23 février, intervention du cardinal Paul Poupard lors du symposium romain de « La diaconie de la beauté », sous l’égide du bienheureux Fra Angelico. Le cardinal Poupard, président émérite du Conseil pontifical de la culture et du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, a célébré le 23 février une messe en la basilique Sainte-Praxède, célébration suivie d’une causerie sur « La Beauté à travers l’art et la foi ».
Cher Monseigneur et chers amis,
En cette basilique Sainte-Praxède, toute ruisselante de beauté, c’est pour moi, en tant que cardinal titulaire de cette église, une joie renouvelée de vous accueillir encore une fois cette année, au cours de votre symposium romain de La diaconie de la beauté, et d’abord d’avoir célébré avec vous et pour vous, la sainte eucharistie, mémorial du Christ, icône du Père, modèle et source inépuisable de beauté.
Vous m’avez demandé un entretien sur « La beauté à travers l’art et la foi ». Je me propose, à cet effet, de revenir avec vous, pour la méditer de nouveau en son riche enseignement, sur la Lettre du saint pape Jean-Paul II aux artistes, que j’ai eu la joie de présenter, à la salle de presse du Saint-Siège, le 23 avril 1999, et qui porte significativement la date de la fête de Pâques, Résurrection du Seigneur. Dédiée à tous ceux qui, avec un dévouement passionné, cherchent de nouvelles épiphanies de la beauté pour en faire don au monde de la création artistique, la lettre du pape s’ouvre sur le leitmotiv d’émerveillement de Dieu devant sa création : « Dieu vit tout ce qu’il avait fait, cela était très bon ». En vérité, le texte hébreu original de Genèse 1, 31 peut se traduire en grec kala k’agatha – et Dieu vit que c’était « très beau – très bon ». Et Jean-Paul II, de partager cette admiration avec les artistes, géniaux constructeurs de beauté, les mieux à même d’avoir l’intuition du sentiment de contemplation émerveillée, fascinés qu’ils sont eux-mêmes devant le pouvoir mystérieux des sons et des paroles, des couleurs et des formes, du génie créateur, y percevant comme l’écho du mystère de la création, auquel Dieu, seul Créateur de toute chose, a voulu, en quelque sorte, nous associer.
Ainsi, dès le début, le ton est donné, de cette lettre très personnelle d’un pape qui ne craint pas de rappeler ses propres expériences artistiques, de poète et d’écrivain, de dramaturge, auteur et acteur de théâtre tout à la fois, de collègue, oserais-je dire, tout autant que pontife, qui manifeste un amour exceptionnel pour l’art et pour les artistes, avec une sorte de connivence intérieure et de regard admiratif.
En même temps, Karol Wojtyla ne craint pas de nous partager ses références personnelles, de Cyprian Norwid à Adam Mickiewicz, de Nicolò Cusano à Pavel Florenskij, de Dante à Dostoïevski, de Claudel à Chagall, des divines liturgies d’Orient à celles d’Occident.
À grands traits, après avoir partagé son admiration pour l’artiste-image du Dieu créateur, et souligné la vocation spéciale de l’artiste au service de la beauté et du bien commun, Jean-Paul II situe l’art devant le mystère du Verbe incarné. Il souligne combien l’alliance a été féconde entre l’Évangile et l’Art, des origines au Moyen Âge, et de l’humanisme de la Renaissance aux temps modernes, qui sont marqués, eux, par une forme d’humanisme caractérisé par l’absence de Dieu et souvent par une opposition à lui. Mais, s’il évoque ce climat qui a entraîné parfois une certaine séparation entre le monde de l’art et celui de la foi, Jean-Paul II ne cesse pas pour autant d’affirmer sa grande estime pour l’art, en tant que tel, en tant qu’art. Car l’art, affirme-t-il, quand il est authentique, a une profonde affinité avec le monde de la foi, à tel point que, même lorsque la culture s’éloigne considérablement de l’Église, il continue à constituer une sorte de pont jeté vers l’expérience religieuse. Recherche de la beauté, l’art est par nature, c’est la conviction de Karol Wojtyla, car c’est sa propre expérience, une sorte d’appel au mystère. Même lorsqu’il scrute les plus obscures profondeurs de l’âme ou les plus bouleversants aspects du mal, l’artiste se fait en quelque sorte la voix de l’attente, souvent latente, mais universelle, d’une rédemption.
