L’évêque de Chartres, Mgr Michel Pansard, a été interrogé par l’Echo Républicain. Extraits :
La vie des hommes n’est pas un long fleuve tranquille. Elle est marquée par bien des drames, comme nous le rappelle l’actualité récente en Égypte. À moins de vivre dans notre bulle, si nous sommes des humains, nous sommes touchés par ce qui atteint d’autres frères et sœurs dans d’autres endroits de la planète. Pâques nous rappelle qu’au cœur même de tous ces drames, un chemin est possible, pour lequel cela vaut le coup d’engager sa vie. Le Christ est celui qui, justement, donne sa vie par amour. Ce n’est pas la violence qui a le dernier mot, mais la victoire de la Résurrection.
Des citoyens vivent avec la peur du chômage, des attentats, de l’avenir… Comment percevez-vous ces craintes ?
Beaucoup de nos contemporains ont l’impression d’être dans des impasses. Ils s’interrogent sur l’avenir de leurs enfants. La tentation est le repli sur soi, mais il y a aussi l’espérance. Si les chrétiens, avec lucidité, sans fermer les yeux, ne sont pas des hommes et des femmes d’espérance, qui le sera ? Le dimanche de Pâques est inséparable des jours qui précèdent, de la Passion. Quand je pense aux peuples dont l’existence ressemble à la Passion du Christ, ce qui me frappe, c’est le dynamisme de vie dont ils sont capables. Sans tous ceux qui se donnent, qui aiment, qui s’engagent, notre monde ne tiendrait pas. Or, il tient. […]
Quel regard portez-vous sur la campagne présidentielle ?
Il faut reconnaître que nous avons une campagne électorale un peu atypique. Je ne suis jamais très à l’aise quand j’ai l’impression que tout se joue sur la dernière petite phrase des uns ou des autres, le dernier soubresaut, les affaires. Ça existe, donc il faut bien le prendre en compte, mais l’enjeu est de savoir ce que les citoyens de notre pays vont se donner comme gouvernants pour les années qui viennent. Mais n’attendez pas de moi que je donne à quiconque des consignes de vote !
Êtes-vous inquiet de voir que les clivages grandissent ?
Il faut faire attention à ce que les clivages ne s’accentuent pas. Ce sera l’enjeu des années qui viennent, retrouver le ciment qui nous aide à marcher ensemble, alors que notre société est complexe. Cela ne va pas se faire avec le résultat d’une élection. Si j’avais une invitation à faire à nos contemporains, je leur dirais de prendre le temps de se poser, de regarder de près ce que sont les axes et les propositions des candidats à la présidentielle. Ensuite, en conscience, c’est à chacun de voir ce qui est le mieux pour la communauté nationale.
Le pèlerinage à Chartres des étudiants d’Ile-de-France n’a pas eu lieu cette année, aux Rameaux. L’évêque de Chartres déclare :
« Nous ne sommes pas les responsables de ce pèlerinage, nous l’accueillons. L’annulation m’a un peu surpris, mais je voyais bien que ce pèlerinage s’effritait depuis quelques années. J’ai compris que du côté de l’Ile-de-France, les évêques et les responsables de la pastorale des étudiants allaient réfléchir à une nouvelle formule. Un pèlerinage qui a quatre-vingts ans a peut-être besoin d’une nouvelle étape. Est-ce que ce sera une formule annuelle ou plus espacée ? Je ne sais pas. » « Beaucoup de nos contemporains prennent le chemin de Compostelle. Alors que nous avons des vies un peu stressées, se mettre en route, c’est prendre un rythme plus lent, mais peut-être plus vital. Ce que j’entends chez un certain nombre de pèlerins, chrétiens ou pas, c’est leur besoin de retrouver un sens à leur vie. Nos vies sont pleines, mais après quoi courons-nous ? Les aspirations les plus profondes, qui sont au cœur de l’homme, ne sont pas étrangères au désir de Dieu. C’est ce qui faisait dire à Saint-Augustin, en parlant à Dieu : “Longtemps je t’ai cherché, loin de moi, mais tu étais plus intime en moi que moi-même”. »