Le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris, a prononcé à Lourdes l’homélie de la messe du 7 novembre, à Lourdes. Extrait :
“[…] Notre christianisme ne perd-il pas peu à peu de son enracinement dans le grand nombre, avec tout ce qu’il peut y avoir d’incertain, d’imprécis et d’inégal dans l’adhésion personnelle de chacun ? Est-ce que nous ne passons pas du christianisme du peuple au christianisme des individus très soigneusement étiquetés, mesurés, vérifiés ? Mais si peu nombreux ! Cette Église ne risque-t-elle pas de devenir une Église des purs dont on s’apercevra peut-être un jour qu’ils n’étaient pas si purs que leur piété le laissait penser ?
Il me semble que cette parole du Christ nous invite à ouvrir plus largement notre perspective, à déployer une plus grande ambition à l’égard du plus grand nombre, à essayer quand même, sinon de les pousser tous, d’en convaincre quelques-uns ! Encore faudrait-il que nous-mêmes, nous soyons convaincus que le menu qui nous est proposé mérite que l’on abandonne un certain nombre de choses, ce qui n’est visiblement pas le cas des invités de ce repas pour qui des occupations très légitimes l’emportent de beaucoup sur le désir de répondre à l’invitation.
J’ai toujours été impressionné, mais sans doute était-ce dû à mon jeune âge, quand on me racontait comment des chrétiens faisaient des kilomètres à pieds pour aller à l’eucharistie. Cela me revient quelquefois quand je reçois des récriminations de nos chrétiens qui se plaignent parce que la messe est à plus d’un quart d’heure de chez eux, ou à une heure qui ne leur convient pas en fonction de l’horaire d’ouverture de leur boucher… Il y a des priorités… Je ne suis pas sûr que nos priorités soient toujours explicites ! […]”
Le cardinal critique-t-il ces évêques qui font la fine bouche face aux jeunes chrétiens plein de zèle qui s’engagent dans des partis politiques pas très “purs” ou qui partent aider leurs frères d’Orient sans se mouler dans les structures devenues souvent autoréférentielles et surtout jalouses ?…
Quant aux chrétiens qui font des kilomètres pour aller à la messe, ils existent encore de nos jours, en France. Ce sont les traditionalistes, obligés de se lever aux aurores pour aller assister à la seule messe diocésaine que l’évêque du lieu a bien voulu concéder…