De Mgr Thierry Brac de la Perrière, Evêque de Nevers :
Est-il raisonnable de fêter Pâques ? En ce jour, les chrétiens célèbrent la résurrection de Jésus, ils chantent la victoire de la vie sur la mort, de l’amour sur le mal. Quel sens cela a-t-il, alors que la mort règne encore, souvent accompagnée de violences et de souffrances ; alors que le mal règne encore, sous de multiples formes ? Pourtant, inlassablement, les chrétiens chantent cette victoire. Ils la chantent en Irak, dans leurs églises ravagées, ils la chantent en Chine, dans leurs églises clandestines, ils la chantent en temps de guerre et en temps de paix, dans la prospérité comme dans la détresse. En tout premier lieu ils l’ont chantée à Jérusalem, il y a deux mille ans, à partir de cet événement unique dans l’histoire qu’a été la résurrection d’un homme, Jésus de Nazareth. C’est bien à partir de cet événement que prend sens la joie de Pâques, et non d’autre chose. Car le monde ne va pas mieux ni plus mal qu’avant la résurrection de Jésus. Et les chrétiens ne sont ni plus optimistes ni plus pessimistes que d’autres par rapport à l’avenir. Mais s’ils chantent la victoire de la vie sur la mort, c’est parce que cette victoire a bien eu lieu, et qu’elle a du sens pour aujourd’hui et demain : la victoire de Jésus sur la mort et sur le mal qui l’ont atteint, est possible pour celui qui veut bien prendre le même chemin que lui : celui de l’amour plus fort que tout. Sur le chemin les obstacles ne manquent pas, mais le chrétien croit que le Christ lui-même est avec lui pour le conduire. Et même si la mort semble plus forte, si le mal semble gagner la partie, chaque acte d’amour, chaque acte de foi, est une victoire de la vie sur la mort. Oui il est bien raisonnable, si Jésus a vaincu la mort, de croire en l’amour plus fort que la mort et le mal. C’est ce que les chrétiens célèbrent à Pâques, c’est ce qu’ils chantent dans les rires et dans les larmes, et le chant de Pâques est déjà une victoire de l’espérance.