Voici le texte de l’évêque d’Amiens sur les élections :
L’apparition de nouvelles personnes controversées sur la scène internationale, le déroulement de la campagne électorale dans notre pays, la complexité de la situation géopolitique, économique et sociale, les interrogations multiples sur les candidats, la manière dont les médias en rendent compte, amènent une part importante de nos concitoyens, si on en croit les sondages, à prendre leur distance avec la politique, voire à la dénigrer. Certains en désespèrent, d’autres se sentent tentés par des crispations extrêmes.
C’est une double tentation à laquelle les chrétiens se doivent de résister. Ils ne sont pas dupes. Ils savent trop que le monde a besoin d’un Sauveur – Celui qu’ils confessent en Jésus-Christ- pour s’étonner des turpitudes de l’homme et de la force du péché qui à certains moments est manifesté avec plus de force qu’à d’autres. Pour autant, ils ne veulent pas renoncer au politique, au service de la cité et du bien commun.
Ils savent trop que l’absolu s’est incarné en Jésus dans le contingent, et l’éternité dans le temps pour s’étonner que les phénomènes d’évolution et de conversion ne suivent ni nos impatiences, ni nos révolutions mondaines. Pourtant, ils ne s’y résignent pas et réaffirment leur volonté de s’engager pour tous.
Ils savent trop la puissance des forces du mal, y compris en eux, pour accepter les manichéismes mondains et les solutions simplistes ou consentir à des solutions de replis ou d’exclusion. Pour autant, ils refusent la confusion (toujours source de violence), ils continuent à chercher avec les hommes et les femmes de bonne volonté « la vérité qui rend libre », ils veulent travailler à une culture de vie pour tous contre toutes les formes de culture de mort.
A cause de cela, je voudrais vous inviter, comme disciples du Christ, en ce moment important et délicat pour notre pays à :
- Lire ou relire le texte du conseil permanent des évêques de France : « Dans un monde qui change retrouver le sens du politique » ;
- Pour aller plus loin , en vue de votre propre discernement politique, pour qu’il ne soit pas dicté que par la passion ou les habitudes, de vous poser « la seule question qui mérite d’être posée […] : qu’est-ce qui fait qu’une vie mérite d’être donnée aujourd’hui ? Pour quoi suis-je prêt à donner ma vie aujourd’hui? »
- Oser les questions voire les interpellations, les échanges et les débats, mais de renoncer tant à la dictature de la passion qu’au dénigrement du politique et de la politique, et de ceux qui pensent autrement que vous ;
- Prier pour les candidats et les partis politiques engagés dans la campagne. Ne serait-il pas opportun que dans chaque paroisse du diocèse, à chaque messe dominicale d’ici les élections, une intention de prière à ce sujet trouve sa place dans la prière universelle ?
« Nous pensons que les vraies solutions aux problèmes profonds de notre époque ne viendront pas d’abord de l’économie et de la finance, si importantes soient-elles, ni des postures et gesticulations de quelques-uns. Elles viendront de cette écoute personnelle et collective des besoins profonds de l’homme. Et de l’engagement de tous. » A commencer par chacun d’entre nous.
Dehors les principes non négociables : il ne faut pas se crisper (vers les extrêmes).