Le pape François serait favorable à la béatification de Blaise Pascal (une façon de réhabiliter les jansénistes ?… Dans La Croix, le père Thierry Magnin, recteur de l’université catholique de Lyon (Ucly), docteur en sciences physiques et en théologie, s’en réjouit :
Il serait bon de béatifier Blaise Pascal, pour deux raisons essentiellement. D’abord parce qu’il est un exemple magnifique de conversion intime, profonde, à Jésus-Christ. Lorsqu’il fait son expérience dite du « Mémorial », dans la nuit du 23 novembre 1654, à l’âge de 31 ans, il prend conscience d’être habité par l’infini de l’amour de Dieu (Christ Agapé) qui se révèle dans tout son être, et pas seulement dans sa raison. « Feu. Certitude. Sentiment. Joie. Paix. Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob, non des philosophes et des savants. Dieu de Jésus-Christ. Il ne se trouve que parmi les voies enseignées dans l’Évangile. Grandeur de l’âme humaine. Joie, joie, joie, pleurs de joie », écrit-il dans ce texte que l’on a trouvé cousu dans son habit après sa mort.Pascal fait l’expérience de sa pauvreté fondamentale, biblique. Ce vide intérieur qui le rongeait lui faisait dire : « Je sais que je suis mais je ne sais pas qui je suis. »Une pauvreté qui oblige l’homme au lâcher-prise et qui, du coup, lui permet de naître à lui-même et à se constituer comme sujet. À la suite de cette expérience de débordement d’amour divin, Pascal va consacrer de son temps aux pauvres, aux malades. Et il va clairement identifier que la vérité hors de la charité n’est pas Dieu.
L’autre raison pour laquelle Blaise Pascal mérite d’être béatifié est parce qu’au cœur de son travail scientifique et intellectuel, il montre le lien existentiel entre la raison et la foi. À l’époque de Galilée, il fut l’un des rares scientifiques chrétiens à n’être pas tombé dans l’anathème contre Galilée mais à se laisser au contraire interroger. « L’homme n’est plus la mesure de toute chose », écrit-il. Lui qui était à la fois physicien, mathématicien, philosophe croyant et polémiste, était tiraillé entre la raison seule à l’instar de Descartes et le moi développé par Montaigne. Or son humanisme nouveau s’oppose à celui de Descartes, car la raison ne suffit pas à accomplir l’homme, et à celui de Montaigne car, après avoir connu une période de mondanité, il comprend que c’est une impasse et renonce à ce qu’il nomme « divertissement », c’est-à-dire une fuite pour ne pas rester seul avec le vide de son cœur.
Pour ces deux raisons, et parce que sa trajectoire de vie et de conversion est très intéressante et très contemporaine, il me semble que la béatification de Blaise Pascal serait une très bonne chose. Cependant, être béatifié ne signifie pas que l’on a toutes les qualités. Il est par exemple évident que je n’approuve pas à titre personnel certains éléments jansénistes des Provinciales.