L’archevêque de Strabourg aura 75 ans le 20 mai prochain, âge canonique pour remettre sa démission au pape. Qui le remplacera dans ce diocèse stratégique ?
Chers frères et sœurs,
Merci pour votre présence et pour vos vœux.
Comme j’avais pu vous le dire dans ma Lettre Pastorale de rentrée, nous avons à vivre, à continuer de vivre, en 2017, la belle démarche de miséricorde à laquelle le Pape nous avait conviés durant toute l’année passée.
Si la porte du Jubilé a été liturgiquement fermée, le cœur de Dieu reste ouvert à chacun de nous, comme doit rester ouvert notre cœur envers tous nos frères et sœurs dans l’épreuve… Ce sont donc, des vœux de miséricorde que je vous renouvelle aujourd’hui.
Il y a l’appel à miséricorde lancé par la Lettre Pastorale de septembre 2016 : Miséricorde pour nos communautés chrétiennes, miséricorde dans nos familles, miséricorde entre frères séparés, miséricorde pour les jeunes en recherche vocationnelle… Je n’en dis pas plus. L’actualité m’amène à préciser encore, et à expliciter :
Miséricorde pour les prêtres. Des souffrances sacerdotales et des chutes sont apparues ces temps derniers. Je ne saurais les commenter ici, mais redire, en forme de vœu, mon ardent souhait que progresse entre nous la fraternité sacerdotale. Permettez-moi, chers amis, de vous dire ce que je n’avais pu vous exprimer, de vive voix, en 2010, en raison de mon hospitalisation, alors que vous étiez rassemblés pour la grande fête sacerdotale de Huttenheim (18 mai 2010) :
« Comment, en pratique, vivre la fraternité sacerdotale, en faisant partie d’un presbyterium, nombreux certes, mais si varié quant aux tempéraments, aux cultures, aux sensibilités pastorales et aux familles spirituelles ? Cette fraternité est indispensable, elle est à revivifier parmi nous. Trop de souffrances et trop d’erreurs surviennent à la suite d’une solitude mal vécue. Pour autant, la solitude n’est pas que négative. Elle est positive quand elle permet de nous retrouver nous-mêmes et de nous reposer, et de retrouver Dieu dans le silence priant ou la lecture spirituelle.
Très peu de prêtres peuvent vivre sous le même toit : disponibilité et mobilité missionnaire obligeant. Si c’est le cas, que les prêtres s’accordent sur un rythme hebdomadaire et quotidien, de prière, de repas, de dialogue, et sur une intendance commune.
Pour les autres, vivant sous des toits différents, les rencontres devraient être organisées à intervalles réguliers, entre prêtres de paroisses voisines ou de même doyenné, fixant des jours ou des temps de vie fraternelle comportant : la prière (office des heures, partage d’évangile..) ; les repas pris en commun chaque semaine, les journées communes de formation (en doyenné, en zone, en groupe d’études…). Je sais que certains se retrouvent par année d’ordination, ou par famille spirituelle (Prado, « Amis de Jésus », « Jésus Caritas », « Puits de Jacob », famille thérésienne, franciscaine ou ignatienne, et bien d’autres…). Certains convergent vers un couvent ou un monastère : merci aux religieux/ses permettant aux prêtres diocésains de se retrouver !
Chaque prêtre pourrait donc pouvoir s’appuyer, chaque semaine, sur des temps communs de prière, de repas, d’étude et de délassement. Pourriez-vous y réfléchir, en doyenné ? L’invitation du Christ aux disciples reste d’actualité : « Venez à l’écart et reposez-vous ! » L’aide de nos confrères est indispensable, par la vie fraternelle bien sûr, mais aussi par l’accompagnement spirituel et par l’usage, trop mésestimé, du sacrement de la réconciliation, toujours source de joie (comme nous l’avons expérimenté lors de notre Jubilé de la Miséricorde, à la Cathédrale de Strasbourg, le 29 juin 2016).
Chers frères prêtres, chers frères évêques Christian et Vincent, alors que le ministère nous presse, soyons courageux, zélés, inventifs. Soyons sages aussi : Dans le contexte pastoral actuel, il ne s’agit pas d’abord de faire plus, mais bien plutôt, de faire mieux ! Ou, comme disait saint Vincent de Paul : « Nous avons beaucoup de travail aujourd’hui ; alors, nous allons prier davantage ! »
Comment ne pas ajouter encore : Miséricorde pour notre monde et pour chacun d’entre nous, à travers les trois vœux que je viens d’exprimer dans la presse locale :
- Mon premier vœu est pour la paix internationale : je pense, avec émotion, au Moyen Orient, et à tant de nos frères dans la tourmente et l’incertitude du lendemain…
- Mon deuxième vœu est pour notre pays : À l’approche des élections, soyons capables de nous exprimer dignement et de nous respecter dans nos légitimes différences. Mettons-nous au service du Bien commun à tous, et réunissons-nous dans la fraternité : celle-ci est à la fois exigence évangélique et devise républicaine.
- Mon troisième vœu est en faveur de relations quotidiennes plus bienveillantes, plus apaisées, plus vraies. Soyons des êtres de justice et de droiture, de vérité et de solidarité ! Dépassons nos peurs et nos calculs, et offrons-nous, chaque jour, un peu de sourire et d’amitié… !
De tels sentiments m’aident à passer avec sérénité, en 2017, le relais du service de cette Église d’Alsace que j’aime tant. Que Dieu ne cesse de bénir cette Église, elle et son futur pasteur ! Cette prière pourrait s’intituler, dans la logique d’aujourd’hui : « Miséricorde pour notre Église d’Alsace, pour son archevêque futur… et pour l’actuel », lequel vous remercie, très cordialement, de la lui accorder, cette miséricorde, comme il ne cesse de vous l’accorder ! Vos visages souriants en sont la preuve !
Chers frères et sœurs, belle et sainte année 2017 !
+ Jean-Pierre GRALLET
Archevêque de Strasbourg