Réunis il y a quelques mois en assemblée générale, des prêtres de Nîmes s’interrogent sur l’image qu’ils renvoient d’eux-mêmes. Surchargés, ils regrettent de ne plus avoir le temps de prendre le recul nécessaire à leur mission. L’abbé Jean-Marie Pesenti raconte la réponse d’un fils à son père qui lui demandait s’il avait songé au sacerdoce :
« Pour être comme Jean-Marie qui court toujours à droite et à gauche ? Pas question ».
« On a des agendas de plus en plus chargés. Du coup, on accomplit des choses, mais on manque de présence. On n’a plus le recul nécessaire. »
Un prêtre ajoute :
« À force d’être pris, on manque de disponibilité. Mais c’est oublier que notre ministère passe par l’humain : nous sommes ordonnés homme parmi les hommes et il est très important pour notre équilibre de garder cette racine humaine. »
Les prêtres de province cumulent les clochers, jusqu’à 70 pour certains. En même temps, la campagne est dépeulpée. Les familles et les jeunes ne sont plus là, sauf lors des vacances.
L’abbé Benoît Reif, prêtre à Beaucaire, estime que le risque est de « rester enfermer dans des communautés » :
« Nous sommes « leur » prêtre. Or, sortir du cercle de l’Église est aussi pour nous une leçon d’humilité, car nous apprenons alors à ne plus être le centre de tout. »
« On arrive au bout d’un système ecclésial. À force d’en rajouter aux uns et aux autres, on ne va plus au fond des choses. »