Projet est la revue du Ceras (Centre de Recherche et d’Action Sociales) issu de l’Action Populaire -créée en 1903 par la Compagnie de Jésus- et engagé depuis cent ans dans la réflexion sur la justice sociale. La revue, bimestrielle, s’attache à décrypter les enjeux politiques et sociaux d’une société complexe pour soutenir ceux qui agissent et ouvrir les voies d’un monde plus humain. Elle représente un lieu de débat où se complètent et se confrontent chercheurs et acteurs, experts et profanes, chrétiens et non chrétiens. Le rédacteur en chef est Jean Merckaert.
Sa dernière livraison traite de la fécondité. Sous des accents malthusiens, Jean Merckaert écrit dans son éditorial :
Encore faudrait-il aussi qu’on puisse stabiliser la population – un objectif sur lequel les Nations unies se sont accordées au Caire, en 1994 (cf. J. Véron). Or l’influence des pouvoirs publics en la matière est toute relative : en Iran, la fécondité a chuté alors même que le régime théocratique prônait l’inverse (cf. M. Ladier-Fouladi) ; même en Chine, l’enfant unique n’a eu qu’une incidence supplétive sur une transition déjà bien engagée (cf. L. De Giorgi). Rappelons aussi que « la fin est dans les moyens comme l’arbre est dans la graine » (Gandhi) : si l’ambition des « politiques de population » est de permettre à chacun de mener une vie plus humaine, quelle place pour une politique coercitive ? Le recours à l’avortement ne saurait, non plus, participer d’une politique de limitation de la population. En revanche, une chose est établie : la plupart des femmes choisissent d’avoir moins d’enfants quand elles peuvent en décider librement. Ce qui suppose l’amélioration de leur statut, l’accès de toutes à l’éducation. Et la mise à disposition des moyens modernes de contraception. Or aux Philippines ou en Afrique, les évêques freinent toute évolution, campant sur des interdits… Est-ce bien là la bonne nouvelle que Jésus est venu apporter aux hommes (et aux femmes !) ? Heureusement, le discours du Vatican n’est pas complètement figé (cf.G. Catta et B. Saintôt). Sans doute faudrait-il le dire plus clairement.
Grégoire Catta et Bruno Saintôt estiment que le discours officiel de l’Église évolue sur la fécondité, avec une illustration d’un goût douteux :
La position de l’Église sur la pilule et le préservatif lui a valu bien des critiques et bien des divisions en son sein. Mais progressivement, elle évolue. Surtout, ce contentieux ne saurait résumer le discours catholique, qui fait aussi de la démographie, indissociablement, un enjeu d’éthique sociale.