a de plus en plus de Messes tridentées où l’on peut véritablement prier, alors il faut arrêter de nous faire croire au père noël les liturgies pourraient être aussi belles dans les paroisses que dans les monastères si on arrêtaient de faire mumuse avec n’importe quoi et de laisser les responsables divaguer, on serait bien inspiré de faire suivre aux futurs prêtres la même formation que celle des prêtres de Mgr Lefevre et ainsi on n’assisteraient pas à des mascarades ignobles où il n’y a aucun respect pour Jésus