Un an après le meurtre du père Hamel, l’archevêque de Rouen Mgr Lebrun répond à Samuel Pruvot dans Famille chrétienne. Extraits :
La nation française est touchée d’une manière globale par l’assassinat du Père Jacques Hamel, comme par les autres attentats. La présence du Président de la République manifeste qu’il n’y a pas de cassure entre les croyants et les non-croyants, entre la République et les religions. M. Emmanuel Macron, comme tout Français, est touché par ces actes inqualifiables. Au-delà de la représentation et des discours, il a aussi souhaité rencontrer dans la salle paroissiale la famille et les responsables de la paroisse. Ce geste me touche. […]
Cette messe anniversaire est une prière pour le Père Jacques Hamel et pour ses proches. Ce sera aussi une prière pour la paix. Pour sortir de cette guerre dont le foyer se trouve au Moyen-Orient. Pour sortir aussi de la guerre qui est ici… Je suis ému que le cardinal Barbarin soit en même temps à Mossoul, selon sa promesse, avec la statue de Notre-Dame de Fourvière. J’aurais pu être du voyage… […]
Il y a une dizaine d’années, des chrétiens me demandaient déjà : « Est-ce qu’il y aura des martyrs ici ? » Je répondais que Jésus nous avait promis que le serviteur n’était pas plus grand que son maître… La question suivante était : « Alors on va être martyrs, nous ? » Quand le meurtre du père Hamel est arrivé, cela a été mystérieusement intégré par les chrétiens. Comme s’ils savaient tout cela dans leur inconscient profond. Comment l’ignorer quand, lors de chaque messe, nous sommes face au corps livré de Jésus ? Cela dit, la mort du père Hamel apporte avec elle un réalisme difficile à vivre. A la cathédrale de Rouen, il y a un vitrail qui représente un agneau immolé avec le sang qui coule dans un calice. C’est une iconographie ancienne. Pour moi, la mort du père Hamel a été un révélateur. Elle est vraiment dans la logique de la mort de Jésus.
Où en est le procès de béatification du père Hamel ?
Il y a une réputation de martyr chez le père Hamel. Reste à établir l’intention des deux assassins où politique et religion se mêlent… Ils ont assassiné un prêtre en train de prier dans une église. Il y a des indices qui ne trompent pas : les coups de couteau sur l’autel, le cierge pascal renversé, la croix brisée et le chapelet de Notre-Dame de Fatima jeté à terre.
Il faudra du temps pour établir la vérité ?
Nous sommes dans la phase de l’instruction. Il y a le temps des médias qui va très vite. Trop vite. Les personnes que nous interrogeons dans ce procès sont encore dans le deuil ! Une justice sereine est une justice lente. Il faut prendre du recul par rapport aux émotions. Il faut laisser au tribunal que j’ai constitué le temps de faire ses auditions. Une conclusion de l’enquête diocésaine est envisageable en 2019. […]