Ce sont là des propos considérables, des propositions bouleversantes. Jamais pape, comme pape, ne s’était ainsi adressé de manière aussi personnelle aux artistes, en les créditant, toujours et malgré tout, d’un lien privilégié avec le Créateur et avec le mystère de l’homme, dont l’art est l’expression privilégiée. Alors, permettez-moi, si vous le voulez bien, d’y réfléchir un instant avec vous, pour partager le fruit de cette réflexion.
Théologique, historique, éthique et existentielle… la perspective de la Lettre de Jean-Paul II
La perspective de la Lettre de Jean-Paul II, en ce dialogue avec les artistes, est triple : théologique – historique – et éthique et existentielle. La perspective théologique structure toute la pensée du Saint-Père, et cette pensée est trinitaire. Avec le Père, l’artiste est associé à son œuvre et à sa puissance créatrice. Avec le Fils, épiphanie visible de l’invisible, une floraison de beauté ne cesse d’inspirer, des profondeurs du mystère de l’homme-Dieu, les multiples manifestations du génie humain. Avec le Saint-Esprit, mystérieux artiste de l’univers, c’est une illumination intérieure qui soulève l’élan créateur et inspire l’idée et la forme de l’œuvre d’art, à travers une certaine expérience de l’absolu qui le transcende. Ces pages lyriques de Jean-Paul II – que je vous invite à relire et à méditer, car elles sont vraiment inspirées – coulent comme de source, de l’expérience d’un véritable artiste, qui nous dépeint la beauté – ce sont ses propres termes –, « comme une invitation à savourer la vie et à rêver de l’avenir ».
La seconde perspective de Jean-Paul II, qui est historique, emplit le centre de la lettre. Présentée avec modestie, elle ne manque pas d’intérêt par ses notations précises, toujours positives. Le monde classique conjoint le beau au vrai pour nous conduire du sensible à l’éternel. L’art des icônes d’Orient est comme une sorte de sacrement. L’art des églises et des cathédrales d’Occident plie la matière à l’adoration du mystère. L’humanisme et la Renaissance, qui sont tout autocentrés sur l’homme, bien loin d’être un péril pour la foi chrétienne, illustrent le mystère de l’Incarnation dans sa valorisation de l’homme de la part de Dieu. L’optimisme indéfectible du pape et sa confiance inébranlable en l’homme éclatent dans sa vision positive de l’âge moderne, dont le jeu d’ombres et de lumières atteste toujours, envers et contre tout, la quête universelle de rédemption.
La troisième perspective, éthique et existentielle, en découle. Jean-Paul II invite les artistes à pénétrer avec intuition créatrice le mystère du Dieu incarné et, à travers lui, le mystère de l’homme, de tout homme, appelé lui aussi à être artisan de sa propre vie, dont il doit en un certain sens, faire une œuvre d’art, un chef-d’œuvre. L’artiste, ajoute Jean-Paul II, poursuivant sa réflexion, – et c’est une pensée profonde, trop méconnue –, a une fonction importante dans la cité, où il œuvre au service du bien commun, à travers l’expression de la beauté : la beauté, comme expression visible du bien, et le bien, comme condition métaphysique de la beauté. L’ancien professeur de philosophie morale de l’université catholique de Lublin, et l’auteur du bel ouvrage intitulé Amour et personne, se manifeste en ces pages qui demandent à être méditées, pour être bien comprises : « La beauté est pour susciter l’enthousiasme dans le travail, le travail est pour renaître ». Jean-Paul II cite là Cyprian Norwid, l’auteur polonais préféré de Karol Wojtyla, qui a largement inspiré son anthropologie personnaliste. En citant cette pensée d’un des plus grands poètes et penseurs qu’ait donnés la terre polonaise et qu’a reçus la terre française « La beauté est pour susciter l’enthousiasme dans le travail, le travail est pour renaître », le pape philosophe et poète la commentait en ces termes, qui nous permettent de mieux la comprendre : « Pour le travail le plus important, dans lequel l’homme apprend à fond le mystère de son humanité ». C’était, il m’en souvient, le 1er juin 1980, sous une fine pluie, à l’aéroport du Bourget, où je l’avais accompagné, tout aussitôt après l’avoir reçu au début de la matinée à l’Institut catholique de Paris, dont j’étais alors recteur. C’est dire avec lui, en d’autres termes, que l’art a vocation d’éveiller au cœur de l’homme le désir souvent caché d’absolu qui l’habite, et de réveiller au cœur de son existence la quête du sacré, qui est souvent obscurci par la médiocrité quotidienne du profane ordinaire.
