Dans une « déclaration finale », datée du jeudi 3 mai, l’ETA a officiellement annoncé sa dissolution, mettant ainsi fin à toutes ses activités politiques. Mgr Marc Aillet explique sur RCF :
“Les évêques du Pays basque et de la Navarre ont signé un communiqué il y a déjà deux semaines dans lequel nous avons salué de manière positive cette déclaration de l’ETA, qui regrette les maux causés et demande pardon pour les victimes qui n’étaient pas partie prenante dans ce conflit. Un certain nombre de prêtres et de laïcs ont essayé de désarmer les instincts de violence de l’ETA de manière officieuse tout en approuvant parfois les revendications des Basques par rapport aux franquistes et en demandant cette autonomie du Pays basque”.
“Dans les dernières années, les évêques ont été très prudents. J’ai adopté la même ligne de prudence que les évêques du Pays basque espagnol. Cependant le désir était la dissolution de l’ETA, l’arrêt de la violence et une demande de pardon et une vraie réconciliation. Cette déclaration de l’ETA est une vraie avancée, mais elle n’est pas suffisante”.
“L’Eglise peut aider à panser les plaies, en écoutant toutes les victimes et en essayant de mettre en contact les victimes avec les auteurs de ces victimes. La dissolution de l’ETA ne va pas rétablir totalement la paix au Pays basque. Il y a quand même eu des mots graves, des violences irréparables et qui nécessitent de vraies démarches de pardon de part et d’autre”.
“Que les prisonniers qui sont coupables, soient aujourd’hui, après l’arrêt des violences, rapprochés de leur domicile pour permettre à leurs familles de les contacter, c’est une revendication tout à fait audible. Ceci dit, il faut que ceux qui sont des anciens prisonniers, s’ils reviennent dans leur pays, il faudra que cela n’humilie pas les victimes”.
Communiqué des évêques de Navarre et du Pays Basque relatif à la déclaration d’ETA, en date du 20 avril :
1.-L’Eglise catholique présente dans les diocèses de Pampelune-Tudela, Bayonne, Bilbao, Vitoria et Saint-Sébastien apprécie de manière positive la « Déclaration sur les dommages causés » du groupe terroriste ETA, après soixante années de morts et de souffrances. Nous désirons de tout cœur que la salutation biblique « La Paix soit avec vous » s’enracine dans notre territoire pour toujours.
2.- En cette circonstance, nous réaffirmons plus spécialement notre solidarité envers toutes les victimes de la violence et leurs familles, comme envers les victimes des attentats qui n’ont pas encore pu être élucidés et qui souffrent aussi de cette impunité. Gardons-les bien présents dans notre mémoire et nos prières. Il nous paraît impossible de ne pas rappeler le message des béatitudes prêché par Jésus-Christ, qui résonne aujourd’hui comme s’il leur était tout spécialement adressé (Cf Mt 5).
3.- L’Eglise a reçu de Jésus-Christ la vocation d’être instrument de paix et de justice, de consolation et de réconciliation. Tout au long de ces nombreuses années, beaucoup d’hommes et de femmes qui constituent l’Eglise ont donné le meilleur d’eux-mêmes pour cette tâche, certains de manière héroïque. Mais nous sommes conscients qu’il est arrivé aussi qu’il y ait eu parmi nous des complicités, des ambiguïtés, des omissions… pour lesquelles nous demandons sincèrement pardon. En tant que disciples de Jésus de Nazareth, nous sommes conscients d’être appelés à vivre dans une attitude permanente de conversion, en servant humblement la vérité et en accueillant les personnes qui désirent emprunter un nouveau chemin
4.-Notre peuple, en plus de la longue et immense souffrance infligée par la violence, a subi un préjudice spirituel et social incalculable, provoqué par les idéologies totalitaires et idolâtres qui alimentèrent le phénomène terroriste. A présent, notre société va devoir affronter le défi de la reconstruction morale et de la réconciliation. L’Eglise souhaite contribuer à cette tâche, consciente que la reconstruction morale est intimement liée aux valeurs évangéliques.
5.- La dissolution attendue d’ETA offre de nouvelles possibilités pour la normalisation, possibilités qui devraient être mises à profit par tous. Nous pensons à l’opportunité de répondre aux demandes des familles des prisonniers se trouvant dans des situations humanitaires diverses. Il est tout aussi important que le retour des anciens prisonniers se réalise de manière à ce que les victimes du terrorisme ne se sentent pas humiliées.
6.- La clef de la paix et de la réconciliation se trouve dans la sincérité du coeur humain. C’est uniquement dans l’humilité que peut se construire la paix dans la justice. La véritable réconciliation ne sera possible que s’il existe un authentique repentir et une demande de pardon sincère, en plus d’une réelle disposition à réparer dans la mesure du possible le mal causé.
Que le Dieu de miséricorde nous éclaire tous pour avancer sur le chemin de la paix.
Mgr Francisco Pérez, archevêque de Pampelune et évêque de Tudela
Mgr Mario Iceta, évêque de Bilbao
Mgr José Ignacio Munilla, évêque de Saint-Sébastien
Mgr Juan Carlos Elizalde, évêque de Vitoria
Mgr Juan Antonio Aznárez, évêque auxiliaire de Pampelune
Mgr Marc Aillet, évêque de Bayonne