Un lecteur nous informe qu’une femme pasteur a prononcé l’homélie sur le livre de JOB lors de la messe dominicale à l’abbaye Sainte-Marie de Maumont (diocèse d’Angoulême), le dimanche 8 octobre dernier (avec l’autorisation de la Mère Abbesse et celle de leur aumônier).
Ils avaient même eu l’idée de ne pas réciter le Credo (ou plutôt de dire un Credo “arrangé”); car il y avait d’autres protestants. Heureusement, l’aumônier a dit :” On récitera le Credo Catholique”.
Plusieurs personnes sont parties en claquant la porte en présence des bénédictines! Ces fidèles outrés sont allés à la messe à Chalais, mais sont arrivés avec 10 minutes de retard. Ces personnes ont fait contre cet évènement à Monseigneur Gosselin, évêque d’Angoulême, et attendent toujours une explication. A ce jour, rien n’arrive. Toutefois, Mgr Gosselin n’est pas le supérieur de ces religieuses, qui dépendent de l’ordre bénédictin et donc de Rome.
Donc, quand on va à la messe, il n’est plus certain d’avoir affaire à un prêtre.
Cet évènement n’est pas un cas isolé mais caractéristique de ce milieu catholique qui devient protestant. Ainsi, dans son dernier éditorial, Jean-Pierre Denis, directeur de l’hebdomadaire La Vie, assume ce glissement :
“En 1976, La Vie catholique devient La Vie. Plus de 40 ans plus tard, ce changement reste le meilleur reproche que font ceux qui se privent de nous lire. « La Vie ex-catholique », sifflent-ils. Je ne voudrais pas les traiter de vieux perroquets, mais quel anachronisme ! En devenant « hebdomadaire chrétien » dans le contexte de l’après-Vatican II, La Vie ne reniait pas sa vocation, elle l’amplifiait. Certes, nous n’avons plus la même conception de l’œcuménisme. On ne cherche plus la fusion des dénominations et la confusion des appareils. Mais, alors que la société se sécularise de plus en plus, comment refuser d’entendre la grande prière du Christ après la Cène, « afin que tous soient un » ? Comment, relisant de chapitre 17 de saint Jean, ne pas voir que là se joue la crédibilité même des disciples « envoyés dans le monde » ? Alors que Jésus s’est défini dans le même Évangile comme « le chemin, la vérité et la vie », nos prédécesseurs ne pouvaient choisir titre plus christique, ni plus confessant, plus attestataire et plus apostolique. C’était d’ailleurs leur but explicite : rejoindre les hommes pour leur annoncer la bonne nouvelle. On dirait aujourd’hui, avec le pape François, « aller aux périphéries ».
Comment annoncer si on reste enfermé ? Notre titre a une vocation dialogale. La Vie, c’est un peu le journal de tous les christianismes. Nous nous sentons bien fiers d’avoir contribué à percer le mur entre les deux églises siamoises de Saint-Pierre-le-Vieux à Strasbourg, lors de l’ouverture des États généraux du christianisme, en 2012. Papistes et luthériens étaient séparés depuis trois siècles, chacun dans leur nef ! Personnellement, je parle certes en catholique. Mais j’ai souvent la joie de rencontrer ces nombreux protestants dont La Vie est aussi le journal de référence. Et je ne crois pas les oublier quand j’écris.
Chacun chez soi, et les fidèles seront bien gardés, me répondra-t-on. Dans la société liquide, les engagements religieux ne peuvent plus fonctionner sur ce mode défensif, dépressif, simpliste. Certains pasteurs deviennent « cathocompatibles » sur des questions de société, voire de foi. De leur côté, les catholiques se sont un tantinet luthérianisés, voire calvinisés. Prenez les indulgences : dans la querelle qui l’opposa au pape sur le commerce du salut, ils se rangeraient aujourd’hui du côté du moine rebelle. Prenez la Bible : ce livre jugé quelque peu dangereux pour les non-clercs, ils le lisent de plus en plus attentivement. Objectivement, les catholiques se distinguent parfois plus nettement et plus douloureusement des catholiques, et les protestants d’autres protestants, que les réformés ne se différencient des romains.
Du problématique au prophétique. On peut essayer d’être évangélique sans devenir angélique. Plutôt que de nous encombrer de préventions et préjugés, essayons de mettre la diversité au service de l’unité. Prenons pour cela la seule boussole qui vaille, celle du cœur. C’est ainsi, le plus fraternellement du monde, que La Vie s’est associée à la commémoration des 500 ans de la Réforme. Ce numéro spécial de notre hebdomadaire, presque entièrement consacré aux croyants qui se réclament de Luther et de Calvin, sera offert dans quelques jours aux 10.000 participants de Protestants en fête. C’est notre cadeau d’anniversaire.”
“Les catholiques se sont un tantinet luthérianisés, voire calvinisés”… On en célèbre Luther et la réforme protestante. Le Credo disparait dans un gloubi boulga (il ne faut pas être rigide) et l’on sombre dans le relativisme du Mouvement d’Animation Spirituel de la Démocratie Universelle (MASDU)…
Quand le Fils de l’homme viendra, trouvera-t-il la foi sur terre ? (Luc 18,8)