Dans l’enfermement de notre monde opaque, l’art opère comme une trouée de transcendance. La beauté nous ouvre un chemin pour déchiffrer le secret caché dans les profondeurs du cœur de l’homme, cette nostalgie d’une plénitude qu’aucune finitude ne saurait combler, au cœur de la réussite la mieux assurée. Le désir de beauté est en nous si profond, que l’œuvre d’art authentique révèle et réveille en nous comme une source cachée. Alors que l’homme moderne, encore tout étourdi de ses conquêtes scientifiques et de ses prouesses techniques, redécouvre sa fragilité, l’art peut le reconduire en son centre profond qu’est l’amour. « Que fais-tu du beau ? » demandait le poète Cyprian Norwid, ami de Chopin, que je viens de citer. Et de répondre, d’un trait : « Que sais-tu du beau ? Sa forme est l’amour ». Un de ses contemporains, l’écrivain français Ernest Hello répondait : « La beauté, c’est la forme que l’amour donne aux choses ».
Mais, si l’auteur, philosophe et poète, Karol Wojtyla transparaît dans ces pages inspirées, c’est bien le pape Jean-Paul II qui s’y exprime, dans le sillage du concile Vatican II et de Paul VI, « son grand prédécesseur », comme il aimait l’évoquer, il m’en souvient, dans nos conversations privées. En des pages denses et fortes, il invite tous les artistes, à une nouvelle alliance avec l’Église. Car l’Église a besoin de l’art, qui doit rendre perceptible, et même, autant que possible, fascinant, le monde de l’esprit, de l’invisible, de Dieu. Mais au lieu d’ajouter, comme le lecteur de sa lettre aux artistes s’y attend, l’affirmation contraire, l’artiste a besoin de l’Église, Jean-Paul II ne craint pas au contraire de poser la question, comme il le dit lui-même, sous forme provocante : « L’art a-t-il besoin de l’Église ? » Et en véritable artiste qu’il est lui-même, dans une vision privilégiée qui n’exclut pas la fécondité d’autres contextes religieux, « en particulier l’art antique, spécialement grec et romain et celui encore florissant des plus anciennes civilisations de l’Orient », il répond en soulignant quelle grande source d’inspiration peut être cette sorte de patrie de l’âme qu’est la religion, et en attestant combien le mystère central de l’Incarnation du Verbe de Dieu offre à l’artiste un horizon d’inspiration particulièrement riche. « Quel appauvrissement serait pour l’art l’abandon de la source inépuisable de l’Évangile ! ».
« La beauté sauvera le monde », l’admirable intuition de Dostoïevski
L’appel final de la Lettre de Jean-Paul II aux artistes est très large. Il s’adresse à tous les artistes de la parole écrite et orale, du théâtre et de la musique, des arts plastiques et des technologies de communications les plus modernes. Il souligne combien l’alliance entre l’Évangile et l’art implique l’invitation à pénétrer avec une intuition créatrice dans le mystère du Dieu incarné et en même temps, dans le mystère de l’homme, à redécouvrir la profondeur de la dimension spirituelle et religieuse de l’existence, à se laisser orienter et inspirer dans la vie quotidienne par le mystère pascal du Christ ressuscité : « Il vous appartient, à vous, hommes et femmes qui avez consacré votre vie à l’art, de dire avec la richesse de votre génie que, dans le Christ, le monde est racheté, le corps humain est racheté, la création entière est rachetée… Elle attend la révélation des fils de Dieu, même à travers l’art et dans l’art. Telle est votre tâche. Au contact des œuvres d’art, l’humanité de tous les temps – celle d’aujourd’hui également – attend d’être éclairée sur son chemin et sur son destin.
