Aujourd’hui les règles du jeu politique sont dominées par des réalités contraignantes non politiques. L’économie, bien entendu, mais aussi les médias et de nombreux lobbies. Ce que nous appelons politique n’est en fait qu’un appareil de gouvernement. Les responsables politiques sont un des maillons du système actuel. Ils n’en sont en rien le sommet. Or, si le politique tient une vision et que celle-ci unifie l’action, les responsables politiques devraient inclure dans leur projet et donc leur programme politique toutes ces réalités contraignantes pour leur donner un sens. En d’autres termes, sans les contrôler, ils devraient leur donner leur place dans la réalisation de la vision.
Aujourd’hui il n’en est rien. Le politique est réduit à n’être que la courroie de transmission de réalités contraignantes qui les dépassent et par là les soumettent. Concrètement, cela signifie que la réalité du pouvoir est ailleurs et que le rôle, actuel des politiques n’est plus celui auquel nous nous référons.
Première raison de nos impasses, nous n’utilisons pas le politique pour ce qu’il est aujourd’hui, une courroie de transmission. Deuxième raison, qui découle de là, nous ne comprenons pas les règles du jeu. Nous imaginons encore les responsables politiques comme les anciens notables qui disposaient d’un pouvoir véritable de décision et d’action et donc d’influence. Il suffit pourtant de regarder les débats parlementaires pour se rendre compte que les jeux sont faits en amont, comme en aval. Consignes de vote, vexations diverses, refus des fonctionnaires de transformer les lois en décrets d’application, pression médiatique, pour ne parler que du plus audible.
Tandis que nous nous essoufflons sur le terrain de sport politique avec d’anciennes règles, les rodés du système marquent point sur point presque sans effort. Nous nous focalisons sur un rythme politique et électoral qui n’est pas le nôtre, qui est hors de notre portée.
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