Evêque de Montauban, Mgr Bernard Ginoux a exprimé son soutien à la « Marche pour la vie » prévue dimanche 22 janvier à Paris. Il déclare dans Famille chrétienne :
Pourquoi avez-vous tenu à soutenir la Marche pour la vie ?
Chaque année, je soutiens cette démarche d’une manière ou d’une autre, même si je peux rarement me libérer un dimanche pour marcher à leurs côtés. Il me semble en effet extrêmement important de rappeler que toute vie est sacrée, et que l’avortement est toujours un drame social, pour l’enfant comme pour la mère. Je parle ici, non seulement du point de vue de la foi, mais aussi au plan purement humain. Personne n’en parle, mais il laisse des traces très fortes chez les femmes concernées. Je vous parle d’expérience : en tant qu’aumônier d’hôpitaux, j’ai rencontré plusieurs femmes témoignant avoir été abîmées à vie par avortement. Il ne s’agissait pas de femmes chrétiennes influencées par l’Eglise, mais des personnes en fin de vie, qui portaient une culpabilité énorme. Quand on est malades à mourir, on ne triche pas : soixante ans après, ces femmes en étaient encore bouleversées, se considéraient fondamentalement coupables. « Vous ne pouvez rien pour moi » me disait l’une d’elle, rongée par la culpabilité. Ce sont des rencontres qui vous marquent. Dans ma vie de prêtre et d’évêque, j’ai aussi vu des couples divorcer à cause d’un avortement dissimulé un temps par la femme ou imposé par le mari, y compris dans les milieux catholiques. L’avortement est un drame de civilisation. Et il n’y a pas besoin d’être chrétien pour appeler à respecter la vie des enfants à naitre et des femmes !
Bien qu’il ne soit pas nécessaire d’être chrétien pour défendre la vie, est-ce aussi le rôle d’un évêque de s’engager dans ce combat ?
Qu’un évêque rappelle à la société l’importance d’aider toute personne en détresse, quelle qu’en soit la raison, cela me semble bien naturel. Ce n’est pas parce que ce combat peut éventuellement être récupéré politiquement, ou défendu maladroitement par certains, que je dois me taire. Je dis ce que je pense parce que je parle d’expérience et que cette cause me tient à cœur. Il s’agit simplement de rappeler à la société de respecter la vie naissante, et celle des femmes dont j’ai souvent vu la souffrance. Le pape François l’a rappelé, l’Eglise doit être l’avocate de toute vie, de sa conception à sa mort naturelle. La vie est un don de Dieu que nous devons respecter.
La loi sur le délit d’entrave numérique à l’IVG est sur le point d’être adoptée. Quel danger représente-t-elle ?
Dans un pays libre, cette loi est d’abord une atteinte grave à la liberté d’expression. Proposer des alternatives à l’avortement ne porte pourtant préjudice à personne ! Mais ce qui est encore plus grave, c’est qu’elle opère un renversement complet : dans une société civilisée, c’est normalement le fait de tuer qui est transgressif. Non seulement on a franchi l’interdit de l’homicide, mais prôner le respect de chacun devient transgressif. La loi veut faire de ce qui est un mal un bien, et désigner comme un mal ce qui est bien. Or s’il existe des pressions sur les femmes aujourd’hui, c’est plutôt pour les pousser à avorter ! Cette loi ne fera qu’entériner cet état de fait : ce sont encore les femmes qui sont victimes ! Car ce sont elles qui portent ces enfants en elles, et subissent donc de plein fouet cet acte. Pourquoi ne pourrions-nous pas leur proposer des moyens pour les aider à accoucher et élever leur enfant, ou bien les accompagner dans leur démarche pour confier l’enfant à l’adoption ? Il y a là un vrai chantier, mais nous sommes malheureusement trop peu à nous y investir.