De saint Augustin à Adam Mickiewicz, les citations se succèdent, j’allais dire se bousculent, jusqu’à l’admirable intuition de Dostoïevski, « la beauté sauvera le monde », cette infinie beauté du Dieu trinitaire et cette adorable figure du Christ crucifié et ressuscité, cet océan infini de beauté où l’émerveillement devient admiration, ivresse, joie indicible. Car c’est là le sens de la pensée de Dostoïevski, sur laquelle il convient de s’arrêter un instant.
Car cette pensée profonde de Dostoïevski, exprimée dans L’Idiot, et reprise par Jean-Paul II, n’a pas toujours été bien comprise. Interrogé à cet égard : « Comment interprétez-vous la phrase de Dostoïevski “la beauté sauvera le monde” ? », son compatriote le cinéaste Andrei Tarkovski répondait : « beaucoup de spéculations, parfois vulgaires, ont été faites là-dessus. Bien sûr, quand Dostoïevski parlait de beauté, il signifiait l’intégrité spirituelle. Il s’agissait dans ce cas du prince Mychkine, ou de Rogogine, mais pas de la beauté de Natastassia Philippovna, qui en réalité était vulgaire, entretenue ». Et dans un entretien avec Charles de Brantes, Tarkovski ajoutait : « La foi est tout ce que l’homme possède réellement, la foi est la seule chose qui puisse sauver l’homme, c’est mon intime conviction, l’homme doit aspirer à une grandeur spirituelle. Il a fallu le Golgotha il y a deux mille ans pour mettre l’homme et l’humanité dans la bonne direction ».
Cette Lettre aux artistes de Jean-Paul II ne cesse de susciter, depuis sa parution, la réflexion et la réponse des artistes –, j’en ai fait moi-même l’expérience en dialoguant avec les artistes les plus divers, au Festival artistique chrétien Magnificat à Paray-le-Monial (aujourd’hui disparu, faute de moyens financiers), à une rencontre organisée par les évêques polonais à Varsovie ; et près de Rome, à Castel Gandolfo, où Chiara Lubich, la fondatrice des Focolari, avait invité 1 700 artistes qui, du monde entier, avaient littéralement envahi le Centre Mariapolis pour l’entendre parler du Dieu Beauté. Comédiens et musiciens, architectes et peintres, tisserands et danseurs, sculpteurs et mimes, créateurs de haute couture et clowns, céramistes et marionnettistes, historiens d’art et chanteurs, écrivains et poètes, ont échangé sous le regard de Marie, que Jean-Paul II nous présente en conclusion de sa Lettre aux artistes, comme la toute belle que d’innombrables artistes ont représentée et que le célèbre Dante contemple dans les splendeurs du Paradis, comme « beauté, qui réjouissait les yeux de tous les autres saints. »
Et de formuler son souhait final aux artistes : « Que votre art contribue à l’affermissement d’une beauté authentique qui, comme un reflet de l’Esprit de Dieu, transfigure la matière, ouvrant les esprits au sens de l’éternité ! Avec mes vœux les plus cordiaux ! C’est aussi les miens !
Un an plus tard, il m’en souvient, Jean-Paul II avait choisi la fête du bienheureux Fra Angelico, le 18 février, pour le Jubilé des artistes de l’an 2000, qui a eu lieu dans la basilique Saint-Pierre, et il s’est adressé aux artistes en ces termes :
« Je suis heureux de vous renouveler les sentiments d’estime que j’ai exprimés l’an dernier dans ma Lettre aux artistes. Il est temps de réconcilier l’alliance féconde entre Église et Art, qui a profondément marqué le chemin du christianisme au cours de ces deux millénaires. Cela suppose votre capacité, chers artistes croyants, de vivre profondément la réalité de la foi chrétienne, afin qu’elle soit source de culture et qu’elle donne au monde de nouvelles “épiphanies” de la beauté divine, reflétée dans la création ».
