Avec son retrait soudain du diocèse au retour de l’assemblée des évêques à Lourdes, la démission de Mgr Gaschignard n’est pas surprenante mais elle sonne comme un coup de tonnerre dans le ciel de l’épiscopat français. Le pape François a accepté aujourd’hui la démission de Mgr Hervé Gaschignard, évêque d’Aire et Dax. Le président de la CEF, Mgr Pontier, écrit :
Les évêques de France accueillent cette décision dans la foi et la confiance au successeur de Pierre et en mesurent la gravité.
Depuis plusieurs semaines, dans le diocèse de Dax, des rumeurs persistaient sur des attitudes pastorales inappropriées de l’évêque. Elles ont été portées à la connaissance du Cardinal Jean-Pierre Ricard, archevêque métropolitain de Bordeaux, et du Nonce apostolique.
Cette ambiance avait rendu difficile le gouvernement du diocèse. C’est pourquoi, depuis le vendredi 31 mars, Monseigneur Hervé Gaschignard, avait pris un temps d’éloignement et de repos. Sur la suggestion du Nonce apostolique, il avait proposé sa démission au Pape quelques jours avant.
Les évêques veulent assurer de leur prière tous ceux que cet événement affecte et particulièrement ceux qui en sont blessés.
Le Pape François a nommé Mgr Bernard Charrier, évêque émérite de Tulle, administrateur apostolique du diocèse d’Aire et Dax.
Le diocèse, par les voix des abbés Denis Cazaux, Vicaire général, et Bernard Hayer, Chancelier, communique :
“Que s’est-il donc passé ? Il est de notre devoir de fournir au diocèse quelques éléments pour comprendre cette décision.
Le 31 mars dernier, par un communiqué, Mgr Gaschignard a informé le diocèse qu’il partait en repos suite à « une fatigue liée à diverses causes ». Les termes laconiques de ce communiqué ont provoqué bien des interrogations.
Depuis quelques temps, des rumeurs persistantes circulaient dans le diocèse sur des paroles déplacées et des attitudes inappropriées de l’évêque dans sa relation pastorale aux jeunes. Elles sont remontées jusqu’au Saint-Siège.
Informé de la chose, Mgr Gaschignard, conscient que cette situation altérait la confiance et rendait difficile le gouvernement du diocèse, a pris trois initiatives :
- Il a rencontré M. le Procureur de la République à Mont-de-Marsan. À notre connaissance, aucune plainte à ce jour n’a été déposée auprès du Procureur.
- Il a fait savoir au pape François sa disponibilité à être déchargé de sa mission épiscopale dans les Landes, si cela permettait de faciliter la recherche de la vérité. Le pape a apporté sa réponse ce midi.
- Il a décidé de prendre une période de recul et de repos, hors du diocèse, et il l’a annoncé au retour de l’assemblée des évêques à Lourdes le vendredi 31 mars.
L’information de ce jeudi 6 avril, totalement inattendue, est un choc et pour beaucoup une stupéfaction. Nous pensons d’abord à Mgr Gaschignard et à tous ceux qui sont les plus touchés par cet événement douloureux et nous invitons les catholiques du diocèse à prier pour eux avec ferveur.
Jusqu’à la nomination d’un successeur à Mgr Gaschignard, le pape François a nommé comme Administrateur Apostolique du diocèse Mgr Bernard Charrier, évêque émérite de Tulle. C’est un homme reconnu pour sa sagesse. Il rejoindra la communauté diocésaine dès le lundi 10 avril pour la messe chrismale à Tartas. Dans les mois à venir, il nous aidera à poursuivre les perspectives ouvertes par la Lettre pastorale Disciples-missionnaires de Jésus Christ.
Qu’en cette veille de Semaine Sainte où nous ferons mémoire du mystère pascal du Christ, notre foi nous aide à traverser cette épreuve. Qu’elle nous garde dans l’unité pour laquelle le Seigneur a prié.”
“Il ne s’agit pas de faits de pédophilie”, a insisté le vicaire général l’abbé Denis Cazeaux, faisant état de “trois témoignages” parvenus aux autorités.
“Ce qui remonte des rumeurs, c’est plutôt la façon de se situer… Tout éducateur de jeunes se doit de trouver une juste distance”.
Le responsable de la communication à l’évêché, Paul Perromat, avait souligné qu’
“il n’est en aucun cas question d’agressions ou d’actes sexuels”. “A l’heure actuelle, aucune plainte n’a été déposée”.
Le responsable d’une association locale de lutte contre la pédophilie, “Colosse aux pieds d’argile”, a indiqué avoir recueilli ces derniers mois deux témoignages mettant en cause Mgr Gaschignard : un garçon de 14 ans que l’évêque aurait notamment interrogé sur ses pratiques sexuelles, et une adolescente de 15 ans ayant parlé de
“caresse sur la cuisse, bisou volé sur la joue, chuchotements dans l’oreille, et beaucoup de paroles inappropriées”.
Cette affaire appelle plusieurs commentaires :
- Sur cette affaire précisément, il semble que, à plusieurs reprises, alors que Mgr n’était pas encore à Dax, des histoires aient déjà circulé (Mgr Le Gall avait même déposé un signalement à la justice, classé sans suite). Si elles étaient fausses, rien n’a été publiquement fait pour les démentir. Un prêtre injustement accusé doit porter plainte pour calomnie. Si elles étaient vraies, on se demande pourquoi la vertu de prudence n’a pas été appliquée avant de le nommer.
- Au-delà de cette affaire, cela montre qu’il est désormais possible de faire démissionner un évêque sur la base de médisances ou de calomnies. En effet, aucune victime supposée n’a porté plainte.