Sur le diocèse d’Orléans, l’abbé O’Mahony va un peu plus loin :
“On dit parfois que le carême est “ le ramadan des chrétiens ”…
Il est vrai qu’il y a des ressemblances. Pendant un mois lunaire pour les musulmans, ou pendant quarante jours pour les chrétiens, trois activités sont privilégiées : le jeûne, la prière et l’aumône (ou tout geste fraternel). En raison de son caractère étonnant dans notre société de consommation, peut-être aussi parce qu’il suscite le même étonnement admiratif que des performances sportives, c’est surtout le jeûne que le grand public retient. Or, le jeûne est loin d’être au centre de l’enseignement du “ Catéchisme de l’Église catholique ” quand il parle du carême. Ce catéchisme présente le carême comme un moyen pour le chrétien de revivre ce qu’a vécu le Christ au désert. Il y eut certes jeûne. Mais là n’est pas l’essentiel. L’essentiel fut son attitude de fidélité à son Père au milieu des tentations, des épreuves.
On se souvient que le livre de la Genèse nous présentait Adam succombant à la tentation dans ce qui est le contraire d’un désert : le jardin d’Eden où Dieu avait planté toutes sortes de plantes pour que l’homme dispose de nourritures en abondance. Nouvel Adam, le Christ ne cédera pas aux tentations.
Le péché des hommes nous fait passer du jardin au désert. Et c’est dans un désert que le livre de l’Exode place la marche de quarante ans du peuple hébreu vers la terre promise. Ce sera un temps d’épreuve et de tentation pour le peuple qui regrettera l’Égypte, ses oignons et son veau d’or. Le psaume 95 nous dit même que ce fut un temps d’épreuve pour Dieu à cause des péchés des hommes avec qui il avait fait alliance. Le carême est donc pour nous un temps pour redécouvrir combien notre péché nous éloigne de Dieu et combien c’est par pure miséricorde qu’Il reste un Dieu fidèle à ses promesses et à son alliance. C’est un temps pour choisir Dieu et se détourner du mal. Moïse sut détourner le peuple des tentations, lui transmettre la Loi donnée par Dieu, et le conduire aux portes de la Terre promise. Jésus, “ le prophète qui ressemble à Moïse ”, nous donne l’Esprit de force qui nous permet de surmonter épreuves et tentations, qui inscrit la loi évangélique dans nos coeurs, et qui nous introduit dans le Royaume de Dieu.
Pour accueillir cet Esprit du Christ, le jeûne nous aide à nous libérer de ce qui nous encombre, nous tente, et fait obstacle en nous à la charité. La prière nous tourne vers Dieu pour lui demander la grâce de la fidélité dans les épreuves et tentations. L’aumône ou le geste fraternel nous tournent vers nos frères pour une charité réelle et concrète.