Partant de la démarche jubilaire personnelle, le Saint Père ajoutait :
« Il s’agit, dans un certain sens de “sculpter” la pierre de notre cœur afin qu’apparaissent les traits du Christ, l’homme nouveau. L’artiste qui peut faire cela en profondeur est l’Esprit Saint. Toutefois, il requiert notre participation et notre docilité. La conversion du cœur est, pour ainsi dire, une œuvre d’art commune de l’Esprit et de notre liberté. Vous, artistes, habitués à modeler les matières les plus diverses selon la fantaisie de votre génie, savez combien l’effort quotidien pour améliorer sa propre existence ressemble à l’effort artistique.… Dans la création artistique, l’homme se révèle plus que jamais “image de Dieu” et il réalise cette tâche, avant tout en modelant la merveilleuse “matière” de son humanité… Il existe une analogie singulière entre l’art de se former soi-même et celui qui se déploie dans la transformation de la matière.
Si la création artistique a besoin d’une inspiration, le chemin spirituel a besoin de la grâce qui est le don à travers lequel Dieu se communique lui-même, entourant d’amour notre vie et éclairant nos pas, frappant à notre cœur jusqu’à l’habiter et en faire le temple de sa sainteté. Ce dialogue avec la grâce engage surtout sur le plan éthique, mais touche toutes les dimensions de notre existence et acquiert une expression particulière dans l’exercice du talent artistique. Dans votre esprit, Dieu se laisse entrevoir à travers la fascination et la nostalgie de la beauté. En effet, il ne fait aucun doute que l’artiste vit avec la beauté “une relation particulière” et l’on peut même dire que la beauté est “la vocation qui lui a été adressée par le Créateur”. Si l’on est capable de cueillir dans les multiples manifestations de la beauté un rayon de la Beauté suprême, alors l’art devient une voie vers Dieu et pousse l’artiste à conjuguer son talent créateur avec l’engagement vers une vie simple plus conforme à la loi divine ».
Dans un passage inspiré du Cantique spirituel, saint Jean de la Croix nous partage sa vision de foi, que toutes les créatures ont été transfigurées par l’humanité du Christ : « Posant sur eux son regard, d’un reflet de son visage, Il les laissa toutes revêtues de beauté ».
Chers artistes, chers amis, laissons-nous revêtir de cette beauté et nous en imprégner toute notre vie, qu’elle soit tout ensoleillée par la lumière éternelle qui a habité au milieu de nous, soleil incarné, plénitude du soleil chantée par Chantecler : « Soleil, toi sans qui les choses ne seraient que ce qu’elles sont » !
Riposte catholique pourrait-elle faire connaître l’association Narthex ? A la CEF.
Dieu vous garde
Nous vivons en un temps qui aime la concision et n’a plus de temps aux verbiages et aux redactions. voir l’immensite du texte, certains dont moi, s’eclipsent.
Il y en a qui voudraient accéder à la beauté sans faire le travail d’aller vers elle. C’est dommage, ils ne savent pas ce qu’ils perdent.
Moi qui m’attendait au pire, j’ai lu ce texte sans même avoir bien compris qui en est l’auteur et j’en suis bien aise car il est vraiment excellent alors qu’il est si facile de perdre en considérations oiseuses sur la beauté.
Il me semble y avoir retrouvé tous les fils nécessaires à une pleine saisie de ce qu’il faut entendre par beauté mais, de surcroît, la chose été accomplie en contexte religieux, ce qui, tout en donnant sa pleine valeur à l’exercice, le rendait d’autant plus difficile.
Bref, chapeau à l’auteur, avec un seul regret toutefois : sauf inattention de ma part, je n’ai pas vu de distinguo suffisant entre l’art et la beauté. L’auteur semblait passer de l’un à l’autre comme si la chose allait de soi alors que, malheureusement, c’est loin d’être le cas.
Les artistes modernes n’ont souvent plus qu’une affreuse prétention à la beauté (quand il ne lui ont pas tourné le dos de manière assumée). Ils s’en sont fait les prêtres auto-proclamés et il me semble que c’est une position illégitime qui, jusqu’à un certain point, fait concurrence à l’Eglise.
La beauté, comme le soleil, brille pour tout le monde, nul n’en a l’apanage. Chacun porte en soi la capacité d’entrer en résonance avec elle, de l’apercevoir et de se laisser saisir.
Les artistes peuvent y aider, ils peuvent aussi y faire obstacle.