L’archevêque de Besançon écrit :
Voilà que s’ouvre avec le jeudi saint ce qu’on appelle le triduum pascal : les trois jours qui changent la face du monde. Parce qu’en trois jours nous sommes témoins successivement de la mort, de l’ensevelissement ET de la résurrection du Christ. Une révolution. Ce qui peut être traduit par le passage incroyable de la misère à la joie totale. C’est ce qu’on appelle la Bonne Nouvelle et elle ne concerne pas que les chrétiens. Elle nous concerne tous. Tous nous sommes confrontés à la mort. A tous, le Christ assure l’éternité. Rappelons qu’il en fait l’expérience le premier.
Cette semaine sainte résonne d’une façon plus poignante encore à la lumière de notre actualité et du geste héroïque du lieutenant-colonel Arnaud Beltrame qui restera pour tous une figure exceptionnelle. L’Évangile dit : « sachant que l’heure était venue pour lui de passer de ce monde à son Père, Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout (Jean 13, 1). Ce « jusqu’au bout » donne un avant-goût de ce que nous lirons pour le vendredi saint, jour de la mort du Christ en croix :« Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » (Jn 15,13).
Mais pour le Christ, ceux qu’on aime ne sont pas seulement nos frères et sœurs, nos parents, notre sang… Dans l’idéal chrétien, c’est n’importe qui ! C’est celui ou celle qui fait ses courses dans le super U où a eu lieu le drame de Trèbes. Notre prochain n’est pas forcément notre proche : il est notre frère ou notre sœur en humanité.
On peut penser que le geste d’Arnaud Beltrame est celui d’un militaire qui va jusqu’au bout de sa mission, mais c’est aussi celui d’un homme de foi. C’est un geste fondamental pour tout chrétien. Je prends la place de celui qui est condamné, je me substitue à lui, comme l’avait fait déjà Maximilien Kolbe dans les camps de la mort en se substituant à un père de famille et en mourant à sa place.
Il nous rappelle le geste fondateur du Christ que rien n’arrête dans son amour de l’humanité, pas même la mort. « Ma vie nul ne la prend mais c’est moi qui la donne (Jean 10,18)
Le geste d’Arnaud Beltrame est voulu et il est porteur de la même espérance : toute vie donnée n’est jamais perdue ! Message de Pâques ! Message pour l’épouse d’Arnaud Beltrame, message pour ses proches ! Message pour le monde !
Dieu seul sait quelles conséquences aura ce geste, quelles conséquences positives sur les jeunes et sur tous en général. Voici comment le geste du Christ, les gestes de Maximilien Kolbe et d’Arnaud Beltrame peuvent opérer l’incroyable transfiguration de la mort en bonne nouvelle pour tous !