Mgr Jean-Claude Boulanger, évêque de Bayeux – Lisieux, a été interrogé par La Renaissance Le Bessin.
Pouvez-vous en premier lieu rappeler l’importance du 15 août pour les catholiques ?
C’est l’une des grandes fêtes de la Vierge Marie, en particulier en Normandie où elle est vénérée depuis le XIIe, XIIIe siècle. C’est d’autant plus vrai que dans le département nous avons un lieu de pèlerinage important, avec le Petit-Lourdes d’Hérouville-Saint-Clair. Il y a du monde tous les jours là-bas. On peut aussi citer celui de Caumont-l’Éventé. Il y a une dévotion importante pour Notre-Dame de Lourdes ici en Basse- Normandie.
D’où l’importance du 15 août. Mais je dirais que c’est une fête de religiosité populaire. Marie est une femme, une mère, une figure vers laquelle on se tourne. Pour la procession à Bayeux, en général, on rassemble 300 personnes.
La semaine s’annonce chargée pour vous qui partez à Lourdes dans la foulée…
Effectivement nous partons le lendemain en pèlerinage pour une semaine. Nous serons environ 850 du diocèse, dont environ 300 jeunes, avec une centaine de malades. Ça doit être la 50e fois que j’y vais ! C’est un lieu de fraternité où les petites gens vont, où les malades redonnent de la confiance en la vie.
Beaucoup de jeunes sont touchés par leur courage, leur foi, leur confiance, leur combat avec la vie. Et j’ai aussi déjà entendu un malade dire « J’aime bien aller à Lourdes car je me fais chouchouter là-bas ! » C’est plutôt bon signe.
Revenons sur une actualité moins joyeuse avec l’assassinat du père Hamel. Comment l’avez-vous vécu ?
J’avais rencontré une fois le père Hamel mais je ne le connaissais pas personnellement. J’étais en Pologne à Cracovie, aux Journées mondiales de la jeunesse, lorsque c’est arrivé. Il a fallu prendre du temps avec les jeunes, pour expliquer. Certains pouvaient être révoltés. Dans la prière, ils sont revenus pacifiés. Ils ont vécu la paix, la douceur en n’accusant pas les musulmans d’avoir commis ce meurtre.
Quel regard portez-vous sur cet événement un an après ? Dans quelle mesure a-t-il pu faire progresser le dialogue interreligieux ?
Des démarches qui n’existaient sont nées entre chrétiens et musulmans. Je pense à ce peintre (Omar Moubine) qui a offert une peinture à l’archevêque de Rouen à l’effigie et en l’honneur du père. Cela montre un désir de paix. J’ai été étonné de voir des femmes musulmanes venir prier à l’église. Mais je dirais qu’il s’agit davantage de démarches individuelles qu’institutionnelles.
Alors est-ce « suffisant » ?
Il suffit parfois d’une démarche personnelle pour déclencher beaucoup. Regardez les réseaux sociaux… Le bruit ne fait pas de bien, et le bien ne fait pas de bruit (sourire). Je crois malgré tout que le dialogue, le dialogue de vie, au niveau institutionnel doit progresser. Nous sommes capables de nous respecter dans la prière.
Quel est ce dialogue institutionnel ? Quelle institution représente les musulmans ?…